Détenus d’Al Hoceima: manipulées par Al Adl, les familles s’agitent

Au milieu, le père de Nasser Zefzafi.

Au milieu, le père de Nasser Zefzafi. . DR

Alors que l’administration des prisons s’active pour améliorer les conditions de détention des personnes arrêtées dans le cadre des événements d’Al Hoceima, leurs familles, principalement poussées par Al Adl Wal Ihssane, protestent de nouveau.

Le 26/04/2019 à 13h01

L’administration des prisons a eu beau multiplier les gestes et efforts pour améliorer les conditions de détention des personnes arrêtées dans le cadre des événements d’Al Hoceima et le CNDH (Conseil national des droits de l’Homme) intervenir en leur faveur, rien n’y fait.

C’est ainsi que, essentiellement poussées par Al Adl Wal Ihssane, association islamiste interdite mais tolérée, les familles de ces détenus se sont trouvés en tête d’une marche soi-disant de solidarité. C’était ce vendredi 26 avril au matin à Rabat, plus précisément devant le siège de la Délégation générale à l'administration pénitentiaire (DGAPR), où des dizaines de membres de ces familles et des «militants» associatifs ont tenu un sit-in.

Au prétexte de revendications appelant à la libération des personnes arrêtées, ce sont aussi des slogans à caractère politique qui ont été scandés, critiquant tout l’Etat et nombre de ses institutions. En tête de ce groupe, le père de Nasser Zefzafi, le meneur des événements d’Al Hoceima condamné à 20 ans de prison, érigé en véritable vedette ce vendredi.

Les manifestants parlent de détenus d’opinion. Ils oublient que si les personnes arrêtées ont été condamnées, ce n’est pas pour leurs idées, mais pour des crimes et des délits relevant du droit pénal. Des faits graves, avec, comme chefs d’accusation : complot visant à porter atteinte à la sûreté de l'Etat, tentatives de sabotage, de meurtre et de pillage, réception de fonds, de donations et d’autres moyens matériels destinés à mener et à financer une activité de propagande à même d’attenter à l’unité et la souveraineté du Royaume, organisation d’une manifestation non autorisée, tenue de rassemblements publics sans autorisation, attroupement armé, offense et violences à l’encontre des éléments des forces publiques, ayant causé des blessures avec préméditation, désobéissance armée, détérioration de véhicules et de biens publics, incendie contre un bâtiment de police...

Condamnés après un long et équitable procès, les détenus ont, pour des raisons humanitaires, été placés dans établissements pénitentiaires proches de leurs familles. Hier encore, la DGAPR annonçait que les détenus dans le cadre des événements d'Al Hoceima observant une grève de la faim dans les prisons locales Tanger 2 et Ras El Ma de Fès, ont présenté des préavis annonçant la fin de leur grève. Tout comme elle a adopté, en coordination avec le CNDH, une série de mesures visant à améliorer les conditions de détention des prisonniers de Tanger 2 et Ras El Ma à Fès.

Rappelons aussi que 188 détenus avaient bénéficié, en août dernier, d’une grâce royale et ont été libérés.

Mais ne l’entendent pas cette oreille la gauche radicale, mais aussi et surtout Al Adl Wal Ihssane, lesquels exploitent ce dossier pour passer «leurs» messages. Dimanche 21 avril dernier, l’association islamiste s’est de nouveau distinguée à Rabat en constituant le plus gros des effectifs lors d'une marche de solidarité avec les détenus des évènements d’Al Hoceima, exploitant ce dossier aux seules fins de sa gloire perdue.

Ils étaient ainsi près de 6.000 à marcher. 90% d’entre eux étaient des fidèles de la Jamaâ à qui le dossier d’Al Hoceima a servi, ni plus ni moins, d'alibi pour que l’association islamiste fasse une nouvelle "démonstration de force". Les slogans portés ce jour là étaient de solidarité… Avec les mouvements populaires actuellement en cours en Algérie ou au Soudan.

Par Youssef Bellarbi
Le 26/04/2019 à 13h01