Vidéo. Santé de Bouteflika: le diagnostic improbable du président Hollande

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La rencontre qui a réuni le chef de l’Etat français et son homologue algérien n’aura duré que deux heures. Pas beaucoup, mais assez pour que le président Hollande (nous) rassure sur «la grande maîtrise intellectuelle» du président-fantôme ! Diagnostic.

Le 17/06/2015 à 16h36

Une vidéo digne de la belle époque du sourd-muet court sur la Toile. Durée: 1 minute, ni plus ni moins. Lieu : Zéralda, à côté d’Alger, plus précisément dans une résidence médicalisée. C’est là que le président Bouteflika a reçu son illustre hôte français, le président Hollande. Pas une seule parole, pas un seul sourire, juste un regard éteint du chef de l’Etat algérien. L’image parle d’elle-même et elle se passerait de tout commentaire. Pourtant, ce n’est pas de cet œil inquiet que le président Hollande le voit. «Le président Bouteflika m’a donné une impression de grande maîtrise intellectuelle et même c’est rare de rencontrer un chef d’Etat qui a cette alacrité, cette capacité de jugement (…) La qualité de la discussion que nous avons eue pendant près de deux heures était particulièrement intense et particulièrement élevée», a diagnostiqué le chef de l’Elysée, en apportant cette précision nécessaire: «Je ne suis pas médecin» ! Précision qui sonne comme un lapsus révélateur, pour rester dans le jargon psychosomatique.

Remarquez que l’analyse clinicienne du président Hollande est truffée de termes emphatiques : «Grande maîtrise intellectuelle», «C’est rare de rencontrer un chef d’Etat qui a cette alacrité, cette capacité de jugement », «Il a toutes les capacités et il l’a montré, pour apporter sa sagesse et son jugement pour régler les crises du monde»! «Crises du monde», voilà qui est bien curieux! D’autant plus curieux que le président en fauteuil roulant a disparu des écrans radars depuis avril 2014, date qui a marqué sa reconduction pour un quatrième mandat à la tête de l’Etat algérien. D’autant plus curieux que les bulletins de santé du locataire du Palais El Mouradia le donnent souffrant d’un fâcheux AVC depuis 2013. D’autant plus curieux encore que rien n’a été dit sur « l’enjeu » de la visite éclair du président Hollande en Algérie, en dehors de cette précision ques les autorités françaises ont cru nécessaire d’apporter : le président Hollande veut «honorer» une invitation du président Abdelaziz Bouteflika.

«Mais que vient faire le président Hollande en Algérie?», s’interrogeait le quotidien algérien Al Watan, à la veille de son arrivée à Alger. Bonne question, sur laquelle aucun observateur lucide ne peut faire l’impasse sous risquer de passer à côté de ce qui se passe en Algérie. Parlons clair, parlons vrai : le président Bouteflika est gravement malade. Et c’est dans un contexte algérien explosif qu’intervient la visite du président Hollande. La guerre de succession de Bouteflika fait rage entre, d’un côté, le clan présidentiel (Saïd Bouteflika, frère du président, Abdelmalek Sellal, Premier ministre, et Amar Saâdani, patron du FLN), et de l’autre, une opposition conduite et manoeuvrée par les services algériens de renseignement.

Face à cette guerre de tranchées, l’Algérie continue de sombrer dans une crise économique sans précédent, aggravée par le plongeon des cours de pétrole faisant à nouveau planer le spectre des violentes émeutes des années quatre-vingts, pour ne pas parler de la tristement célèbre décennie noire des années 90.

Par Ziad Alami
Le 17/06/2015 à 16h36