Affaire Hamieddine: la cinglante gifle de la Cour de cassation au PJD

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Revue de presseKiosque360. Alors que le PJD préparait sa démonstration de force à Fès, la Cour de cassation a rendu, lundi, un arrêt qui a fait au parti l’effet d’une gifle. En effet, la Cour a décidé que l’unique témoignage dans cette affaire était tout à fait recevable devant la justice.

Le 26/12/2018 à 19h15

Le PJD vient d'être dérouté par la Cour de cassation qui a infligé une gifle au parti islamiste, à la veille même de l’ouverture du procès d’Abdelali Hamieddine à la Cour d’appel de Fès. D’après un arrêt de la Cour de cassation, rendu lundi, l’unique témoignage dans l’affaire, celui d’El Khammar El Haddioui en l’occurrence, est tout à fait valide et reste conforme aux preuves et indices recueillis sur place au moment du crime. Une décision qui, donc, vient accabler l’accusé.

L’arrêt de la Cour de cassation, relève le quotidien Assabah dans sa livraison du jeudi 27 décembre, a été rendu dans le cadre d’une affaire antérieure. Il porte sur un jugement de la Cour d’appel de Fès, daté du 21 novembre 2017, par lequel cette juridiction a acquitté quatre dirigeants du PJD poursuivis pour «complicité de meurtre» et coups et blessures ayant causé la mort de Benaissa Ait El Jid. Ce jugement a été invalidé par la Cour de cassation qui considère que le témoignage d’El Haddioui est conforme aux circonstances de ce crime et ne comporte donc aucun élément de contradiction, contrairement à ce que prétend la défense des quatre dirigeants islamistes.

En conséquence, non seulement ce témoignage est recevable devant la justice, mais le procès des quatre mis en cause doit reprendre depuis le début, notamment devant la Cour d’appel de Fès. En outre, dans ses attendus, affirme le journal, la Cour de cassation estime que le jugement, en première instance et en appel, des quatre membres du PJD, a été motivé par des contradictions relevées dans les déclarations du témoin au moment de l’enquête préliminaire et pendant l’enquête à proprement parler et le déroulement du procès. Ce qui a conduit le juge à acquitter les mis en cause, dont deux étaient poursuivis pour complicité de meurtre, et deux autres pour coups et blessures à l’arme blanche ayant occasionné la mort d’Ait El Jid. Le jugement a été confirmé en appel, en se basant sur les mêmes arguments, précise le journal.

Ce qui est encore plus curieux, note Assabah, c’est que le témoignage d’El Haddioui coïncide point par point avec celui du conducteur du taxi à bord duquel il se trouvait en compagnie du défunt Ait El Jid au moment des faits. C’est d’ailleurs sur la base de ce témoignage que la Cour a condamné Omar Mouhib, dans un procès séparé mais dans le cadre de la même affaire, à dix ans de prison. En d’autres termes, la justice a retenu ce témoignage pour condamner un suspect à dix ans de prison et l’a rejeté pour en acquitter quatre autres dans la même affaire. 

Bref, pour trancher une fois pour toute la question du témoignage d’El Haddioui dans cette affaire, que le PJD rejette d’ailleurs, la Cour de cassation a décidé que seules ses déclarations devant le juge seraient considérées comme recevables devant la justice. Les déclarations consignées dans le PV de la police ne peuvent, par contre, être considérées que comme des «informations», selon les termes de l’article 291 du code de la procédure pénale. Cette décision de la Cour de cassation aura certainement l’effet d’une douche froide sur les dirigeants du parti qui ont tenu à faire une véritable démonstration de force, mardi dernier à Fès, comme le rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce jeudi.

Le PJD «a mobilisé ses partisans en masse contre la justice», écrit notamment le journal dans un reportage consacré à cette première séance du procès qui n’a finalement duré que peu de temps, avant que le juge ne prononce un ajournement jusqu’au 12 février. Cela a duré à peine quelques minutes, précise le journal, le temps que le tribunal s’assure de l’identité de l’accusé et prenne connaissance de la liste des avocats de la défense. C’est d’ailleurs ces derniers qui ont sollicité le report du procès pour se donner le temps de préparer leur plaidoyer.

Quelques heures avant l’ouverture du procès, écrit le journal, l’entourage du tribunal a été quadrillé par les forces de l’ordre pour parer à toutes les éventualités, notamment à un probable débordement. Pour ce faire, il a été fait appel à des renforts venus de l’extérieur de la ville, souligne le journal. Les force de l’ordre ont eu raison de prendre ces précautions, poursuit le quotidien, puisque les lieux ont connu une véritable descente et une démonstration de force du PJD dont les partisans ont afflué, en masse, de partout, depuis Rabat, mais également de Fès et des environs, conduits par le maire de la ville, Driss El Azami, et l’ancien secrétaire général du parti, Abdelilah Benkirane.

Par Amyne Asmlal
Le 26/12/2018 à 19h15