Coalition gouvernementale: le PJD et le RNI à couteaux tirés

Mohamed Aujjar, ministre de la Justice.

Mohamed Aujjar, ministre de la Justice. . DR

Revue de presseKiosque360. Rien ne va plus entre le PJD et le RNI. Au moment où le parti de la Lampe se dit victime des «tirs amis», la direction de la formation de la Colombe s’est plainte auprès du chef du gouvernement de l’acharnement des députés islamistes contre ses ministres.

Le 28/07/2017 à 21h35

 Dans une tentative de détourner l’attention sur sa crise interne, le Parti de la justice et du développement (PJD) accuse ses alliés du gouvernement de vouloir le déstabiliser. Et c’est au Rassemblement nationale des indépendants (RNI) qu’il fait allusion. Le secrétariat général du parti a, en effet, exprimé, à l’issue de sa réunion du jeudi dernier, son «malaise face à certaines déclarations provocatrices envers le parti et ses parlementaires», rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce week-end des 29 et 30 juillet.

Le PJD estime, dans une déclaration faite par son secrétaire général-adjoint à l’issue de la réunion, présidée par Abdelilah Benkirane, que «ce genre de déclarations est contraire à une action politique noble et contribue à l’affaiblissement des partis politiques». Le parti islamiste qui dénonce des «tirs amis», fait clairement référence aux membres RNIstes du gouvernement, affirme le journal. Il s’agit en particulier du ministre da la Justice et des libertés, Mohammed Aujjar qui a accusé, récemment, le PJD de jouer jeu double en adoptant des positions parfois contradictoires. Le ministre a déclaré, en ce sens, que «le PJD exerce le pouvoir pendant cinq jours de la semaine et l’opposition pendant le week-end».

Bien plus, affirme le ministre cité par le journal, «le PJD exerce à la fois le pouvoir au sein du gouvernement et l’opposition à l’intérieur des autres institutions. Cela, alors que nous faisons partie de la même coalition gouvernementale et sommes donc tenus d’adopter les mêmes positions». Avant cette mise au point du ministre de la Justice, son collègue au gouvernement et au parti, Rachid Talbi Alami, ministre de la Jeunesse et des sports, a, pour sa part, fait face à des critiques acerbes des députés PJDistes lors de la discussion du projet de loi organique portant création du Conseil national de la jeunesse et de l’action associative.

Talbi Alami a été poussé à dire leurs quatre vérités aux élus islamistes. Les députés du PJD, a-t-il affirmé «ne respectent pas le principe de la cohésion gouvernementale. Un principe que se doit de respecter les groupes parlementaires de chacun des partis membres de la majorité». Et d’ajouter: «Il y a certaines choses que je préfèrerais taire, parce que cela fâcherait certaines parties». Une assertion que le PJD n’est pas près de laisser passer. En effet, selon le quotidien Assabah qui s’est également intéressé à ce sujet dans son édition du week-end, le PJD accuse ouvertement le ministre de le menacer. La direction du PJD accuse, de même, les ministres du RNI de «dénigrer l’action du Parlement, alors que les deux pouvoirs, législatif et exécutif, sont indépendants».

Selon Assabah, la direction du RNI se serait même plainte auprès du chef du gouvernement contre ces attaques orchestrées par les députés islamistes, vraisemblablement sur instigation de Benkirane. Des attaques souvent injustifiées, note le journal. Il est clair affirme le quotidien que, procédant de la sorte, le clan Benkirane au sein du PJD tente ouvertement de miner le gouvernement de l’intérieur pour le faire exploser. Sinon, s’interroge le journal, «à quoi rime le fait d’attaquer systématiquement les ministres d’un parti de la collation gouvernementale, le RNI en l’occurrence, avec ou sans raison, sinon à vouloir faire éclater la majorité».

Par Amyne Asmlal
Le 28/07/2017 à 21h35