Agression du ministre Bourita au Mozambique: les explications du politologue Mohamed Bouden

Mohamed Bouden, président du Centre international Atlas de l'analyse des indicateurs politiques.

Mohamed Bouden, président du Centre international Atlas de l'analyse des indicateurs politiques. . dr

Le président du Centre international ATLAS de l'analyse des indicateurs politiques, Mohamed Bouden, analyse pour le360 les tenants et aboutissants de l'agression perpétrée par les autorités mozambicaines à l'encontre du MAEC marocain, Nasser Bourita, en marge de la réunion nippo-africaine.

Le 26/08/2017 à 11h28

Parole d'un expert en questions internationales et en analyse des indicateurs politiques. Ce qui s'est passé à Maputo, en marge de la réunion de suivi de la TICAD (Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique), ne restera pas sans effet. L'acte perpétré par les autorités de Maputo, capitale du Mozambique, contre le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, jeudi 24 août, avant la réunion ministérielle de la TICAD, est qualifié par Mohamed Bouden, président du Centre international ATLAS de l'analyse des indicateurs politiques, d'"agression" et d'"atteinte à l'immunité diplomatique d'un représentant d'Etat souverain du point de vue du droit international". "Il incombe à tout pays hôte de respecter l'immunité personnelle du ministre des Affaires étrangères lui permettant, ainsi qu'à l'Etat qu'il représente, le respect et l'attention dus en toutes circonstances", explique le politologue, précisant que cela n'a malheureusement pas été le cas du fait du traitement indû réservé par les autorités mozambicaines au ministre Bourita, à la délégation qui l'accompagnait, voire celle du Japon, parrain de la TICAD, qui n'a pas été non plus épargnée", souligne-t-il.

"Les autorités mozambicaines ont manqué à leur engagement sur les mesures préventives à prendre pour empêcher toute atteinte à la liberté et à la dignité du ministre des Affaires étrangères qui représente, le cas échéant, le Chef d'un Etat souverain", explique-t-il. "Il y a un jugement rendu en 2002 par la Cour internationale de justice stipulant que le ministre des Affaires étrangères représente son Etat dans l'exercice de ses fonctions et ses actes engagent l'Etat qu'il représenrte", rappelle-t-il, ajoutant que "les autorités hôtes de toute réunion à caractère multilatéral ne sauraient en tout état de cause souscrire à des caprices ou à la nature des relations bilatérales tissées avec tel ou tel pays". "Si les accords onusiens encadrent l'immunité des représentats d'Etats lors des sommets, force est de constater que le Polisario n'a aucune légitimité de représentation", relève-t-il, déplorant que des Etats tournant dans la galaxie algéro-séparatiste aient tenté d'attribuer illégitimement cette "immunité" indue à une entité qui n'a aucune existence juridique et qui n'est reconnue par aucune organisation internationale, le cas échéant l'Organisation des Nations unies (ONU).

Mais passons, car l'agression perpétrée à l'encontre du ministre Bourita, -disions plus haut-, ne restera pas sans effet. "Elle constitue une menace sérieuse pour les relations internationales de l'Afrique", alerte le politologue Bouden. Plus encore, "elle amènera le Japon à revoir la possibilité de la tenue d'un nouveau sommet dans un quelconque pays africain, après celui organisé en 2016 au Kénya et celui du Mozambique en 2017". "Cinq sommets avaient été organisés à Tokyo et à Yokohama, au Japon, depuis 1993", rappelle-t-il.

"Cela représente une grande perte pour l'Afrique, à cause du Polisario qui demeure une entité fantoche", relève M. Bouden.

Alger, Maputo et Pretoria pointés du doigt

"Pretoria, Maputo et Alger sont le fer de lance de la bataille anti-marocaine", indique M. Bouden, relevant que la réunion de Maputo a coïncidé avec la visite du président sud-africain Jacob Zuma reçu par son homologue mozambicain, Filipe Nyusi. "Le chef d'Etat mozambicain a également reçu , en février dernier, le chef du Polisario, Brahim Ghali", rappelle-t-il encore. "Il en ressortirait que l'agression contre le ministre Bourita est le résultat d'un règlement de comptes", indique M. Bouden, relevant que la république du Mozambique, à l'instar d'Alger et de Pretoria, s'étatt opposée farouchement au retour du Maroc au sein de l'Union africaine.

Concernant le règlement de comptes, M. Bouden l'attribue au refus du Maroc de reconnaître l'ancien président mozambicain, Joachim Chissano, en tant qu'"émissaire de l'UA pour le Sahara". "Que la réunion ministérielle de la TICAD se soit tenue dans la salle baptisée du nom de Joachim Chissano n'est pas le fruit du hasard", souligne le politologue, estimant que "les circonstances dans lesquelles s'est tenue cette réunion n'étaient pas normales".

Règlement de comptes aussi, parce que "le Maroc avait réussi à s'imposer en tant que puissance continentale en parvenant à réduire le niveau de représentation à ladite réunion de Maputo à celui des ministres et non celui des Chefs d'Etat", explique notre interlocuteur. Une percée qui a verrouillé les portes devant toute représentativité du Polisario à cette grand-messe, non invité d'ailleurs à la réunion de la TICAD, comme en atteste un document dûment signé par l'ambassadeur Directeur général du Département Affaires africaines, relevant du MAE du Japon, Takeshi Guaga, à l'issue d'une rencontre nippo-africaine préparatoire tenue le 11avril 2017, à New-York.

Un camouflet que les autorités mozambicaines, sur instigation d'Alger et de Pretoria, ont tenté désespérément de maquiller en voulant imposer la présence de l'entité séparatiste à une rencontre à laquelle elle n'était pourtant pas invitée. Un comportement de voyou ni plus ni moins.

Par M'Hamed Hamrouch
Le 26/08/2017 à 11h28