Conseils régionaux: l’Union Constitutionnelle se positionne en arbitre

Brahim Taougar - Le360

Malgré sa modeste position (7ème) avec 27 sièges sur 678 dans les conseils régionaux, les voix UC seront pourtant déterminantes dans les présidences de trois régions où tout se joue à une voix près. Et si Mohamed Sajid changeait de camp et brisait l'alliance de l'opposition?

Le 06/09/2015 à 09h21

Les résultats annoncés à la fermeture des bureaux de vote révèlent que dans trois régions, la différence entre les quatre partis de la majorité et les quatre partis de l’opposition se joue à un seul siège. Une voix peut donc être déterminante pour faire basculer la balance d'un camp à l’autre.

A Casablanca–Settat, par exemple, le Parti Justice et Développement (PJD) a beau avoir décroché 30 sièges, les scores de ses alliés ont été très faibles (7 sièges en plus). Ce n’est pas donc chez eux qu’il trouvera l’appoint nécessaire pour constituer une majorité. En revanche, les quatre partis de la majorité cumulent 38 sièges qui constituent la majorité sur le collège des 75 élus. La même configuration se présente dans deux autres régions: à Béni Mellal–Khénifra, la coalition gouvernementale dispose de 28 sièges tandis que l’alliance des quatre partis de l’opposition en a acquis 29 ; idem à Tanger–Tétouan–Al Hoceima où ces deux blocs se retrouvent respectivement à 31 contre 32 sièges.

Ainsi si les alliances ne bougent pas d’un iota comme l’ont laissé entendre à chaud les deux camps, ce samedi 5 septembre, ces trois régions très disputées se retrouveront contrôlées par l’opposition. Mais dans chacune d’entre elles, l’Union Constitutionnelle (UC) dispose de suffisamment de voix pour trancher entre les deux camps.

Le parti de Mohamed Sajid pourrait donc jouer aux trouble-fêtes et négocier avec les alliés de Benkirane s’il y voit un intérêt pour sauver certains de ses bastions dans des communes, voire même dans des villes. Et le scénario n’est pas à exclure. «Personne n’a jamais entendu Abdelilah Benkirane tirer à boulets rouges sur Sajid comme il le fait avec Chabat, Bakkoury ou Lachgar. Le nouveau patron de l’UC, de son côté, ménage bien le SG du PJD. Une alliance de circonstance n’est donc pas impossible», rappelle un membre de l'UC, qui a requis l'anonymat. De plus, la position de l’UC n’est pas définitivement tranchée. Elle laisse même la porte ouverte à une autre forme d’alliance.

Si Mohamed Sajid a bel et bien assisté à la réunion des partis de l’opposition, la formule qui traite des alliances contenue dans leur communiqué commun est à nuancer : «Ne pas s'allier avec toute liste que conduira le PJD» ne veut pas forcément dire ne pas être un allié du PJD dans un bureau présidé par le Rassemblement National des Indépendants (RNI) ou le Mouvement Populaire (MP). Le parti de Mohand Laenser est d’ailleurs arrivé premier dans la région de Béni Mellal–Khénifra avec 12 sièges sur les 57. Lahcen Haddad, candidat MP pour les régions peut ainsi solliciter et obtenir les deux sièges UC qui lui permettent d’obtenir une majorité. Les deux autres sièges cruciaux de l’UC dans la région de Tanger–Tétouan–Al Hoceima sont également déterminants pour l’élection d’Ilyas Omari, ennemi juré du PJD qui serait prêt à faire beaucoup de concessions pour le faire échouer. C’est dire à quel point les élections régionales qui devront avoir lieu dans 15 jours au maximum risquent d’être serrées. Et sachant que les consignes de vote ne sont pas toujours respectées, le jour du scrutin peut réserver bien des surprises…

Par Fahd Iraqi
Le 06/09/2015 à 09h21