L'Afrique et ses conflits en débat aux Medays

Le360

Un panel de hauts responsables africains s'est interrogé samedi sur les conflits qui frappent le continent et les interventions militaires internationales. Compte-rendu du débat.

Le 15/11/2014 à 21h30

L'Afrique peine à gérer ses conflits, d'où l'impérieuse nécessité d'instaurer au plus vite la démocratie et de former des armées nationales fortes, telle a été la conclusion à laquelle est parvenue samedi un panel animé par des ministres et politologues africains dans le cadre de la 7ème édition des Medays, organisée du 12 au 15 novembre à Tanger, a constaté un journaliste de LE360.

Le débat sur la sécurité en Afrique n'a toutefois pas tranché sur le fait de savoir si les interventions militaires étrangères, comme celles de la France au Mali et en République centrafricaine et celles des missions de l'ONU pour la paix, lui sont bénéfiques, ou si elles participent d'un réflexe du puissant à l'égard du colonisé et de la protection des ressources.

Le panel a tenté de répondre, jugeant utile de faire appel à une intervention militaire internationale ou régionale lorsque sa mission tend principalement à éradiquer le terrorisme et rétablir la paix et la sécurité. Certains interlocuteurs ont mis en garde contre la persistance de la corruption et les démocraties de façade en Afrique, elles aussi sources de conflits.

Le directeur du département Afrique et Océan indien au Quai d'Orsay a affirmé que l'intervention française au Mali et en RCA s'est faite après concertation avec de nombreux dirigeants africains, notamment du Sénégal, du Mali, du Maroc, du Tchad et de la Côte d'Ivoire. "L'armée française intervient en support et en soutien aux forces militaires des pays dans lesquels elle agit. Maintenant, la France est en train de former les armées du Mali et de la RCA. Les Etats-Unis font la même chose", a déclaré Jean-Christophe Belliard.

Le ministre de l'Intérieur du Sénégal, Abdoulaye Daouda Diallo, a plaidé pour la bonne gouvernance en Afrique. "Il y de gros problèmes dans ce domaine. Il n'y a pas un seul Etat en Afrique qui peut résister à deux jours d'actes terroristes intensifs. Il faut fondamentalement régler le problème de la gouvernance". D'autres intervenants ont assuré que la mise en place de régimes démocratiques en Afrique permettra de relever les défis sécuritaires et économiques.

L'ancien ministre mauritanien des Affaires étrangères, Mohamed Ould Mohamadou, a estimé que les interventions militaires étrangères peuvent être utiles quand il s'agit de résoudre le problème de terrorisme. "Pourquoi pas une intervention militaire pour mettre fin aux voyous de Mastrata et de Benghazi. Aucun pays ne peut résoudre seul un problème grave de sécurité", a-t-il souligné.

L'intervention la plus applaudie a été celle du Sénégalais Cheikh Tidiane Gadio, ancien ministre des Affaires étrangères, qui a regretté l'absence de prévention des conflits sur le continent noir. "La prévention des conflits et la réaction rapide font défaut en Afrique", a souligné le président de l'Institut panafricain de stratégie (IPS). "Le conflit du Mali et l'insécurité au Sahel ont commencé bien avant les hostilités militaires. Les agents du désordre ont infiltré les administrations des pays de la région. Ils les ont minées au niveau même des services de sécurité", a martelé Cheick Tidiane Gadio, notant également que "l'absence de réaction vive contre Ebola à ses débuts a transformé ce virus en une épidémie catastrophique".

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 15/11/2014 à 21h30