Carburants: Le gouvernement révisera les composantes des prix

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Revue de presseKiosque360. La probabilité d’une hausse exponentielle du prix des carburants sur le marché mondial pousse le gouvernement à changer de cap en matière de contrôle des prix. Même si l’option du plafonnement demeure à l’ordre du jour, il est question maintenant de modifier les composantes du coût.

Le 19/05/2019 à 20h19

Le gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani a entamé d’intenses concertations en coulisses pour se préparer à une probable flambée des prix du pétrole sur les marchés mondiaux. Le débat, qui était concentré sur le seul plafonnement des marges bénéficiaires des sociétés pétrolières, s’oriente maintenant vers la révision des composantes des prix des carburants.

Le gouvernement estime que c’est la meilleure manière pour que le plafonnement ait un impact sur le prix final payé par le consommateur dans les stations-service. Le chef du gouvernement a entrepris des concertations avec plusieurs décideurs sur les mesures à prendre à même de circoncire les prix des carburants. Un changement de cap qui survient après qu’il est devenu quasi-certain que les sociétés pétrolières ne signeraient pas d’accord avec le gouvernement sur le plafonnement de leurs marges bénéficiaires. D’autant que l’Exécutif est maintenant convaincu que le plafonnement ne permet pas une baisse importante des prix des carburants en l’absence de mesures parallèles. Une donne qui a poussé El Othmani à demander l’avis de plusieurs départements ministériels et à leur tête le ministère de l’Energie et des mines et celui de l’Economie et des finances.

Le quotidien Al Massae rapporte, dans son édition du lundi 20 mai, que les sociétés pétrolières ont renvoyé la balle dans le camp du gouvernement pour qu’il prenne la décision appropriée sur le dossier de plafonnement. L’Exécutif devra toutefois prendre en considération les concertations qui ont eu lieu avec le Groupement des pétroliers du Maroc (GPM) et les propriétaires des stations-service. En revanche, ces derniers devront se conformer à toute nouvelle disposition juridique même s’ils considèrent que toute intervention dans ce secteur représente un recul par rapport à la décision de la libéralisation des prix des carburants de 2015.

Au moment où tous les indicateurs laissent présager une hausse exponentielle des prix du baril sur le marché mondial, le gouvernement se prépare au pire des scénarios. Parmi les mesures envisagées, on parle du recours à l’assurance «hedging» pour contrer les hausses à venir. Une option à laquelle il faut ajouter les mesures endogènes destinées à contrôler les marges bénéficiaires et à modifier les composantes des prix des carburants. Une composition qui comprend deux parties, l’une est fixe et l’autre variable. La première concerne la taxe intérieure de consommation (TIC) et la TVA qui constituent 34% du prix du gasoil et 43% du prix du pétrole. La deuxième partie est variable et concerne le prix du carburant sur le marché mondial, majoré par les frais d’importation et de distribution.

Parallèllement, il faut mettre fin à la situation de semi-monopole dans le domaine du stockage. Une décision qui pourrait avoir un impact direct sur la concurrence et les prix des carburants à la pompe. Selon les éclaircissement présentés par Saâd-Eddine El Othmani lors d’une rencontre avec les journalistes: «La décision de plafonner n’est pas une opération facile, c’est pour cela qu’il faut prendre l’avis de plusieurs départements, même si l’on se dirige vers l’adoption de cette mesure».

Le chef du gouvernement a tenu à rappeler que les recommandations de la mission d’information parlementaire ont été adoptées par le gouvernement. Il s’agit notamment, précise-t-il, d’accorder des autorisations à d’autres sociétés pétrolières et de généraliser le domaine du stockage à plusieurs entreprises pour éviter tout monopole. Le chef du gouvernement a indiqué que 13 sociétés ont obtenu l’accord de principe pour investir dans le secteur des carburants et que le nombre des stations-service créées annuellement est passé de 70 à 140. Des décisions que Saâd-Eddine El Othmani considère comme plus importantes que le plafonnement même si, ajoute-t-il, cette mesure sera adoptée car le gouvernement ne reviendra pas sur son application.

Par Hassan Benadad
Le 19/05/2019 à 20h19