Vidéo-Diapo. Algérie: Gaïd Salah, principale cible des manifestants

DiaporamaLe vendredi 25 avril dernier, qui a marqué la dixième semaine des manifestations anti-système en Algérie, constitue un tournant. Désormais, le face-à-face entre le peuple et le général Ahmed Gaïd Salah se précise. Et les derniers slogans scandés par la rue sont sans équivoque.

Le 28/04/2019 à 13h53

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Depuis le déclenchement de la contestation populaire en Algérie, le 22 février dernier, le chef d’état-major de l’armée algérienne et vice-ministre de la Défense au sein du gouvernement, ne cesse de jouer au pompier pour tenter de sauver le système militaro-affairiste qui régente l’Algérie depuis son indépendance en 1962. Gaïd Salah s’est même érigé en homme fort du pays après avoir «activé» la constitution pour «démissionner» Abdelaziz Bouteflika et son gouvernement, puis «neutralisé» ce qu’on nommait le clan présidentiel, y compris ses hommes d’affaires.

Mais la feuille de route que l’autoproclamé nouvel homme fort de l’Algérie a concoctée, pour mener l’Algérie vers une nouvelle présidentielle maîtrisée par l’armée, a été massivement rejetée le vendredi 25 avril dernier par les manifestants algériens, toujours fortement mobilisés dans toutes les villes du pays.

En réponse au dernier discours de ce général que Bouteflika avait tiré du néant en 2004, des millions d’Algériens lui ont ainsi clairement signifié qu’il est, lui-même, le maillon principal d’«El 3isaba» («la bande») qui a détruit le pays et contre laquelle le peuple s’engage à rester fortement mobilisé.

Gaïd Salah, en considérant dans son intervention retransmise à la télévision, le 23 avril dernier, que la présidentielle du 4 juillet 2019 est un «passage obligé, avec Bensalah chef de l’Etat, et Bedoui Premier ministre», s’est vu répondre par les manifestants qu’il n’y a qu’un seul «Gaïd» (un «dirigeant») en Algérie: le peuple. Et que ce dernier ne veut plus du chef d’état-major, comme scandé par les manifestants et les nombreuses banderoles sur lesquelles on pouvait lire, entre autres, «Gaïd Salah dégage!» ou encore: «L’armée est la nôtre, Gaïd nous a trahis»… 

C’est ce qui fait dire à certains médias algériens que le général Gaïd Salah «en a pris pour son grade», suite à ses vaines manœuvres et tentatives de diviser ou d’affaiblir le mouvement de protestation, faute de pouvoir gagner sa sympathie.

Surtout que sa purge contre plusieurs symboles du pouvoir économico-politique, emprisonnés ou convoqués par la justice, n’a pas eu l’effet escompté auprès des contestataires du système. Ces derniers ne veulent pas d’une vengeance ou règlement de comptes entre clans du système, mais réclament bel et bien la fin du système que le chef d’état-major incarne autant que le clan Bouteflika. «Hada Ecchaab la yourid el Gaïd wa Saïd (le peuple ne veut ni Gaïd Salah, ni Saïd Bouteflika)», clamaient déjà les slogans lors de la première manifestation anti-système en Algérie.

Il reste à savoir si le général Gaïd Salah va regarder cette nouvelle réalité en face et concéder, enfin, aux manifestants algériens le «Je vous ai compris» qu’ils attendent avec impatience, et qui serait synonyme de son départ et du début d’une nouvelle ère en Algérie. Très peu de facteurs le laissent penser, d'abord et avant tout parce que le chef d’état-major se comporte comme un chef d’Etat qui s'apprête sans doute à passer outre les revendications des manifestants.

Par Mohammed Ould Boah
Le 28/04/2019 à 13h53