Grande manœuvre militaire maroco-américaine

Un bateau de la US Navy.

Un bateau de la US Navy. . DR

Revue de presseKiosque360. Les plus grandes manœuvres militaires jamais organisées en Afrique se dérouleront dans les trois premiers mois de 2015 à Agadir, entre les FAR et leurs homologues américains.

Le 05/09/2014 à 12h35

Pour un événement, c’en est un et plus encore. L’exercice 2015 des manœuvres militaires conjointes entre le Maroc et les Etats-Unis, "African Lion", est loin d’être routinier, comme les états-majors des armées des deux pays avaient coutume de le présenter. "Les plus grandes manœuvres militaires américaines jamais organisées en Afrique seront lancées en début 2015 à Agadir", titre Akhbar Al Yaoum, dans son édition de ce vendredi 5 septembre. "Pas moins de 15 pays alliés, d’Europe et d’Afrique, participeront, à titre d’observateurs, à ces manœuvres d’envergure", relève le quotidien. A cet effet, le Pentagone se prépare à incorporer, via l’agence US Federal Business Enterprise, un nombre important d’interprètes maîtrisant, entre autres langues, l’anglais, le français, l’arabe et l’amazigh, au profit du Haut commandement US, basé à Vicensa, au nord de l’Italie, chargé de fournir l’appui aux Marines lors de leurs missions expéditionnaires", précise la publication.

Ces préparatifs interviennent alors que Rabat vient de connaître un véritable rush de hauts responsables US, dont le patron de l’Africom, le général David Rodriguez, et une délégation de membres du Congres, conduite par le président de la Chambre des Forces armées, Howard MaKeon, arrivée le 3 septembre. Un rush qui met en évidence l’intérêt stratégique que Washington porte aux manœuvres de l’African Lion et plus spécialement au royaume du Maroc, véritable tête de pont entre l’Occident et un continent africain économiquement très prometteur. Le premier Sommet USA/Afrique, tenu à Washington du 4 au 7 août derniers, a ouvert une belle fenêtre d’opportunité pour passer en revue les relations transatlantiques entre le berceau de l’humanité et la première puissance mondiale. Un sommet qui, au-delà des bons sentiments affichés et "la volonté d’approfondir la coopération", sous-tend l’importance stratégique indéniable d’une Afrique appelée aujourd’hui à servir de véritable relais de croissance pour une économie mondiale essoufflée. Seul clignotant à pointer au tableau de bord, et il n’est pas des moindres : l’instabilité politique.

Qui veut la paix prépare la guerre

L’exercice 2015 des manœuvres maroco-américaines intervient dans un contexte africain particulièrement explosif. Vide institutionnel sidéral et autisme politique angoissant en Libye, à la faveur de milices rivales surarmées converties dans le grand banditisme ; transition tunisienne fragile vers la démocratie, elle a évidemment besoin d’un contenu économique pour tenir ; risque patent de reprise du conflit armé entre le gouvernement malien et le mouvement indépendantiste de l’Azawad, sans oublier le danger récurrent que représentent les soi-disant Ansar Eddine dont le chef n’est autre que ce produit pur jus du Département algérien du renseignement et de la sécurité, Iyad Ag Ghali, à l’origine un touareg algérien ayant déjà trempé à Tindouf avec le chef du Polisario, Mohamed Abdelaziz … Quand à cela vient s’ajouter cette équation insoluble en Algérie, politiquement instable, économiquement peu viable en raison de la rente pétrolière, elle est confrontée qui plus est à un violent conflit interethnique, à Ghardaïa, au sud de l’Algérie, sans compter la poussée "chiite" préoccupante à sa frontière ouest, la colère sourde qui continue de couver à Tizi Ouzou, capitale de la Kabylie autonomiste … quand à tout cela, vient se conjuguer aussi l’implication avérée du pouvoir algérien dans l’entreprise irresponsable du maintien du statu quo au Maghreb, plus particulièrement avec le Maroc, on imagine facilement pourquoi il faut agir, rapidement. A propos, un journal algérien évoquant les manœuvres Africain Lion 2015 a commis ce titre génialissime : "350 marines à la frontière algérienne!", a-t-il klaxonné. Non, Messieurs, n’allez tout de même pas croire que les Etats-Unis vont envahir l’Algérie !

Par Ziad Alami
Le 05/09/2014 à 12h35