Elections 2021: des réformes et des enjeux

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Revue de presseKiosque360. C’est parti pour les élections de 2021. Mais quel contenu politique voudront bien leur donner nos partis? Comment rétablir la confiance des citoyens dans la politique? C’est l’un des enjeux des futures échéances électorales. De profondes réformes s’imposent.

Le 17/07/2020 à 21h33

Les préparatifs des élections générales de 2021 sont officiellement lancés. Le coup de départ a été donné avec le début, il y a quelques jours, des traditionnelles tractations entre le ministère de l’Intérieur et les chefs de partis politiques.

Comme par le passé, les partis politiques sont invités à soumettre leurs propositions au gouvernement en matière de réforme des lois électorales. En principe, tout y passe, depuis les listes et le découpage, jusqu’au déroulement de l’opération de vote, en passant par le mode de scrutin, le jour du scrutin, la loi sur les partis, les conditions d’éligibilité et évidemment le cumul des mandats.

Mais au-delà de ces réformes, somme toute techniques, ces élections qui portent pour la première fois en même temps sur les conseils communaux de provinces et de préfectures, les conseils régionaux, les instances professionnelles et les deux Chambres du Parlement, supposent de nouveaux enjeux et appellent à des réformes bien plus profondes.

Ainsi, écrit l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition du vendredi 17 juillet, il est légitime aujourd’hui de se poser des questions, par exemple, sur le contenu politique de toute l'opération. En d'autres termes, poursuit l’hebdomadaire, que proposent nos formations politiques pour un Maroc de l'après-Covid et pour accompagner le lancement du nouveau modèle de développement?

En plus des préoccupations d’ordre économique et social, qui risquent sans doute de s’accentuer, les partis politiques doivent faire face à une crise de défiance générale. Selon le baromètre de la confiance réalisé récemment par Al Mountada, il ressort que 83% des Marocains ne font pas confiance aux partis politiques. Pire encore, 59% ne croient plus au gouvernement et 85% se désintéressent de la politique.

Voilà le véritable enjeu des prochaines échéances électorales, pouvoir restaurer la confiance du Maroc dans la politique et les mécanismes d’alternance au pouvoir en général. Cela ne veut pas dire, en passant, que les Marocains ont perdu confiance dans les institutions. Selon le même baromètre, 81% des Marocains font confiance à la police et 63% à la justice.

Bref, pour les partis, la tâche s’annonce déjà rude. Ce que certains d’entre eux semblent d’ailleurs avoir compris, puisqu’ils ont déjà entrepris, grâce à un travail sérieux et soutenu sur le terrain, de récupérer la confiance des citoyens. Pour dire vrai, une moralisation de la vie publique est également une nécessité pour rétablir la confiance dans les institutions.

En fait, c’est une réforme globale qu’il faut. Et, relève La Vie éco, le contexte s’y prête d’ailleurs particulièrement, à condition de ne pas rater la «fenêtre d’opportunités» qu’offre la crise sanitaire et ses multiples retombées. Pour citer, encore une fois, le think tank Al Mountada, le Maroc a grand besoin d’une «mise à jour de notre logiciel politique». Il s’agit, pour faire court, de la «réforme de l’État».

En effet, l’expérience actuelle vient de le démontrer, l’État, partie prenante majeure de l’économie du pays, doit continuer à jouer un rôle moteur. L’élite marocaine est appelée, elle aussi, à muer, à agrandir son impact et à changer sa manière de se positionner en tant qu’acteur social, économique, politique et culturel. Mais le véritable pivot de tout changement, y compris démocratique dans une société, c’est la classe moyenne. Or, au Maroc, on assiste malheureusement à un appauvrissement et à une exclusion ascendante de notre classe moyenne. C’est là un autre chantier auquel il faut s’atteler.

Par ailleurs, avec la promulgation de la Constitution de 2011, le Maroc a, certes, su renforcer la cohésion sociale à travers la promotion de la coexistence religieuse et cultuelle, la reconnaissance de la diversité culturelle et linguistique, la protection des droits de l’Homme et l’amélioration de la situation de la femme et de l’enfant. Néanmoins, bien du chemin reste encore à faire, surtout sur les volets économique et social. D’où une série de réformes majeures qui nous attendent, notamment dans les domaines de la santé, de l’enseignement, de l’emploi, mais aussi et surtout de l’administration et de la justice.

Par Amyne Asmlal
Le 17/07/2020 à 21h33