Bab Sebta: l’Espagne veut ouvrir Tarajal II, le Maroc fait la sourde oreille

Passage de Bab Sebta.

Passage de Bab Sebta. . DR

Revue de presseKiosque360. L’Espagne a aménagé un nouveau passage frontalier à Bab Sebta, il y a plus de dix-huit mois. L’objectif avancé est de décongestionner le premier passage. Au fond, il s’agit d’encourager les activités de contrebande et, donc, l’économie de la ville.

Le 21/09/2016 à 20h45

La frontière de Bab Sebta, dite «Tarajal» de l’autre côté, fait de nouveau l’actualité. En effet, le délégué du gouvernement espagnol dans le préside occupé vient de réunir la presse locale pour lui faire part de l’impatience de l’Espagne de voir ouvrir l’extension de la frontière avec le Maroc, le passage frontalier Tarajal II, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribiaa dans son édition du jeudi 22 septembre.

Le journal rappelle que autorités espagnoles avaient finalisé les travaux de construction de ce deuxième passage il y plus de dix-huit mois. Mais il n’a toujours pas été ouvert, le Maroc ayant refusé de céder aux pressions des responsables du préside occupé et du gouvernement espagnol.

Pour le délégué du gouvernement espagnol dans le conclave, ce passage a été conçu pour être emprunté exclusivement par les passeurs de marchandises de contrebande. Une fois ouvert, il devrait permettre de décongestionner le passage actuellement en fonction et d’éviter les bouchons causés par les automobilistes et l’affluence conséquente des porteurs. Pour forcer la main aux autorités marocaines, leurs homologues du préside sont allées, à plusieurs reprises, jusqu’à provoquer des incidents, voire des crises, qui ont souvent eu des conséquences fâcheuses.

Pour le moment, du côté marocain, on laisse entendre que, faute de moyens humains et matériels (agents de douanes, police des frontières et matériel informatique et sécuritaire) le Maroc n’est pas en mesures d’accéder, dans l’immédiat, à cette requête. Le Maroc n’a d’ailleurs pas encore entrepris, de son côté, les travaux nécessaires à l’ouverture de ce passage. Cependant, le délégué du gouvernement espagnol affirme que des pourparlers avaient été engagés entre les deux parties, mais que les autorités marocaines avaient préféré repousser ces négociations jusqu’à la fin de la période de transit des MRE. C’est d’ailleurs la fin de cette période, qui a eu lieu officiellement le 15 septembre, qui a quelque peu motivé cette sortie.

Pour les autorités marocaines, estime le journal, l’ouverture de ce passage n’est pas une priorité. D’autant plus que cela ne ferait qu’encourager les activités de contrebande déjà florissantes dans cette zone. En effet, et selon les statistiques avancées du côté espagnol, le passage de Bab Sebta (Tarajal) est emprunté par quelque 25.000 personnes par jour. Une affluence encouragée, de surcroît, par l’exemption de visas dont bénéficient les habitants des localités limitrophes.

Cela étant, cette question est bien plus sérieuse qu’une simple ouverture de passage pour fluidifier la circulation. Ouvrir ce passage ne serait, en effet, qu’un prélude pour obliger le Maroc à mettre en place une douane commerciale, ce que le Maroc a toujours refusé malgré les pressions et, bien souvent, les coups bas du côté espagnol. Le gouvernement de ce pays est même allé frapper à la porte de la Commission européenne pour inciter le Maroc à mettre en place cette douane commerciale. En guise de réponse, la Commission a signifié aux responsables espagnols que «Ceuta et Melilla ne font pas partie du territoire douanier de l'Union. De plus, l'organisation de l'implantation des bureaux de douane relève de la compétence des Etats membres. En conséquence, la décision de procéder à l'ouverture d'un bureau de douane, côté espagnol, pour les opérations commerciales entre Ceuta et le Maroc relève de la compétence de l'Espagne».

Le préside ne disposant pas d’un tissu industriel à proprement parler, son économie dépend, en grande partie, de ces échanges, à travers la frontière de Bab Sebta, avec le Maroc. Il fait donc tout son possible pour «normaliser» et pérenniser cette activité indispensable au développement de la ville, ce qui n’est évidemment pas dans l’intérêt du Maroc.

A noter qu’il existe un autre passage frontalier, Biutz, non officiel ouvert depuis 2005, situé non loin de Bab Sebta et emprunté exclusivement par des milliers de porteurs. Il donne directement accès aux hangars construits dans la périphérie et destinés exclusivement à l’activité de contrebande.

Par Amyne Asmlal
Le 21/09/2016 à 20h45