Boycott: le gouvernement tire la sonnette d’alarme

A l'intérieur d'une usine Centrale Danone. 

A l'intérieur d'une usine Centrale Danone.  . DR

Revue de presseKiosque360. Le gouvernement accuse les boycotteurs de vouloir tuer le petit éleveur et l’emploi. Il incite les citoyens à mettre fin à ce boycott. Centrale Danone, elle, compte lancer un vaste campagne de communication sur les réseaux sociaux.

Le 01/06/2018 à 22h10

Pour l’Exécutif, les premières victimes de la campagne de boycott des produits de Centrale Danone sont les petits éleveurs et les salariés de la société. C’est ainsi que le ministre chargé des affaires générales du gouvernement, Lahcen Daoudi, accuse les meneurs de cette campagne de «tuer» les éleveurs et l’emploi dans le secteur, rapporte le quotidien Al Massae dans son édition du week-end des 2 et 3 juin. Le ministre a notamment fait état, en ce sens, de l’annonce par la société d’une réduction de 30% de ses approvisionnements auprès des coopératives laitières et du licenciement de près de 1.000 employés. 

Le journal rapporte que le ministre a insisté sur le fait que le prix du lait n’a, pourtant, pas connu d’augmentation depuis 2013 et que toutes les sociétés et les coopératives actives dans le secteur le vendent toutes au consommateur au même prix. Le ministre a, de même, souligné que la filière fait vivre entre 120.000 et 150.000 éleveurs et que Centrale Danone emploie quelque 6.000 salariés et collaborateurs, parmi lesquels les mille employés qu’elle a décidé de congédier. La société a réalisé à peine 0,9% du bénéfice sur son chiffre d’affaires alors que d’autres entreprises peuvent attendre jusqu’à 24% du profit, affirme le ministre, tout en accusant les initiateurs du boycott de vouloir ruiner l’économie marocaine. 

Le quotidien Al Akhbar, qui a également traité ce sujet dans sa livraison du week-end, accuse, lui, le gouvernement de «défendre une société française tout en ignorant les sociétés nationales». L’Exécutif, écrit le journal, a appelé les boycotteurs à mettre fin à cette campagne après que la société a décidé de réduire sa production et de se défaire de plusieurs centaines de ses employés. Ce faisant, le gouvernement, qui en est à son deuxième communiqué officiel sur la question, le dernier ayant été publié dans la nuit de mercredi à jeudi, ignore totalement les deux autres sociétés, pourtant nationales, qui elles aussi ont été affectées par cette campagne et se contente d’inciter les citoyens à cesser de boycotter les produits de Centrale Danone. 

Al Akhbar revient ainsi sur ce communiqué, dans lequel le gouvernement a appelé les citoyens à «apprécier la situation à sa juste valeur et à éviter davantage de dommages pour les agriculteurs, le secteur agricole et l'investissement national en général». Le journal avance, citant les chiffres du ministère de l’Agriculture, que le secteur laitier compte quelque 400.000 exploitations, dont 100.000 producteurs saisonniers. Les régions du Gharb, du Loukous, de Tadla, des Doukkala, de la Chaouia, du Souss-Massa et du Saiss assurent près de 82% de la production nationale, précise le journal.

Le Maroc a produit 2,6 milliards de litres de lait l’année dernière et compte porter ce volume à 4,5 milliards de litres en 2020 selon un contrat-programme signé en 2015. Le secteur, ajoute Al Akhbar, génère une chiffre d’affaires de 13 milliards de dirhams et assure quelque 460.000 emplois permanents, tout en permettant au pays d’atteindre quasiment l’autosuffisance en la matière (96% en 2017 contre 88% en 2008, l’année du lancement du Plan Maroc Vert).

Par ailleurs, rapporte, pour sa part, Al Ahdath Al Maghribia, qui a également évoqué ce sujet dans son édition du week-end, les réseaux sociaux ont accueilli le communiqué du gouvernement avec scepticisme. Ils ont même poussé la surenchère jusqu’à exiger qu'il diffuse un nouveau communiqué en soutien aux autres sociétés visées par cette campagne.

Quant à Centrale Danone, écrit le journal, elle compte lancer une large campagne de communication sur les réseaux sociaux pour sensibiliser les internautes aux conséquences sociales désastreuses de ce boycott. En parallèle, elle initiera également, dans le même but, une autre campagne de communication ciblant cette fois des personnalités influentes sur les réseaux sociaux. En même temps, la société évoque les conditions «anticoncurrentielles» qu’elle subit, étant la seule obligée à distribuer ses produits à l’échelle nationale. Elle menace, de même, de rendre publiques certaines données relevées sur le marché, notamment en relation avec la qualité du lait distribué.

Par Amyne Asmlal
Le 01/06/2018 à 22h10