El Othmani surprend les députées en prônant une révision de la Moudawana

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Revue de presseKiosque360. Lors des questions orales auxquelles il assistait lundi dernier au Parlement, le chef du gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, a été interpellé sur la réalité de la condition des femmes au Maroc. Entre autres propositions, El Othmani a prôné la modification de la Moudawana.

Le 27/12/2017 à 00h51

Lors de la séance parlementaire de lundi dernier, les députées, qu’elles soient de la majorité ou de l’opposition, n’ont pas été tendres avec le gouvernement, les haut responsables et ceux qu’elles qualifient de «mafia de l’exploitation des femmes».

Présent lors de cette séance, le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, a créé la surprise ou, plus que cela, fait «exploser une bombe» selon les termes du quotidien Assabah de ce mercredi 27 décembre, en appelant à la modification pure et simple de plusieurs articles de la Moudawana (code du statut personnel ou droit de la famille révisé en 2004).

Prenant fait et cause pour les doléances des députées, El Othmani a déclaré que certains articles de l’actuelle Moudawana avaient «été conçus sur une interprétation biaisée des principes religieux afférents à la femme». Ce qui constitue, ajoute-t-il, un «obstacle au développement de l’autre moitié de la société». Assabah rapporte que l’assistance, qu’il s’agisse des ministres ou des parlementaires présents, n’en a pas cru ses oreilles.

El Othmani est même allé plus loin en exigeant de faire un effort dans le sens de la modernisation et la rectification de certains principes religieux, vu la fausse perception qu’ils donnent de la femme. Il a ainsi demandé aux députés de proposer et voter la révision des articles de la Moudawana viciés par l’adoption de ces principes religieux mal interprétés.

Le chef du gouvernement a par ailleurs demandé aux deux Chambres du parlement d’accélérer l’adoption des textes qui leur sont soumis, surtout celui du projet de loi relatif à la lutte contre les violences faites aux femmes. Un projet qui dort depuis une année et demie dans les travées de l’hémicycle et qui est d’une importance capitale, car fortement dissuasif face au phénomène de harcèlement sexuel dont sont victimes les femmes dans la rue et dans le cadre professionnel.

In fine, cette intervention d’El Othmani, par ailleurs auteur d’un livre sur «La question de la femme et la psychologie de la domination», est d’autant plus déroutante qu’on ne sait plus si l’on doit catégoriser le chef du gouvernement comme un islamiste ou un laïc pur jus.

Par Mohammed Ould Boah
Le 27/12/2017 à 00h51