Gouvernement : Patience... avant "l’arbitrage" royal
Par Mohamed Chakir Alaoui le 20/05/2013 à 02h40 (mise à jour le 20/05/2013 à 13h33)
Le gouvernement poursuivra dans les 4 prochains jours son action de la "manière la plus normale", la crise gouvernementale créée par la décision de l‘Istiqlal de quitter la coalition ne devrait être désamorcée qu‘après l'arbitrage du roi Mohammed VI.
"Rien de spécial n’est attendu en ce début de semaine et ce jusqu’au retour du roi de son voyage en France, où il effectue une visite privée", affirme-t-on au sein de quelques états-majors de la majorité gouvernementale. Même chez l’Istiqlal où certaines voix commencent à s’élever contre la poursuite des déclarations incendiaires de Hamid Chabat, secrétaire général du parti, l’attente est de rigueur. "La situation est gelée jusqu’à nouvel ordre. Le roi se trouve encore à l’étranger", a déclaré, sous le couvert de l’anonymat à Le360, un ancien ministre et membre influent du Conseil national (Parlement) de l’Istiqlal.
Le scénario de sortie de crise le plus évoqué est lié à un large remaniement ministériel dans lequel ni l’Istiqlal de Chabat et ni le reste de la majorité gouvernementale ne "perdrait pas la face dans une solution de gagnant/gagnant", selon les observateurs. Cette formule reste idoine mais à la condition que le secrétaire général adopte un profil bas, sans provocation vis-à-vis des autres parties du gouvernement. "Il faut maintenant qu’il calme le jeu, sinon il sera le plus grand perdant", selon un dirigeant du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS).
Chabat, la sortie de trop
Dimanche, le Conseil national de l’Istiqlal s’est refusé à commenter les propos incendiaires prononcés la veille à Fès par Hamid Chabat à l’encontre du gouvernement et de un de ses membres, Nabil Benabdellah, ministre de l’Habitat et secrétaire général du PPS. "Le gouvernement est composé de menteurs", a déclaré lors de cette réunion istiqlalienne à Fès, Hamid Chabat, cité même par des membres de son parti. Il a qualifié, à cette occasion, Benabdellah de "crasse des ongles et de porte-parole de l’Algérie et du Parti Justice et Développement (PJD)" que dirige le chef du gouvernement, Abdelillah Benkirane. Chabat en veut beaucoup à Benabdellah, ce dernier ayant osé lui signifier après son discours du 1er mai qu’il n’était pas raisonnable de continuer à revendiquer "Tindouf et Béchar", deux régions situées en Algérie, que l’Istiqlal revendique comme "faisant partie intégrante" du Maroc. Les déclarations faites samedi à Fès par Chabat n’ont pas été non plus appréciées par le PJD où "on implore Dieu de pardonner" au chef de l’Istiqlal.
Pour sa part, Abdelillah Benkirane n’est par resté silencieux ce week-end. "Les Marocains sont prêts à se sacrifier pour le gouvernement qui déploie des efforts pour subvenir à leurs besoins. Il n’y a pas de problème de gouvernement qui poursuit son action. Mais, il y a un problème au sein de la majorité", a déclaré Benkirane lors d’une rencontre de militants PJDistes à Bouznika. "Il existe, au Maroc, un courant en faveur des réformes et un autre qui s’oppose à cette volonté. Le parti est conscient de ses responsabilités et toute hésitation dans cette expérience gouvernementale risque de ramener le Maroc à la logique du dominant et de le conduire vers l’aventure", a poursuivi Benkirane dont les propos ont été relayés par le site du parti dans la nuit de dimanche à lundi.
"La stabilité et la sécurité du Maroc constituent pour nous une priorité essentielle aux côtés des investissements, de l’économie et d’autres affaires stratégiques du royaume", a conclu le chef du gouvernement en espérant que son message soit reçu cette fois-ci par ses adversaires politiques.