Immigration clandestine: un trafic qui génère 5,5 milliards de dirhams

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Revue de presseKiosque360. Les réseaux d’immigration clandestine continuent d’utiliser la voie Maroc-Espagne, malgré les efforts des deux pays pour lutter contre ce phénomène. En 2015, plus d’un million d’immigrés clandestins sont entrés en Europe en passant par le Maroc, la Mauritanie, la Libye et la Turquie.

Le 18/05/2016 à 20h35

Le Maroc et l’Espagne restent les principales voies de l’immigration clandestine. Selon deux rapports d’Interpol et d’Europol, les réseaux de trafic d'êtres humains opérant à l’ouest de la Méditerranée continuent d’emprunter cet itinéraire, malgré les efforts des deux pays pour contenir ce phénomène, rapporte le quotidien Akhbar Al Yaoum, qui cite les rapports des deux organisations dans son édition du jeudi 19 mai.

Ces réseaux utilisent toutes les voies possibles et imaginables, terrestres, maritimes ou aériennes, pour acheminer les candidats à l’immigration clandestine de leur pays d’origine jusqu’en Europe, via l’Espagne en passant par le Maroc. C’est ainsi que, pour la seule année 2015, quelque 7164 immigrés clandestins, issus de pays comme le Maroc, l’Algérie ou la Guinée, ont pu rejoindre le sol européen en transitant par le Maroc et la Mauritanie. Par ailleurs, le nombre d'immigrés ayant pu atteindre l’Europe via l’Italie en passant par le territoire libyen s’élève à près de 154.000 personnes. Et ce, alors que la route de la Turquie donnant accès à l’Europe via la Grèce continue de battre tous les records, en enregistrant un transit de plus de 885.000 immigrés clandestins et réfugiés durant la même année.

Au-delà des chiffres et des voies les plus fréquentées, les rapports des deux organisations sécuritaires ont dévoilé une facette bien plus scandaleuse de ce trafic. Soit une activité qui a pu générer, rapporte le journal, pas moins de 5,5 milliards de dirhams de recettes pour ces réseaux, au terme de cette même année 2015. Un trafic d’autant plus lucratif que, selon les mêmes documents, 90% des candidats à l’immigration clandestine font appel aux services de ces réseaux.

Pour ce qui est du mode de paiement, les réseaux utilisent généralement trois méthodes pour monnayer leurs services. Ainsi, soit ils sont payés directement, en cash, par les candidats à l’immigration clandestine, soit ce sont les familles de ces derniers, installées en Europe, qui prennent en charge les frais de leur transport, soit les clandestins rémunèrent les services de leurs convoyeurs par voie d'agences de transfert de devises. Cette dernière méthode est utilisée principalement par les réseaux de trafic d'êtres humains opérant entre la Turquie et la Grèce.

Cependant, ce qui préoccupe le plus les pays européens, c’est le risque de plus en plus avéré de voir des organisations terroristes, Daech en particulier, utiliser ces réseaux pour introduire des jihadistes, prêts à passer à l’action, en Europe. Les rapports d’Interpol et d’Europol citent, en ce sens, le cas de deux terroristes impliqués dans les attentats du 13 novembre, à Paris, et arrivés en Europe parmi un groupe de réfugiés syriens qui avaient emprunté la voie de la Grèce en passant par la Turquie.

Par Amyne Asmlal
Le 18/05/2016 à 20h35