Abdelouafi Laftit débarque des gouverneurs

Le ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit.

Le ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit. . Le360 : DR

Revue de presseKiosque360. Après la vague de limogeage du mois d’août, le ministre de l’Intérieur récidive en révoquant les gouverneurs des provinces de Boulmane, Midelt et Tinghir. Laftit, dit-on, a ainsi appliqué sur le champ le principe de la responsabilité liée à la reddition des comptes.

Le 12/11/2018 à 20h41

Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a une fois encore, après la vague de révocations d'agents d’autorité au mois d’août, brandi des cartons rouges contre un nouveau groupe de gouverneurs. Il a, en effet, révoqué ou muté, dimanche dernier, vers des wilayas de Fès-Mèknes, Tanger-Tétouan, Casa-Settat et Drâa-Tafilalet, plusieurs agents d’autorité. La région de Drâa-Tafilalet a été la plus touchée par ce «Tsunami», suite au limogeage des gouverneurs des provinces de Midelt et de Tinghir.

L’ex-responsable de cette dernière province, Abdelhakim Nejjar, a été relevé de ses fonctions et réintégré au sein de l’administration centrale du ministère de l’Intérieur. Il a assumé sa première expérience de gouverneur durant deux ans, avant d’être remplacé par le gouverneur de Nouaceur, Hassan Zitouni. Le gouverneur de Midelt, Atmane Souali, a été, lui aussi, emporté par ce nouveau «séisme» et rappelé à l’administration centrale, en attendant son départ pour la retraite. Il a été remplacé par le gouverneur de Larache, Mustapha Nouhi, un expert dans le domaine de l’eau, nommé lors du dernier mouvement des agents d’autorité. Il a fait les frais de ces sanctions en étant muté à Midelt. C’est le secrétaire général qui a été chargé de le remplacer à la tête de la province de Larache.

Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du mardi 13 novembre, que le ministre Laftit a également limogé le gouverneur de Boulmane, Noureddine Atakla. Ce dernier, qui a passé plus de trois ans à la tête de cette province, a été rappelé à l’administration centrale et remplacé par le gouverneur de la province de Séfrou. Certaines sources avisées estiment que ces limogeages vont dans le sens de ceux de la vague d’août. En effet, ils visent aussi à se débarrasser de l’héritage de Cherki Draiss, ex-ministre délégué de l’Intérieur. D’autres observateurs considèrent que Laftit continue d’appliquer le principe de reddition des comptes, qu’il n’a cessé de rappeler lors de ses réunions avec les agents d’autorité.

C’est ainsi que la révocation des gouverneurs de Boulmane, Tinghir et Midelt a été imputée à leurs manquements dans la gestion de la vague de froid et de neige qui a sévi dans ces provinces au début de l’hiver. Sans oublier, bien sûr, le drame du berger mort de froid après avoir été encerclé par la neige, à Bouiblane, dans la province de Boulmane. Une triste histoire qui a fait le tour des chaînes de télévision internationales et des réseaux sociaux.

Des sources concordantes estiment que ces limogeages sanctionnent, en outre, le «blocage» de développement et les retards enregistrés dans les chantiers de l’INDH, notamment dans les provinces de Tinghir, Boulmane et Nouaceur. Il est de même reproché aux agents d’autorité relevés de leur fonction leur échec dans la gestion des conflits entre les organes élus. Ceci a impacté négativement le développement dans les provinces qu’ils dirigeaient. Les mêmes sources précisent que ces responsables n’ont pas géré les protestations de la population de la région, comme le ministre l’avait suggéré aux agents d’autorité lors d’une réunion par vidéo-conférence.

Toujours selon les mêmes sources, le gouverneur de Midelt a été vivement contesté par les syndicats de l’enseignement. Il avait boudé les réunions consacrées aux conséquences du maintien de l’heure d’été, à l’origine de plusieurs manifestations d'élèves.

Le quotidien Assabah, qui traite du même sujet dans son édition du mardi 13 novembre, met en exergue la nouvelle stratégie de Laftit pour contrôler les agents d’autorité. Une source autorisée déclare au journal casablancais qu’il s’agit d’une nouvelle façon de gérer les ressources humaines en se basant sur la réactivité. Autant dire que le ministre a décidé de limoger, sur le champ, tout agent d’autorité fautif, sans attendre les mutations collectives. Ce faisant, la continuité de l’administration territoriale est garantie par la nomination par intérim des responsables les plus proches de la région ou de la province.

Il est toutefois regrettable, ajoute Assabah, que les services centraux du ministère de l’Intérieur n’aient pas publié de communiqué pour expliquer les raisons du limogeage des gouverneurs des provinces de Boulmane, Midelt et Tinghir. Ce faisant, le département de tutelle aurait mis fin aux multiples rumeurs et interprétations au sein des élus et de la population de ces régions. En effet, ces derniers ont été surpris par les décisions de Laftit, ce qui a donné lieu à nombre de supputations sur le limogeage des «gouverneurs de la neige».

Par Samir Hilmi
Le 12/11/2018 à 20h41