Vidéo. Crise des pétroliers: Téhéran prévient Londres qu'il "protégera" le Golfe

Le président iranien Hassan Rohani (à droite) lors d'une rencontre à Téhéran le 22 juillet 2019 avec le Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi. 

Le président iranien Hassan Rohani (à droite) lors d'une rencontre à Téhéran le 22 juillet 2019 avec le Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi.  . DR

Le 24/07/2019 à 08h10

VidéoTéhéran a adressé hier, mardi 23 juillet, un avertissement à Boris Johnson, tout juste désigné pour devenir le nouveau Premier ministre britannique, en affirmant que l'Iran comptait bien protéger le Golfe, en pleine crise des tankers entre la République islamique et le Royaume-Uni.

La télévision iranienne a diffusé hier, mardi, des images des 23 membres de l'équipage du Stena Impero retenus à bord du navire ancré en face du port de Bandar Abbas (sud). On y voit les marins, majoritairement indiens, assis autour d'une table ou s'adonnant à des tâches quotidiennes.

"Nous avons 1.500 miles (plus de 2.400 km) de côte sur le golfe Persique. Ce sont nos eaux et nous les protégerons", a écrit le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif sur Twitter.

Disant féliciter Boris Johnson pour son accession au 10, Downing Street, Mohammad Jawad Zarif rappelle la position de Téhéran selon laquelle les Iraniens sont "responsables de la sécurité et de la liberté de navigation dans le golfe Persique".

Le site Internet du gouvernement avait cité plus tôt des propos similaires tenus par le président iranien Hassan Rohani lors d'une rencontre avec le Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi.

Région stratégique pour l'approvisionnement mondial en pétrole, le Golfe traverse une nouvelle période de turbulences.

Celles-ci sont liées à l'exacerbation des tensions entre Téhéran et Washington depuis le retrait unilatéral américain, en mai 2018, de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015.

Depuis mai, des sabotages et attaques de navires dans le Golfe -imputées par les Etats-Unis à Téhéran, qui dément- ainsi que la destruction d'un drone américain par l'Iran ont encore fait monter la pression.

Avec la saisie vendredi dernier par l'Iran du Stena Impero, pétrolier suédois battant pavillon britannique, 15 jours après l'arraisonnement d'un navire-citerne iranien par les autorités britanniques au large de Gibraltar, la crise s'est compliquée.

Le Royaume-Uni est en effet un des trois Etats européens encore parties à l'accord de Vienne.

Selon Téhéran, une nouvelle "réunion extraordinaire" pour tenter de sauver ce pacte aura lieu à Vienne le 28 juillet entre les Etats parties (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni, Russie et Iran).

L'Union européenne, qui doit présider la réunion, a indiqué que celle-ci se tiendrait à la demande de Paris, Berlin, Londres et Téhéran.

Par l'accord de Vienne, Téhéran s'est engagé à ne jamais se doter de l'arme atomique et a accepté de brider son programme nucléaire et de subir un régime d'inspection très strict en échange d'un allègement des sanctions internationales qui asphyxiaient son économie.

Mais le rétablissement de sanctions américaines à partir d'août 2018 et la politique de "pression maximale" menée par Washington ont fait plonger l'économie iranienne dans une violente récession et privent le pays des bénéfices économiques qu'il escomptait du pacte.

Pour rester partie à l'accord, l'Iran exige de ses partenaires, et en premier lieu des Européens, qu'ils prennent des mesures efficaces pour garantir ses intérêts. Il demande qu'ils l'aident à contourner l'embargo américain, tout particulièrement en lui permettant de vendre son pétrole à l'étranger.

Pour contraindre les Européens à des mesures concrètes, il a commencé à s'affranchir de certains de ses engagements alors qu'il les avait jusque-là intégralement respectés, selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

L'Iran ne respecte ainsi plus la limite imposée par l'accord à ses réserves d'uranium enrichi (300 kg) et le plafond l'empêchant d'enrichir l'uranium à un degré de pureté supérieur à 3,67%.

Téhéran menace de franchir une étape supplémentaire début septembre si ses demandes ne sont pas remplies.

Le lundi 22 juillet dernier, le ministre britannique des Affaires étrangères Jeremy Hunt a annoncé vouloir mettre en place "aussi vite que possible" une "mission de protection maritime dirigée par les Européens" dans la région du Golfe.

Son homologue français Jean-Yves Le Drian a dit soutenir l'initiative et indiqué que Paris travaillait sur le projet en collaboration "avec les Britanniques et les Allemands".

Dans un entretien publié mardi, le contre-amiral Hossein Khazandi, commandant de la Marine iranienne, affirme que l'Iran observe de près à l'aide de drones "tous les navires ennemis" dès lors qu'ils entrent dans le Golfe.

Cité par l'agence semi-officielle Isna, le général de brigade Gholam Réza Jalali, commandant de la Défense passive iranienne, a estimé que la saisie du Stena Impero avait marqué "la fin de la domination britannique sur les mers".

En visite à Paris, le vice-ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi doit délivrer un "message écrit" de Hassan Rohani au président français Emmanuel Macron, selon Téhéran.

Jean-Yves Le Drian a indiqué avoir rencontré Abbas Araghchi et lui avoir dit que la France pousse "l'Iran à revenir dans l'accord de Vienne".

Le 24/07/2019 à 08h10