Affaire Ali Aarrass: Ramid recadre Amnesty

Brahim Taougar le360

Amnesty international a écouté avec beaucoup d’attention les explications que lui a fournies, mercredi, le ministre de la Justice sur le cas Ali Aarrass. Condamné pour terrorisme, il prétend être victime d'actes de torture.

Le 18/09/2014 à 19h14

Amnesty international a écouté attentivement les explications que lui a fournies, mercredi, le ministre de la Justice sur le cas Ali Aarrass, un islamiste extradé d'Espagne vers le royaume et qui accuse les autorités marocaines de l'avoir torturé, a appris Le360 de sources au sein du ministère de la Justice. "La délégation d'Amnesty qui était composée de 6 membres a été attentive aux explications que Mustapha Ramid lui a fournies sur ce cas", a-t-on précisé, ajoutant qu'une commission technique relevant du ministère s'est ensuite réunie avec les membres d'Amnesty. La délégation était composée, entre autres, de Sara Maccane, directrice de la campagne internationale contre la torture ainsi que de Mohamed Sektioui, directeur général d'Amnesty au Maroc.

La rencontre avec le ministre a duré 35 minutes environ au cours desquelles Mustapha Ramid a bâti ses plaidoiries sur un "constat solide et infaillible" à savoir pourquoi Ali Aarrass est resté cinq mois en prison après son arrestation "sans qu'il n'évoque à aucun moment ni devant ses avocats, ni le parquet, ni le juge lors de sa première comparution devant le tribunal, le fait qu'il aurait fait l'objet de mauvais traitements". "Sur cette période, le ministre a fourni des preuves détaillées qui ne souffrent d'aucun doute", indiquent nos sources.

Qui est Ali Aarrass?

A rappeler que Ali Aarrass a été extradé au Maroc le 14 décembre 2010 par l'Espagne après avoir été arrêté à Melillia, le 1er avril 2008, en vertu du mandat d'arrêt international émis par les autorités judiciaires marocaines. Le 24 décembre 2010, il a été inculpé par le parquet de Rabat sous les chefs d'accusations de constitution d'une bande criminelle pour la préparation et la perpétration d'actes terroristes dans le cadre d'un projet collectif visant à porter gravement atteinte à l'ordre public. Le 24 novembre 2011, Aarrass a été condamné à 15 ans de réclusion, peine commuée en appel à 12 ans de prison. L’enquête policière a conclu que Ali Aarass était membre actif de l'organisation terroriste "Harakat al moujahidine fi al maghrib". En mars 2002, il a introduit Maroc un pistolet mitrailleur kalachnikov et des munitions, dont l'objectif est de commettre un acte terroriste. Il était également proche de la cellule terroriste d’Abdelkader Belliraj, démantelée en 2008.

Quant aux prétendus actes de torture qu’il aurait subis, des sources proches du dossier indiquent qu’il a adopté un discours de victimisation depuis son arrestation notamment en multipliant les grèves de faim qui coïncidaient à chaque fois avec des visites des ONG de défense des droits de l'homme et des structures onusiennes. Lors d’une visite datée du mois de mars 2014, des représentants du Conseil national des droits de l’homme" (CNDH), ont constaté, documents à l’appui, que Ali Aarrass bénéficie des examens médicaux nécessaires et qu'il reçoit les visites de sa famille comme n’importe quel prisonnier. A propos de sa grève de la faim observée en août 2013, une mission menée par la délégation interministérielle aux droits de l'homme et le CNDH a conclu que Aarrass bénéficie de conditions conformes au respect de la dignité humaine.

La délégation d'Amnesty a prêté une écoute attentive aux explications et preuves fournies par le ministère de la Justice et des libertés, nous confient nos sources. Et d'ajouter: "certains membres d'Amnesty semblaient très surpris de découvrir un terroriste dernière une prétendue victime des droits de l'homme". Ce n'est pas d'ailleurs le premier binational qui sort la carte de la torture pour brouiller les pistes et échapper à l'emprise de la justice, alors même que les faits qui lui sont reprochés sont d'une extrême gravité. Ali Aarrass approvisionnait en armes à feu plusieurs émirs au Maroc, comme en attestent des témoignages de ceux-là mêmes qui ont été livrés et qui ont révélé au juge d'instruction les caches d'armes. Amnesty, forte de 210.000 signatures exigeant la libération d'un terroriste, n'a pas mené les investigations nécessaires sur l'identité d'Ali Aarrass et n'a pas jugé utile de consulter son dossier. Quand on saura que ce terroriste est à l'origine du classement par Amnesty international du Maroc parmi les pays où sévit la torture, l'on aura du mal à prendre pour argent comptant tout ce qui s'écrit dans les rapports de cet organisme.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 18/09/2014 à 19h14