Affaire Hamieddine: le PJD ne pourra pas faire plier la justice

De gauche à droite, Abdelali Hamieddine et Mustapha Ramid.

De gauche à droite, Abdelali Hamieddine et Mustapha Ramid. . DR

Revue de presseKiosque360. Les dirigeants du Parti de la justice et du développement font bloc contre le pouvoir judiciaire, qui vient de demander à écouter un élu de ce parti, dans une affaire de meurtre. Un combat contre l’indépendance de la justice perdu d’avance par les islamistes, selon Al Akhbar.

Le 13/12/2018 à 22h17

Les nouveaux faits intervenus dans le dossier du meurtre de l’étudiant gauchiste Aït Eljid Benaïssa, qui laissent présumer une implication directe de Abdelali Hamieddine dans cet assassinat, ont logiquement entraîné la convocation de ce dernier par le juge d’instruction près la Cour d’appel de Fès suite à une nouvelle plainte des parents de la victime. Or, le débat sur la réouverture de ce dossier a déjà permis, selon un éditorial du quotidien Al Akhbar de ce vendredi 14 décembre, de dévoiler le vrai visage des dirigeants du Parti de la justice et du développement, qui n’ont jamais caché leur mépris à l’égard de la justice, mépris qui n’a d’égal que leur volonté de tenter de mettre le pouvoir judiciaire à leur pas.

Pour preuve, le journal cite la réaction à l’unisson des dirigeants PJDistes qui ont emboité le pas au post sur Facebook de Mustapha Ramid, ministre d’Etat chargé des Droits de l’Homme, le premier à avoir porté atteinte à l’indépendance de la justice. Ainsi, tour à tour, les présidents des groupes parlementaires du PJD au sein des deux Chambres du Parlement, des ministres du parti de la Lampe, mais aussi plusieurs présidents de conseils élus ont considéré la justice, pouvoir indépendant, comme un «esclave et non un maître, un outil et non pas un acteur».

Et alors qu’ils n’ont pas réussi à faire plier le juge d’instruction près la Cour d’appel de Fès, qui tient mordicus à interroger Abdelali Hamieddine, les PJDistes ont eu recours, selon Al Akhbar, à leur vieille méthode habituelle bien rodée. Celle d’ailleurs de tous les islamistes dans tous les pays arabes: la victimisation à travers la sortie du dictionnaire du complot, et l’accusation portée contre «certaines parties» imaginaires voulant «instrumentaliser la justice en vue de les chasser du gouvernement et remettre en cause leur légitimité». C’est dans ce sens que le PJD se plaint tantôt de «l’Etat profond», tantôt de l’appareil «hégémonique» qui utiliserait contre lui ses médias, sa justice et ses forces de sécurité.

Mais le problème principal des islamistes du PJD, tonne Al Akhbar, c’est qu’ils n’arrivent pas à s’adapter à un pouvoir auquel ils se sont farouchement opposés durant plusieurs décennies, et contre lequel ils ont même essayé de comploter dans l’objectif d’instaurer leur projet d’Etat islamique au Maroc.Face donc au slogan PJDiste qui défie la justice en lui disant «nous ne te remettrons pas notre ‘frère’», Al Akhbar réplique par un autre slogan: «Nous ne remettrons pas au PJD notre justice».

Par Mohamed Deychillaoui
Le 13/12/2018 à 22h17