Gouvernement: sans prérogatives précises, ces 13 ministres qui ne savent que faire de leurs jours

Conseil des ministres, présidé par le roi Mohammed VI, dans la salle du Trône du Palais royal de Rabat, le 9 octobre 2019. 

Conseil des ministres, présidé par le roi Mohammed VI, dans la salle du Trône du Palais royal de Rabat, le 9 octobre 2019.  . DR

Revue de presseKiosque360. La nouvelle configuration du gouvernement, après son dernier remaniement, demeure ambiguë. En effet, treize ministres sur les vingt-trois que compte l’Exécutif n’ont pas encore de décret délimitant leurs tâches dans des pôles regroupant parfois des secteurs hétéroclites.

Le 24/02/2020 à 19h07

A environ une année de la fin de son mandat, le gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani, dans sa nouvelle configuration après le dernier remaniement ministériel, ne s’est pas encore effectivement installé. Ainsi, la plupart de ses membres n'a pas encore de prérogatives bien déterminées, puisque treize ministres sur les vingt-trois que compte le gouvernement n’ont pas encore de décret délimitant clairement leurs tâches.

Cet état de fait déstabilise l’Exécutif et impacte négativement son action, fait remarquer le quotidien Assabah dans son édition de ce mardi 25 février. Car, fait savoir le quotidien, certains ministres perdent surtout du temps à se déplacer, pour faire valider des dossiers, entre des départements gérés par des secrétaires généraux.

Cette situation est également à l’origine d’une guerre des prérogatives entre certains ministres. A ce propos, le quotidien cite le conflit qui oppose l’actuel ministre de la Justice, Mohamed Benabdelkader, à son prédécesseur, Mustapha Ramid, actuellement ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme et des relations avec le parlement. Ce conflit porte sur le projet de réforme du code pénal qui, depuis quatre ans, demeure en suspens devant la commission de la justice et de la législation à la Chambre des représentants. L’actuel ministre de la Justice, qui a présenté un exposé sur la réforme en question, a défendu une approche progressiste du projet en harmonie avec les orientations de son parti, l’Union socialiste des forces populaires (USFP), alors que son prédécesseur du Parti de la justice et du développement (PJD) a toujours défendu sa version du même projet selon les références de son parti.

Ainsi, Mohamed Benabdelkader, en tant que ministre de tutelle, n’a pu retirer ledit projet du parlement afin qu'il soit de nouveau débattu par le gouvernement, tandis que Mustapha Ramid n’a pu faire passer le projet en tant que responsable du département chargé des relations avec le parlement. Cette ambiguïté dans les prérogatives, poursuit le quotidien, pousse des ministres à signer des décisions mises en place par de hauts responsables sans avoir pris le temps de les consulter auparavant. Pire encore, ajoute le quotidien, certains ministres signent dans les couloirs du parlement, à bord des voitures de service, ou même lors des rencontres à laquelle ils assistent dans des palaces de la capitale.

Le retard enregistré dans l’affectation des prérogatives par décret a eu des répercussions négatives sur le fonctionnement de certains départements où des arriérés d'entreprises demeurent en suspens, même si les travaux ont été achevés et livrés. Enfin, rappelle le quotidien, le chef du gouvernement n’a signé que dix décrets concernant les prérogatives des ministres de l’Intérieur, des Affaires étrangères et de la coopération africaine, de la Justice, de la Santé, de l’Aménagement du territoire, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville, du Tourisme, de l’artisanat, du transport aérien et de l’économie sociale, de la Solidarité et du développement social, de l’Emploi et de l’insertion professionnelle, de la Jeunesse et des sports et de la Culture, du porte-parole du gouvernement et du ministre de l’Economie, des finances et de la réforme administrative. Les autres ministres, précise le quotidien en s’appuyant sur l’avis des experts, se contentent d’organiser, au Maroc et à l’étranger, des forums sans grande utilité qui occasionnent des dépenses faramineuses, ou de prononcer des discours que leurs prédécesseurs avaient déjà confectionnés.

Par Mohamed Younsi
Le 24/02/2020 à 19h07