Instrumentaliser la charité à des fins électoralistes: la mise en garde de l'Intérieur

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Revue de presseKiosque360. Le ministère de l’Intérieur a demandé aux agents d’autorité d’être fermes avec tous ceux qui profitent du mois de ramadan pour faire la charité à des fins électoralistes. L’obtention de l’autorisation est obligatoire et toute infraction à la loi sera sanctionnée judiciairement.

Le 06/05/2019 à 20h06

Le ministère de l’Intérieur a donné un coup d’arrêt aux barons des élections qui misent sur le mois de ramadan pour distribuer des aides aux personnes démunies, qui constituent une large base électorale. Ce département leur a interdit d’utiliser «le panier des pauvres» pour attirer des électeurs potentiels. Par contre, l’autorisation est accordée aux bienfaiteurs qui suivent la procédure juridique en n’utilisant pas l’argent collecté ou distribué à des fins électoralistes.

Les walis et les gouverneurs ont reçu des instructions pour inciter les mokadems et les chioukhs à renforcer le contrôle dans le domaine de la charité. Cette opération concerne notamment des politiques connus qui, dans leur ville, profitent des événements religieux pour «investir» dans les voix électorales à travers des associations. Ces dernières seront surveillées pour déterminer si elles ont des extensions politiques ou électorales secrètes. Les responsables des administrations territoriales ont commencé à exécuter ces instructions en adressant des messages clairs à ceux qui profitent du mois de ramadan pour charger leurs proches de faire la charité.

Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du mardi 7 mai, que cette «charité très ciblée» est précédée par un recensement secret dans les quartiers surpeuplés et dominés par une population très pauvre. Les élus locaux qui ne participent à la majorité des conseils communaux espèrent que le ministère de l’Intérieur interdira aux présidents des communes de distribuer des aides pendant le ramadan. Ils évoquent le principe de l’égalité des chances car, disent-ils, la plupart des présidents profitent de cet article du budget général de la commune pour gagner des voix électorales, après avoir beaucoup perdu de leur popularité.

Le quotidien Al Massae, qui traite le même sujet dans son édition du mardi 7 mai, titre: «L’intérieur resserre l’étau sur les campagnes de charité pendant le ramadan». Le journal rapporte que les gouverneurs et les walis ont donné des instructions strictes pour contrôler les opérations de la collecte des dons et la distribution de la charité dans les lieux publics et les mosquées. Dorénavant, il faut avoir l’autorisation des autorités locales pour pouvoir faire de la charité publique. Selon certaines sources, la demande d’autorisation ne pourra se faire que par des groupes organisés, comme les associations. Les personnes qui ne suivront pas la procédure juridique appliquée dans ce domaine seront passibles de poursuites judiciaires. Les associations devront faire la demande de manière officielle, par le biais de l'un de leurs représentants, au moins quinze jours avant l’organisation de cette campagne.

Cette demande devrait être déposée auprès du gouverneur de la préfecture ou de la province si la manifestation a un caractère local et auprès du wali dans le cas où cette campagne concernenait plusieurs préfectures et provinces. La demande devra être adressée au Secrétaire général du gouvernement, si cette manifestation a un caractère national.

Par Hassan Benadad
Le 06/05/2019 à 20h06