À quoi rime le «droit de réponse» avec lequel le régime algérien a réagi au discours de Aziz Akhannouch à l’ONU?

Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a été reçu, jeudi 22 septembre 2022 à New York, par le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a été reçu, jeudi 22 septembre 2022 à New York, par le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. . DR

L’heure n’est pas à l’apaisement du côté algérien, dont la délégation à la 77e Assemblée générale de l’ONU a émis, jeudi dernier, un texte de déclaration sur le dossier du Sahara. Ce «droit de réponse», en réaction du discours du chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, à la tribune de l’ONU, a entraîné à son tour une réplique du Maroc.

Le 25/09/2022 à 08h26

Dans son intervention, mardi dernier, devant la 77e Assemblée générale de l’ONU à New York à laquelle ont assisté, du 20 au 23 septembre, les représentants de la communauté internationale, dont des chefs d’Etat, des Premiers ministres, des ministres etc., le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, a mis en exergue, dans son intervention à la tribune de l’ONU, la stabilité et la dynamique soutenue de développement socio-économique qui prévalent au Sahara marocain. Il a aussi clairement démontré la responsabilité directe de l’Algérie, qui est non seulement à l’origine du conflit du Sahara, mais s’oppose également à toute solution politique visant à mettre fin à ce différend artificiel.

Quelque 48 heures plus tard, et compte tenu de la dimension planétaire de l’auditoire devant lequel Akhannouch s’est exprimé, la délégation représentant le régime algérien aux débats de la 77e Assemblée générale de l’ONU a paniqué et a réagi à ce discours à travers un «droit de réponse».

Il est nécessaire ici de rappeler que le recours au droit de réponse est prévu par le règlement intérieur régissant les séances plénières de l’Assemblée générale de l’ONU, dans son article 73. Il s’agit d’une intervention orale du représentant d’un pays qui a déjà pris la parole auparavant, mais demande à la reprendre une seconde fois si les circonstances l’exigent. Selon toute apparence, le président de la 77e Assemblée générale de l’ONU, le diplomate hongrois Csaba Korosi, n’a pas jugé opportun de redonner la parole à la délégation algérienne, obligeant cette dernière à se rabattre sur un «texte de déclaration», dans lequel elle tente de nier une évidence: l’Algérie est la principale partie au conflit du Sahara.

Pourtant, à l’ONU, personne n’est dupe. Ce n’est pas le Maroc qui est le seul à affirmer que l’Algérie est un protagoniste à part entière dans le conflit du Sahara. La résolution 2602 du Conseil de sécurité, votée le 31 octobre 2021 par les 15 membres de l’exécutif onusien à une majorité écrasante de 13 voix pour et deux abstentions, celles de Russie et de la Tunisie, nomme à cinq reprises l’Algérie. De même, le Conseil de sécurité a invité, dans la même résolution, l’Algérie à participer es qualité aux tables rondes initiées par l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU au Sahara.

Quand l’ancien président allemand et ancien envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU au Sahara, Horst Köhler, a innové en préconisant le format des tables rondes regroupant l’Algérie, le Maroc, le Polisario et la Mauritanie, l’objectif réel de cette initiative, expérimentée à deux reprises à Genève, en 2018 et 2019, visait en fait à mettre l’Algérie devant ses responsabilités en tant que principal créateur de ce conflit artificiel.

Car Köhler a bien compris que dans le conflit du Sahara, l’Algérie et le Polisario ne forment qu’une seule pièce dont les deux faces sont frappées par le régime algérien. C’est la junte algérienne qui fait obstacle à toute solution du conflit.

D’ailleurs, la délégation marocaine présente à New York, en ripostant vendredi 23 septembre à son tour avec un autre droit de réponse, a démontré comment «l’Algérie elle-même se déclare partie principale à ce différend régional. Il convient de rappeler que dans sa lettre de novembre 1975, au Conseil de Sécurité, l’ancien ambassadeur algérien à l’ONU a déclaré que les parties concernées et intéressées dans l’affaire du Sahara sont l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie. Cela est consigné dans le document S/11880 du Conseil de Sécurité, pour qui veut le consulter».

Plus récemment, «l’Algérie est mentionnée à 5 reprises dans toutes les dernières résolutions du Conseil de Sécurité, y compris la résolution 2602 d’octobre dernier. Elle est mentionnée le même nombre de fois que le Maroc, et le Conseil fait d’elle une partie principale à ce différend», ajoute la délégation marocaine.

De même, dans sa réaction au discours de Aziz Akhannouch, le régime algérien est également tombé dans deux travers. D’une part, il a renouvelé son refus, incompréhensible pour la communauté internationale, de tout recensement des populations sahraouies des camps de Tindouf, le conditionnant à l’organisation d’un référendum, une option définitivement enterrée depuis plusieurs années par le Conseil de sécurité de l’ONU

D’autre part, la junte algérienne nie tout lien du Polisario avec le terrorisme, alors qu’en septembre 2021, la force française Barkhane, déployée à l’époque au Mali, a tué le terroriste Adnan Abou El Walid Essahraoui, qui n’est autre qu’un ancien chef militaire du Polisario, devenu chef de l'Etat islamique dans le Grand Sahara.

Cette nouvelle montée d’adrénaline du régime algérien à l’Assemblée générale de l’ONU, ne manquera pas d’atteindre la Ligue arabe. Le régime algérien essaie, tant bien que mal, de baisser l’intensité de son hostilité maladive envers le Royaume du Maroc, dans l’espoir de sauver le sommet de la Ligue arabe. Mais chassez le naturel, il revient au galop...

Par Mohammed Ould Boah
Le 25/09/2022 à 08h26