36e anniversaire du "Printemps berbère": la Kabylie sous haute tension

Deux marches populaires ont lieu ce mercredi 20 avril au centre-ville de Tizi Ouzou, capitale de la Kabylie.

Deux marches populaires ont lieu ce mercredi 20 avril au centre-ville de Tizi Ouzou, capitale de la Kabylie. . Le360 : Adil Gadrouz

Deux marches populaires ont lieu, ce mercredi 20 avril, au centre-ville de Tizi Ouzou, pour commémorer le 36e anniversaire du «Printemps berbère». Le pouvoir algérien est sur le gril.

Le 20/04/2016 à 12h13

Ce mercredi 20 avril coïncide avec le 36e anniversaire du «Printemps berbère», appellation donnée à la révolte qui s'est déclenchée en 1980 pour revendiquer le droit du peuple kabyle à l’autodétermination. A cette occasion, deux marches populaires se déroulent, ce mercredi, au centre-ville de Tizou Ouzou, capitale du territoire kabyle non autonome. La première est organisée par le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) de Mohcine Belabbas (SG) et Saïd Saâdi (président fondateur). La seconde est initiée par le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK).

Les échos provenant de la Kabylie font état d’une série d’arrestations de militants du RCD et du MAK par les forces de police. Dans un communiqué, diffusé aujourd’hui même, le RCD accuse le pouvoir de «provocation» et considère que «la vulgarisation de la conscience citoyenne par le RCD, qui a toujours su contrecarrer politiquement et pacifiquement les tromperies du pouvoir, semble être la raison de cette panique générale devant la mobilisation des militants du Rassemblement».

Mais, selon les observateurs de la scène politique algérienne, ce n’est pas tant les militants du RCD que ceux du Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie qui sont dans le viseur des autorités algériennes. Plus encore, le pouvoir «booste indirectement le RCD, par une répression ciblée, pour l'aider à ravir la vedette au MAK».

Pour s’en apercevoir, il suffit de constater la sévère mise en garde que le Premier ministre algérien Abdelmalek Sellal a adressée expressément au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, estimant que «l’unité nationale» en Algérie est «une ligne rouge». 

Autre sujet de préoccupation pour le pouvoir algérien, l’activisme croissant du Gouvernement provisoire kabyle (GPK), notamment son président Ferhat Mehenni qui vit en exil (France). Fer de lance des revendications «indépendantistes» kabyles, celui-ci multiplie les interventions sur les plateaux de télévision (France24), les tribunes hexagonales, comme c’était le cas dimanche dernier dans les colonnes de la revue «La règle du jeu» du philosophe Bernard-Henri Lévy. Le soutien apporté expressément par BHL au combat des Kabyles, «un peuple sans Etat», à l’instar des Kurdes, a suscité des réactions virulentes au sein de l’establishment algérien, relayées à grand renfort de manchettes par les journaux à la solde du régime de Bouteflika.

L’intervention du Premier ministre Sellal dénote la panique du régime algérien tout entier face à cette montée en puissance du MAC et du GPR, aujourd’hui plus que jamais déterminés à en découdre avec l’establishment algérien pour obtenir le droit du peuple kabyle à disposer de lui-même.

Par Ziad Alami
Le 20/04/2016 à 12h13