L'Algérie craint l'adhésion du Maroc à la CEDEAO

Abdelaziz Bouteflika, président de la République algérienne.

Abdelaziz Bouteflika, président de la République algérienne. . DR

Revue de presseKiosque360. C'est un véritable séisme géopolitico-économique qu'a provoqué en Algérie la demande d'adhésion du Maroc à la CEDEAO. Une adhésion qui pourrait tout bonnement provoquer l'isolement économique de l'Algérie, dans un contexte où l'ouverture est au contraire particulièrement recherchée.

Le 01/03/2017 à 21h13

La pilule de la demande d’adhésion à la CEDEAO déposée par le Maroc ne se digère décidément pas chez notre voisin de l’est. Al Massae et Alhdath Al Maghribia rapportent ainsi, dans leurs éditions du jeudi 2 mars, que des médias algériens s’inquiètent de l’impact positif qu’aurait cette adhésion sur l’économie marocaine et celle des pays de cette communauté de l’Afrique de l’ouest, alors que l’économie algérienne n’a pas su développer ses relations économiques dans le continent.

Al Ahdath Al Maghribia parle même d’un «séisme géopolitique» en Algérie, séisme provoqué par deux événements qui se sont enchaînés la semaine dernière. Le premier est celui de l’annulation, jeudi dernier, par la chancelière allemande Angela Merkel de son voyage dans ce pays en raison de l’état de santé de Abdelaziz Bouteflika. Le lendemain, le Maroc annonçait le dépôt de sa demande d’adhésion à la CEDEAO. Plusieurs médias algériens se sont ainsi questionnés sur la politique diplomatico-économique de leur pays, surtout avec un président qui n’est plus vraiment en état de gouverner le pays et encore moins de le développer.

En fait, les journaux marocains se sont particulièrement basés sur les propos virulents de l'un des médias les plus connus en Algérie, à savoir El Watan, qui a sévèrement critiqué le régime. L’article en question, publié sous le titre «Algérie, cette ombre immobile qui renvoie Merkel dans son avion et le Maroc vers la CEDEAO», voit dans l’annulation du voyage de la chancelière allemande une absence de vision stratégique, dans le sens où plusieurs pays, même parmi les plus développés, rêvent d’une visite du genre lorsque l’Algérie se permet l’annulation d'une rencontre qui aurait pu avoir un impact économique énorme sur le pays. En effet, en contrepartie d’une collaboration dans la résolution de la question migratoire, l’Allemagne est aujourd’hui clairement prête à réorienter ses investissements vers les pays du Maghreb, une occasion ratée par notre voisin de l’est.

Pour ce qui est de la prochaine adhésion du Maroc à la CEDEAO, elle est tout simplement une leçon pour un pays qui a tout fait pour bloquer une véritable intégration maghrébine, avec comme principal objectif d’isoler le Maroc. Finalement, c’est bien l’Algérie qui risque de se retrouver isolée dans une Afrique qui n’aspire qu’au partenariat gagnant-gagnant et au développement mutuel.

Par Khalil Ibrahimi
Le 01/03/2017 à 21h13