El Yazghi tire sur El Youssoufi

Mohamed El Yazghi, ancine ministre et ex premier secrétaire de l'USFP.

Mohamed El Yazghi, ancine ministre et ex premier secrétaire de l'USFP. . DR

Revue de presseKiosque360. Allégation de neutralité face à la déroute de l’USFP, charges contre l’Etat, attaques contre l’actuel Exécutif, divergences avec l’ex-camarade Youssoufi… Les termes d’une virulente sortie médiatique de l’ex-dirigeant socialiste et ancien ministre d’Etat, Mohamed El Yazghi.

Le 04/10/2014 à 09h39

Une sortie médiatique à charge qui promet de faire couler beaucoup d’encre. Dans une interview fleuve à paraître dans l’édition week-end d’Al Massae, l’ex-dirigeant socialiste et ancien ministre d’Etat, Mohamed El Yazghi, a sorti l’artillerie lourde et tiré dans tous les sens, y compris et surtout contre son ex-camarade Abderrahmane El Youssoufi. Pourquoi une sortie d’une telle virulence aujourd’hui ? L’USFP est au bord de l’implosion. Soit. "Mais à qui en incombe la responsabilité ?", s' interroge Al Massae, en relevant que "nombre d’Ittihadis imputent cette responsabilité à Mohamed El Yazghi qui a adopté Driss Lachgar", le très controversé actuel premier secrétaire de l’USFP. Bonne question, sauf que la réponse est évasive. "Naturellement, je ne me dérobe à aucune responsabilité, je suis fier de ce que j’ai fait pour mon parti, à l’UNFP comme à l’USFP ; du temps où nous traversions des situations difficiles, Abderrahim Bouabid était le seul à être resté présent en veillant sur la pensée et les valeurs du parti", répond El Yazghi, en précisant, dans les lignes suivantes, que "moi et le martyr Omar Benjelloun avions appuyé Abderrahim Bouabid dans ses efforts pour asseoir les fondements du parti". "Après, précisément au moment où Abderrahmane Youssoufi était devenu premier secrétaire, j’ai pris mes responsabilités de premier secrétaire adjoint, mais je n’ai à aucun moment adopté un quelconque courant au sein de l’USFP", dément El Yazghi. Un démenti qui à l’évidence n’est pas convaincant, d’autant moins, toujours selon Al Massae, que l’époque où El Yazghi était adjoint à Abderrahmane Youssoufi, "il existait deux courants, deux orientations et deux approches divergentes".

El Yazghi tacle Youssoufi

"Si divergence il devait y avoir entre moi et Youssoufi, ce serait sur la méthodologie de travail", précise El Yazghi. Il en ressort que les deux dirigeants étaient en désaccord sur la forme mais pas sur le fond. Or, quelle forme aurait pris ce désaccord ? "Au moment où Si Abderrahmane Youssoufi était absent (il était à Cannes, en France), j’étais le représentant de l’USFP au sein de la Koutla (Bloc démocratique, constitué de l’USFP, du Parti de l’Istiqlal et du PPS) et nous avions dialogué avec le roi Hassan II au sujet du gouvernement qui allait être la première version de l’expérience de l’alternance. Nous étions parvenus à un accord avec Hassan II, selon lequel les ministères des Affaires étrangères, de la Justice, des Affaires islamiques et le Secrétariat général du gouvernement (NDLR, départements dits de souveraineté) devraient passer sous le giron de la primature. Le seul point de désaccord non tranché, concernait le ministère de l’Intérieur. C’est justement sur cette question que les négociations avaient achoppé. Mais après la désignation de Youssoufi en tant que Premier ministre, il avait renoncé à cet acquis (désignation des ministres de souveraineté par le Premier ministre)", critique El Yazghi. Et ce n’est pas tout. "Youssoufi avait accepté que Driss Basri reste ministre de l’Intérieur", enchaîne-t-il, en taclant son ex-camarade, qui n’aurait même "pas été mis au courant des développements de la crise autour de l’Ilot Leïla" entre Rabat et Madrid, comme l’aurait "exigé" El Yazghi. En somme, une violente charge qui ne manquera pas d’indisposer un Youssoufi en rupture de ban.

Charges contre l’Etat

"Pourquoi les partis de la Koutla sont-ils devenus banaux, voire caricaturaux ? Le terme de cirque, dont Hassan II avait qualifié le Parlement, ne s’appliquerait-il pas aux partis de l’ex-Bloc démocratique ?". A cette question, El Yazghi apporte cette réponse : "C’est Hassan II qui porte la responsabilité de la création de ce cirque. Il ne suffit pas de qualifier le Parlement de cirque. Hassan II, à travers son ministre de l’Intérieur, a fabriqué des partis administratifs et factices". Cela est-il valable aujourd’hui ? Qu’en est-il de la charge d’El Yazghi contre le Parti authenticité et modernité (PAM) ? "Non, la situation a changé", rétorque-t-il. Cela veut-il dire que l’Etat n’intervient plus dans les affaires internes des partis ? "Je n’ai pas dit cela", lance El Yazghi, qui admet subrepticement que l’Etat intervienne dans ces affaires-là. Et ce n’est pas fini. Sur le point de savoir si l’achat des voix existe toujours, il espère que cela ne sera pas le cas lors des communales de 2015 et les législatives de 2016. Sinon, "le Maroc finira par s’effondrer", a-t-il averti, en lançant une violente charge contre le gouvernement Benkirane accusé d’avoir "mis au frigo" le nouveau texte constitutionnel. "Le chef du gouvernement a des prérogatives dont il ne fait pas usage", martèle-t-il, en exhortant les conseillers du roi à "sortir de leur silence" pour activer, conformément au vœu du souverain Mohammed VI, "une interprétation démocratique de la nouvelle Constitution".

Par Ziad Alami
Le 04/10/2014 à 09h39