Chabat et Lebbar offrent un triste spectacle au Parlement

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Revue de presseKiosque360. Le duel Chabat-Lebbar qui a incontestablement «marqué» cette rentrée parlementaire envoie un message très négatif aux citoyens et relance le débat sur la nécessite de mettre des garde-fous contre les dérapages survenant au sein de l’hémicycle.

Le 13/10/2014 à 06h27

La scène a fait le tour des rédactions de la presse écrite qui lui ont consacré à justes titres un traitement exceptionnel. "A peine l’encre du discours royal a-t-elle séché que l’irréparable arrive", relève Assabah, dans un éditorial intitulé "Chaos… !", en référence à cette bagarre digne des inénarrables querelles de chiffonniers qui a opposé, en ce mémorable vendredi 10 octobre, le SG du Parti de l’Istiqlal, Hamid Chabat, et l’ex-député PAM, Abdelaziz Lebbar. Akhbar Al Yaoum, lui, a puisé dans le lexique de la boxe pour (nous) servir un titre plus aguerri. "Chabat et Lebbar transforment le Parlement en ring de boxe une heure après le discours royal", martèle le quotidien, dans son édition du lundi 13 octobre. "Un coup de poing envoyé en plein visage, un autre, celui-là raté, qui part dans l’air, une main qui s’entrepose mais qui finit mordue jusqu’au sang…", rapporte Al Massae.

Que manquait-il alors pour "départager" nos très vaillants députés ? On ne sait vraiment pas si un jour viendra où nos très respectables parlementaires en viendraient aussi au fameux Knock out (KO) ! Une chose pourtant reste sûre : la scène, dont l’hémicycle a été le théâtre, envoie un message très négatif au citoyen. "A moins d’une année des élections locales et régionales, je m’adresse à tous les acteurs politiques : Quelles élites et quels programmes avez-vous préparés pour assurer la gestion des affaires publiques", avait questionné le 'oi, en allusion à ces interminables combats de coqs qui ont marqué les trois années de l’actuelle législature. Surtout que ces combats ont mis sous le boisseau l’adoption de plusieurs textes, notamment des lois organiques, censés être validés d’ici à 2016. Un challenge qui, à moins de révolutionner les mentalités, a peu de chance d’être relevé. Et ce ne sont surtout pas ces réactions recueillies par la presse auprès des "bagarreurs" qui vont nous contredire.

La bagarre expliquée par les bagarreurs

Nul doute que cette inédite scène de bagarre n’entrait pas dans les prévisions du président de la Chambre des représentants, ironise Al Ahdatg Al Maghribiya, dans sa livraison de ce lundi 13 octobre. "Mohamed Talbi Alami s’inquiétait pour l’image des parlementaires s’agglutinant, telles des abeilles, autour du buffet de confiseries offert en leur honneur après le discours royal. Une inquiétude qui l’aurait même poussé à interdire aux journalistes l’accès à l’enceinte où nos députés avaient l’habitude de se goinfrer, voire s’approvisionner en loukoums (confiserie très prisée par nos députés qui, sous prétexte de vouloir se servir de la "baraka de Sidna", n’hésitaient pas à s’en mettre plein les poches !, relève le quotidien, sur le mode de l’humour.

Seulement voilà : si la présidence de la Chambre des représentants a pu priver le commun des historiens de l’instant de se délecter de ce spectacle, elle n’a pas pu les empêcher d’assister, à titre gracieux, et contre toute attente, à cet autre spectacle qui n’entrait sûrement pas dans ses prévisions ! Résultat ? Une véritable tempête médiatique autour de cette mascarade dont le théâtre n’est autre que ce Parlement censé être ce haut lieu de notre jeune démocratie. Mais quel fâcheux malentendu serait alors survenu pour que nos deux députés en viennent aux mains ? Les réponses sont dignes des répliques du théâtre de l’absurde. Interrogé par Al Massae, le SG du Parti de l’Istiqlal, Hamid Chabat, allègue qu’Abdelaziz Lebbar serait simplement un suppôt du Parti justice et développement (PJD) et que, de ce fait, il aurait été instrumentalisé par ce parti au pouvoir pour "parasiter" une réunion de coordination prévue entre les partis d’opposition à la suite du discours royal. Une version qui confine à la position du PAM, qui a aussitôt réagi en décidant la radiation de Lebbar, son ex-député à Fès. "Les empreintes du diable sont présentes", certifie le SG du PI, en allusion à son ennemi juré le PJD. Une accusation rejetée catégoriquement par son adversaire, dans une réponse à Al Massae. "Le PJD n’a strictement rien à voir avec cette histoire", a-t-il démenti, en expliquant qu’il s’est fait violenter par Chabat pour avoir refusé de lui renvoyer l’ascenseur en lui souhaitant un "mabrouk Al Aïd" préférant plutôt lui lancer un "Que Dieu nous aide à prendre revanche sur toi" !!! Rien que ça. Or, grave, c’est grave. Face à ce genre de mièvreries, une nécessité impérieuse se fait jour : il est plus que temps de mettre en place un véritable "manuel" de bonne conduite au Parlement. La mise à niveau du fameux "cirque" passe forcément par là.

Par Ziad Alami
Le 13/10/2014 à 06h27