En misant sur l'Algérie, la France privilégie des alliances de circonstance au détriment de sa crédibilité (chroniqueur)

Laurent Gayard, chroniqueur et professeur d'histoire et de sciences politiques.

Laurent Gayard, chroniqueur et professeur d'histoire et de sciences politiques. . DR

La relance du dialogue franco-algérien ne doit pas se faire au détriment des pays voisins, le Maroc en tête, a souligné l'enseignant et chroniqueur français, Laurent Gayard.

Le 17/09/2022 à 13h15

Dans un article mis en ligne vendredi soir par Le Figaro, le chroniqueur français relève que Rabat a beaucoup d'atouts à faire valoir et dont d'autres puissances que la France ont plus nettement conscience: sa stabilité politique, la diversification et le dynamisme d'une économie où le secteur tertiaire joue déjà un grand rôle, ainsi que la reconnaissance diplomatique dont jouit le Royaume.

«À force de vouloir trop miser sur l'Algérie, la France court le risque de privilégier les alliances de circonstance au détriment de sa crédibilité dans la région. Il importe donc qu'Emmanuel Macron, dans sa course à la réconciliation mémorielle et à la sécurisation énergétique, ne soit pas tenté de sacrifier Rabat pour Alger», a-t-il souligné.

Il a, à cet effet, rappelé que contrairement à l'Algérie, extrêmement «ambivalente», le Maroc est un allié historique de l'Occident, et l'expression n'est pas vaine si l'on considère que le royaume chérifien, dont la création remonte à 789 ap. J.C., avec la fondation de la ville de Fès, qui devient capitale du nouveau royaume en 791, a été le premier État à reconnaître l'indépendance des États-Unis d'Amérique en 1777.

La «relation spéciale» entre les États-Unis et le Maroc est, de fait, presque aussi ancienne que celle entretenue par le Royaume-Uni lui-même et ses anciennes colonies, a écrit Gayard, ajoutant que ce fait historique, associé à la réalité géographique, fait à l'évidence du Maroc un pont entre l'Afrique, l'Europe et l'espace transatlantique.

Avec 3.500 kilomètres de côtes, le Maroc est le seul pays d'Afrique à disposer à la fois d'une façade atlantique et méditerranéenne, et la politique du roi Mohammed VI est résolument tournée vers la consolidation de l'influence marocaine en Afrique, mais aussi des liens avec les diverses puissances européennes et américaines, a-t-il fait observer.

Il a dans ce sens noté que certaines de ces puissances l'ont bien compris, en premier lieu l'Espagne, rappelant le soutien du gouvernement ibérique à l'initiative marocaine d'autonomie pour le Sahara.

«Les relations entre les deux nations se sont en effet améliorées au point de pouvoir évoquer une véritable lune de miel diplomatique entre Madrid et Rabat», a écrit Gayard à ce propos.

Et de poursuivre que l'Allemagne, autre puissance européenne qui entretient une relation historique avec le Maroc, semble elle aussi «décidée» à miser sur ce «pays-pivot».

Par Khalil Ibrahimi
Le 17/09/2022 à 13h15