Grand Format-Le360. Brexit, échanges commerciaux, Sahara… Simon Martin dit tout des relations Maroc-Royaume-Uni

Abderrahim Et-Tahiry / Le360

Le 05/08/2021 à 19h10

VidéoEn poste depuis septembre 2020, l’ambassadeur du Royaume-Uni au Maroc, Simon Martin, a répondu aux questions posées par Le360 au sujet des relations entre les deux pays, l’impact du Brexit sur les échanges commerciaux, la collaboration dans les domaines de la défense et l’éducation et enfin la position du Royaume-Uni sur la question du Sahara.

Invité de l’émission Grand Format, l’ambassadeur du Royaume-Uni à Rabat a fait part de son optimisme quant à l’évolution des relations entres les deux pays, et a rappelé les liens historiques qui existent entres les deux Royaumes.

«Je suis très heureux d’être ici au Maroc en tant qu’ambassadeur britannique, c’était mon premier choix d’être ici dans cette période très importante et très palpitante pour nous et pour les relations entre nos deux pays. Nos relations diplomatiques remontent à 8 siècles, avec la signature du premier accord entre les leadeurs de nos deux Royaumes en 1213. Notre relation économique a elle aussi une histoire très longues, notre premier accord a été signé à Fès en 1721», a expliqué Simon Martin, qui a confié être tombé amoureux du Maroc, lorsqu’il était venu six ans plus tôt avec son épouse, à l'occasion de leur lune de miel.

Première annonce forte de cet entretien, comme cela a pu vous être annoncé dans l’extrait de ce Grand Format diffusé hier sur Le360, la tenue d’exercices militaires conjoints au mois d’octobre prochain. Ces exercices seront marqués par la présence du plus grand porte avion de la Royal Navy et le plus imposant navire de guerre d’Europe, le HMS Queen Elisabeth.

Outre la collaboration dans le domaine de la Défense, Simon Martin a souligné les relations commerciales fortes qui existent déjà entre les deux pays dans les domaines de l’agriculture, le tourisme, l’automobile, l’aéronautique ainsi que le textile et les services financiers.

«Nous avons déjà des échanges très importants, pour le Royaume-Uni les produits principalement exportés sont le pétrole raffiné, le gaz, les voitures, les pièces d’avions, etc. Dans l’autre sens, la plus grande parties des exportations du Maroc vers le Royaume-Uni sont les légumes et les fruits frais, c’est énorme. Chaque jour, ma mère me dit, j’ai vu des pêches, des citrons et surtout les tomates et les olives marocaines au supermarché. Il y a aussi des voitures, des pièces de voiture et d’avions et surtout des vêtements qui sont fabriqués au Maroc, spécifiquement pour le marché britannique», détaille l’ambassadeur du Royaume-Uni, qui explique que ces relations ne sont que le point de départ de la nouvelle relation économique, avec l’entrée en vigueur, au début de l’année 2021, de l’accord d’association paraphé suite au Brexit.

La signature de cet accord a permis de maintenir les échanges entre les deux pays, qui étaient jusqu'ici régis par l’accord signé entre le Maroc et l’Union Européenne.

«Nous avons des économies très complémentaires, et avec cet accord nous avons construit une structure, pour identifier les secteurs où nous pouvons changer les règles, les termes de notre relation économique pour augmenter les opportunités pour les investisseurs marocains au Royaume-Uni, et inversement», a déclaré Simon Martin.

Optimiste, l’ambassadeur britannique a souhaité une synergie plus importante entre les deux économies, en se basant sur les liens forts et l’histoire des deux pays pour explorer de nouvelles voies, notamment sur le continent africain. 

«Par exemple, nous pouvons imaginer une plus forte présence des sociétés financières britanniques ici à Casablanca Finance City. Traditionnellement, nous travaillons avec les pays africains anglophones et le Maroc avec les pays francophones, donc cela offre une porte pour nos sociétés vers l’Afrique francophone, et aussi une route alternative pour les partenaires marocains au marché anglophone. C’est notre vision partagée, et nous construisons sur cette vision», a expliqué Simon Martin.

Plusieurs secteurs ont été identifiés par le Royaume Uni au Maroc, pour dynamiser les échanges entre les deux pays et les investissements.

«Il y a plusieurs secteurs [pour les échanges, Ndlr], mais les plus importants sont l’agriculture, le dessalement et la gestion de l’eau, et surtout le domaine des énergies renouvelables. Le Maroc est un leader mondial des énergies renouvelables, il y a de plus en plus d’opportunité d’investissement dans ce secteur. Il y a une proposition, nous croisons les doigts pour que ça aboutisse, pour un très très important investissement pour générer de l’électricité issue des énergies renouvelables au Maroc, et l’exporter vers le Royaume-Uni», a déclaré l’ambassadeur britannique.

Autre énergie renouvelable dans le viseur du Royaume-Uni, l’hydrogène vert.

«L’hydrogène vert est une industrie assez nouvelle qui devient très importante chez nous, et grâce à la disponibilité des sources d’énergies renouvelables ici, nous pouvons espérer que le Maroc devienne un centre de développement de cette technologie», a indiqué Simon Martin.

Comme annoncé dans un second extrait diffusé hier sur Le360, une nouvelle ligne maritime directe, reliant le port de Tanger Med au port de Poole, dans le sud du Royaume-Uni, entrera en service au mois de septembre 2021. Un service hebdomadaire sera assuré par la compagnie United Seaways et devrait, selon des études réalisées en amont par le gouvernement britannique, enregistrer un trafic de plus d’un demi-million de conteneurs annuellement.

Dans le domaine de l’éducation, le Royaume-Uni est une référence. Avec leurs universités prestigieuses reconnues mondialement, tant l'Angleterre, que l'Ecose et l'Irlande, attirent de plus en plus d’étudiants marocains, mais ce n'est pas assez, selon l’ambassadeur.

«Sur les deux dernières années, le nombre d’étudiant marocains au Royaume-Uni a augmenté de plus de 25%. Actuellement il y a 1000 étudiants marocains dans les universités britanniques, mais nous devrions bientôt passer la barre des 2000. Ce n’est pas encore assez, en comparaison aux étudiants qui vont étudier en France par exemple. Nous avons aujourd’hui quatre écoles britanniques dans le Royaume, mais il va y en avoir de plus en plus. C’est vrai que les études supérieures sont chères au Royaume-Uni mais nous avons mis en place un certain nombre de mesures, comme des bourses. Et dès la rentrée prochaine, au mois de septembre, il sera possible de faire la première année de n’importe quelle université britannique au Maroc», affirme Simon Martin.

A ce propos, l’ambassadeur britannique a annoncé l’ouverture des candidatures aux bourses «Chevening» pour étudier au Royaume-Uni.

Interrogé sur la question du Sahara et la position du Royaume-Uni à ce propos, suite à la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les Etats-Unis, Simon Martin a indiqué que la position du gouvernement britannique consistait, de longue date, à soutenir les efforts du secrétaire général de l’ONU.

«Pour nous en tant que membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, nous ne sommes pas partie directe, mais nous avons une responsabilité et un engagement, celui de trouver une solution au sein des Nations Unies. Nous sommes toujours positifs et constructifs, et cela va continuer», a-t-il indiqué. 

Avant de conclure cet entretien, Simon Martin a tenu à souligner l'existence des liens forts et historique qui existent entres les deux familles royales.

«Nous avons déjà une connexion étroite entre les deux familles royales de nos deux pays, elles jouent un rôle très important sur le plan économique, social, politique, etc. Pour moi, c’est une autre dimension de notre relation, et mon objectif et de construire sur la base de cette relation. J’espère voir de plus en plus d’interactions entres nos institutions, qui bénéficient du soutien royal. De plus en plus j’ai cette image non pas du Royaume-Uni, mais des Royaumes Unis», a confié l’ambassadeur britannique.

Par Mehdi Heurteloup et Abderrahim Et-Tahiri
Le 05/08/2021 à 19h10