Gouvernement El Othmani: portraits de femmes

Mounia Boucetta

Mounia Boucetta . Dr

Revue de presseKiosque360. Dans un dossier exceptionnel, l'hebdomadaire Al Ayyam dresse le portrait de quatre des neuf femmes du gouvernement El Othmani et dévoile ce que peu savaient sur elles à ce jour.

Le 04/05/2017 à 21h55

Les défenseurs de la cause féministe auront beau reprocher au gouvernement actuel de ne compter que neuf femmes, il n’en demeure pas moins que celles-ci n’ont jamais été autant représentées que dans l’Exécutif d'El Othmani. L’hebdomadaire Al Ayyam, qui consacre dans son numéro de cette semaine un dossier aux femmes du nouveau gouvernement, rappelle que, dans la première équipe formée par Abdelilah Benkirane, il n’y avait qu’une seule femme, ce qui lui avait valu le surnom de «gouvernement de la femme unique».

Le dossier d’Al Ayyam dresse ainsi le portrait de quatre des neuf femmes du gouvernement El Othmani, dévoilant ce que peu de gens savent d'elles. À commencer par Fatna El Khiyel, secrétaire d’État en charge de l’aménagement du territoire. On apprend ainsi que ce médecin se considère comme une personne chanceuse, dans le sens où elle a non seulement pu accéder à la première école primaire ouverte dans son village natal, mais a aussi réussi son adaptation lorsqu’elle a déménagé de la campagne vers la grande ville et capitale de Rabat. Bachelière en 1971 puis docteur en médecine en 1980, la secrétaire d’État rappelle, dans un entretien accordé à Al Ayyam, qu’elle a fait partie des trois femmes parmi les 28 candidats sélectionnés pour intégrer l’Institut national de l’administration de la santé. Une étape qui a certainement dû jouer un rôle important pour permettre à El Khiyel d'intégrer les Nations Unies, où elle a été consultante dans la lutte contre le SIDA en Afrique du Nord. Elle explique aussi que sa forte implication dans le travail associatif lui a ouvert les portes de la politique, dans le sens où sa première élection a eu lieu à Arbaoua où elle avait mené, pendant plusieurs années, des missions associatives.Pour ce qui est de son affiliation au RNI, la secrétaire d’État explique qu'elle s’est faite de manière naturelle, vu que tout son entourage était constitué de partisans ou de militants du parti de la Colombe.

El Ayyam s’est également attardé sur le cas de Mounia Boucetta, secrétaire d’État auprès du ministère des Affaires étrangères. Celle qui fut l’une des bonnes surprises du gouvernement El Othmani s’est confiée à l’hebdomadaire. Elle explique ainsi que, malgré son long parcours au sein de l’Administration, particulièrement au sein du ministère de l’Industrie, elle ne se voyait pas avoir des responsabilités au sein d’un gouvernement. Souvent considérée comme une femme discrète, Mounia Boucetta rappelle à l’hebdomadaire qu’au contraire, elle était assez visible lorsqu’elle était au ministère du Commerce et de l’Industrie et qu’elle avait même représenté plusieurs fois le royaume dans de grands événements internationaux.Pour ce qui est de son enfance, Mounia Boucetta confie être l’aînée d’une fratrie de cinq enfants, qu’elle a grandi à Rabat, et que son orientation vers l’ingénierie correspondait à un rêve auquel elle avait toujours aspiré.

Nezha El Ouafi, secrétaire d’État en charge du développement durable, figure parmi les parcours analysés par l'hebdomadaire. C'est l'une des figures montantes du Parti de la Justice et du Développement. Al Ayyam souligne qu’El Ouafi avait vécu une enfance semblable à celle de tous les natifs de Kelaâ Sraghna. Son mérite aura été d’être une élève brillante tout au long de son parcours scolaire. Son rêve était de devenir médecin, mais l’avenir lui a réservé un autre sort. Après l’obtention de son baccalauréat et la réussite du concours d’accès à la faculté de médecine de Rabat, Nezha El Ouafi n’a pas été autorisée par ses parents à rejoindre la capitale, vu qu’elle n’y disposait d’aucun proche pouvant veiller sur elle.El Ouafi n’a tout de même pas abandonné son rêve et a décidé de suivre une formation en biologie à la faculté de Marrakech, pour laisser la porte ouverte à une reconversion en médecine. Mais là, elle découvre un autre monde où le militantisme est bien ancré chez les étudiants. Elle s’y est logiquement mêlée et sa forte implication au sein de l’Union nationale des étudiants du Maroc a eu des répercussions sur ses notes, ce qui l’a finalement poussée à changer de branche pour suivre une formation en Lettres arabes.Son engagement politique a démarré lorsqu’elle est partie vivre avec son époux à Tiznit, un déplacement qui a coïncidé avec la création de l’ancêtre du PJD, Le Mouvement populaire constitutionnel démocratique. Elle s’est alors impliquée dans ses instances dirigeantes, jusqu’à ce qu’elle déménage en Italie avec son mari. L’immigration a finalement permis à la secrétaire d’État de poursuivre ses études universitaires, notamment à la Sorbonne, à Paris. El Ouafi reconnaît que cette période a été l'une des plus éreintantes de sa vie, vu qu’elle devait se déplacer continuellement entre son pays de résidence, l’Italie, et la France. «En raison des fortes exigences des études à la Sorbonne, le café était un véritable allié pour veiller durant mes études», se rappelle-t-elle dans les colonnes de l’hebdomadaire.En 2007, sa vie a pris une nouvelle tournure lorsque le PJD, dans sa quête de mobilisation des compétences de l’étranger, l’a inscrite sur sa liste nationale pour les élections, chose qui lui a permis d’être la première parlementaire PJDiste issue de l’étranger.

Enfin, le quatrième portrait dressé par Al Ayyam dans son dossier est celui de Rkia Derham, la plus jeune femme du gouvernement El Othmani. Rappelant qu’elle est l'une des héritières de la famille Derham, le journal explique que la secrétaire d’État n’est pas comme les autres USFPistes qui, généralement, entament leur parcours politiques dès l’Université. Rkia Derham elle, a connu un parcours universitaire plus calme, et est restée concentrée sur ses études. D’ailleurs, la même source souligne que, contrairement aux autres enfants des familles aisées du Sud, Rkia Derham n’a pas opté pour des études en Espagne, mais bien au Maroc. Ce n’est qu’après avoir décroché un premier diplôme qu’elle s’est envolée pour la Grande-Bretagne où elle a poursuivi ses études en gestion.La fibre politicienne de sa famille a ensuite pris le dessus et l’a poussée à s’impliquer davantage dans la chose politique à Laâyoune, sa ville natale. Elle a alors découvert que ses liens rapprochés avec son père, qu’elle accompagnait souvent à des réunions du parti, constituaient une base à sa carrière politique. Une rencontre avec Abderrahmane Youssoufi et d’autres grands noms de l’USFP n’a fait que renforcer son implication dans la vie du parti.

Par Fayza Senhaji
Le 04/05/2017 à 21h55