Vidéo. Attaque au couteau à Paris: l'assaillant était un Français né en Tchétchénie et suivi pour radicalisation

Khamzat Azimov, l'auteur de l'agression.

Khamzat Azimov, l'auteur de l'agression. . DR

L'auteur de l'attaque au couteau samedi soir à Paris revendiquée par Daech, dans laquelle un passant a été tué, est un Français de 20 ans né en Tchétchénie fiché pour radicalisation islamiste et dont un ami a été interpellé dimanche 13 mai dans l'est de la France.

Le 13/05/2018 à 18h57

L'assaillant est né en novembre 1997 en Tchétchénie. Cette République musulmane russe du Caucase a été le théâtre de deux guerres dévastatrices qui ont donné naissance à une rébellion islamiste, source importante de combattants dans les rangs des groupes jihadistes en Syrie et en Irak.

"Son père et sa mère ont été placés en garde à vue dimanche matin", a déclaré une source judiciaire. Le domicile familial, dans la capitale française, a été perquisitionné, sans qu'"aucun élément incriminant" ait été trouvé, a expliqué une source proche du dossier.

Le jeune homme, Khamzat A., selon les autorités françaises, a grandi dans une famille de réfugiés à Strasbourg (est), dans le quartier populaire d'Elsau où vit une importante communauté tchétchène, a souligné une source proche du dossier. C'est dans cette même ville qu'un de ses amis, également né en 1997, a été interpellé et placé en garde à vue dimanche, d'après une source judiciaire.

L'agresseur "n'avait pas d'antécédent judiciaire" mais figurait en revanche depuis 2016 sur le fichier "S" des services de renseignement français, ont révélé des sources proches de l'enquête. Le fichier "S" (risque d'atteinte à la "Sûreté de l'Etat") regroupe plus de 10.000 personnes dont pour moitié environ des islamistes radicaux ou des individus pouvant avoir un lien avec la mouvance terroriste.

Il est devenu Français "en 2010 suite à la naturalisation de sa mère", a déclaré Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement. Il avait également été inscrit au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation islamiste, mais "plutôt" en raison de "ses relations" que de "son propre comportement, ses agissements et prises de position", a assuré une source proche du dossier.

L'auteur de l'attaque avait été "entendu il y a un an par la section antiterroriste de la brigade criminelle car il connaissait un homme lui-même en lien avec quelqu'un parti en Syrie", a noté une source proche de l'enquête.

Un passant français, âgé de 29 ans, a été tué et quatre personnes blessées, dont un Luxembourgeois, par cet homme qui a crié "Allah Akbar!", ont raconté des témoins. Les blessés sont hors de danger.

Daech, qui a frappé plusieurs fois en France depuis 2015, a rapidement revendiqué l'attaque. "La France paye une nouvelle fois le prix du sang mais ne cède pas un pouce aux ennemis de la liberté", a réagi le président Emmanuel Macron sur Twitter.

Le Premier ministre Edouard Philippe a salué "l'exceptionnelle réactivité des forces de police", dont l'intervention en quelques minutes a permis d'éviter "un bilan plus lourd".

L'agression a eu lieu peu avant 21H00 (19h00 GMT) en plein cœur de Paris, dans le quartier de l'Opéra Garnier, un lieu touristique fait de bars, restaurants et théâtres très fréquenté le samedi soir.

"A ce stade et sur la foi d'une part de témoignages faisant état du fait que l'agresseur a crié Allah Akbar en attaquant les passants au couteau" et "compte tenu du mode opératoire, nous avons saisi la section antiterroriste du Parquet de Paris", a déclaré le procureur de la République François Molins, deux ans et demi après les attentats sanglants du 13 novembre 2015 qui avaient fait 130 morts dans la capitale française.

L'agresseur "s'est approché calmement, ça contrastait avec la panique qu'il y avait autour de lui, les gens qui criaient et couraient. Il a dit Allah Akbar, deux fois, tout doucement, c'était glaçant", a confié à l'AFP Romain, 34 ans, qui était sur les lieux du drame avec sa femme et son fils de six ans.

La grande mosquée de Paris a déploré "une attaque lâche et barbare qui ne peut se réclamer d'aucune religion et que nous condamnons fermement".

A droite et à l'extrême droite, on appelait l'Exécutif à la fermeté dans l'action contre le jihadisme. "Dans la guerre contre le terrorisme, les mots ne suffisent pas, il faut des actes", a écrit sur Twitter le président des Républicains (droite), Laurent Wauquiez. "Maintenant, nous attendons une information essentielle", a asséné sur le même réseau Marine Le Pen, la présidente du parti d'extrême droite Front national: "Par quelle filière ce terroriste islamiste et sa famille sont-ils présents sur notre territoire?"

Cette attaque porte à 246 le nombre des décès dus à des attentats sur le sol français depuis 2015. La France fait partie de la coalition militaire internationale intervenant en Syrie et Irak contre Daech. Dans sa revendication, Daech affirme que l'assaillant de Paris a agi "en représailles envers les Etats de la coalition".

Le 13/05/2018 à 18h57