Assemblée générale de l’ONU: désormais révoquée, la RASD est un non-sujet pour le Kenya

Le président kényan, William Ruto, donnant un discours devant l'Assemblée générale de l'ONU, mercredi 21 septembre 2022, à New York.

Le président kényan, William Ruto, donnant un discours devant l'Assemblée générale de l'ONU, mercredi 21 septembre 2022, à New York. . TIMOTHY A. CLARY / AFP

Prenant la parole ce mercredi 21 septembre 2022, à l’Assemblée générale de l’ONU, le nouveau président kényan, William Ruto, a parlé de tous les défis auxquels le continent africain fait face, tout en prenant soin d'ignorer une «RASD» désormais oubliée, et plus chimérique que jamais.

Le 21/09/2022 à 21h08

Ceux qui tablaient sur un revirement dans la nouvelle position du Kenya sur le Sahara lors de la 77e Assemblée générale de l’ONU à New York n’auront qu’à plier bagage. Il n’en fut rien et le discours donné par le nouveau président kényan, William Ruto, ce mercredi 21 septembre devant l’Assemblée générale en a apporté la preuve. Pour le Kenya, la RASD est révoquée, un point c’est tout. Et c’est désormais un non-sujet.

Tout au long de ses 35 minutes de discours, William Ruto n’a, à aucun moment, évoqué la chimérique république. Il a surtout parlé des vrais sujets intéressant l’Afrique et des défis immenses auxquels le continent fait face: le développement, les risques terroristes, les conflits, le changement climatiques. Il est vrai qu’à côté, revenir sur un produit de pure fiction comme la RASD n’avait sans doute aucune place. Et c’est en soi une claque à une junte algérienne et ses sbires à Tindouf qui espéraient ardemment que le «match soit refait», donnant par la même occasion une drôle d’impression de déjà vu.

Pour petit rappel, il s’agit de la quatrième gifle assénée par le Kenya aux ennemis de l’intégrité nationale et ce, en un temps record. C’est encore vivace: le mercredi 14 septembre 2022, et suite à un message du roi Mohammed VI au président Ruto, la République du Kenya a décidé de révoquer la reconnaissance de la pseudo-RASD et d’entamer les étapes pour la fermeture de sa représentation à Nairobi.

Un communiqué conjoint indiquait le même jour que «par respect du principe d'intégrité territoriale et de non-ingérence, le Kenya apporte son soutien total au plan d'autonomie sérieux et crédible proposé par le Royaume du Maroc, en tant que solution unique basée sur l'intégrité territoriale du Maroc», pour résoudre ce différend.

La machine algérienne s’est alors mise en branle pour polluer le message, pourtant clair, tantôt en faisant croire à un désistement de la présidence kényane, tantôt en suggérant que Raila Odinga, leader de la Coalition Azimio La Umoja et principal rival de William Ruto lors de la dernière élection présidentielle kényane, aurait attaqué la décision du président kényan de révoquer la reconnaissance de la pseudo-RASD. Mais là encore, et c’est la deuxième claque, il n’en a rien été.

«Les rapports véhiculés, selon lesquels j'ai attaqué la décision de Ruto de revoir la politique du Kenya sur le Polisario sont erronés», a écrit l'ancien Premier ministre kényan sur son compte twitter officiel. Raila Odinga, qui a recueilli 48,85% des votes lors du dernier scrutin présidentiel, a également souligné l'importance des relations entre le Maroc et le Kenya, qu'il a qualifiées de «bénéfiques».

Comme motivée par la force du désespoir, la junte a retenté un coup bas en activant ses relais hérités de l’ancien régime au Kenya. Profitant d’une période de transition durant laquelle le gouvernement kényan n’a pas encore été nommé, le régime algérien a eu recours au secrétaire général du ministère kényan des Affaires étrangères, Macharia Kamau, sur le départ, et qui a produit une note interne, diffusée vendredi 16 septembre 2022 par les médias affiliés à la junte algérienne et transformée pour l’occasion en «communiqué du ministère des Affaires étrangères kényan».

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La note suggère que le Kenya «reste» sur son ancienne position. Révélée au grand jour, la tentative de parasitage s’est avérée infructueuse et si le Kenya «reste», c’est sur sa nouvelle position et sa révocation de la RASD. Le fait que le président Ruto n’ait même pas pris la peine d’en parler à l’ONU est en soi très… parlant.

Par Tarik Qattab
Le 21/09/2022 à 21h08