Tunisie. Un directeur d'école coranique arrêté pour maltraitance

Mohamed Elkho-Le360

Les autorités tunisiennes ont annoncé l'arrestation du responsable d'une école coranique illégale accusé d'avoir maltraité 42 mineurs, alors que l'ONG Amnesty International s'est insurgée contre l'utilisation de tests anaux pour déterminer si certains avaient été victimes d'abus sexuels.

Le 05/02/2019 à 12h00

Le directeur de cet établissement de Regueb, près de Sidi Bouzid (centre-ouest), a été placé en garde à vue pour "violences" et "exploitation économique des enfants", qui devaient effectuer des travaux agricoles et de construction, a indiqué dimanche le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.

Les 42 mineurs concernés sont âgés de 10 à 18 ans, a affirmé le ministère, ajoutant que la police était intervenue le 31 janvier.

Un mandat de dépôt a en outre été émis contre un élève adulte de l'établissement pour viol contre un mineur de moins de 16 ans, a rapporté lundi le procureur du tribunal de première instance de Sidi Bouzid, Houcine Jerbi, qui n'a pas précisé l'âge de l'adulte.

Jerbi a également indiqué que selon des tests anaux effectués sur cinq enfants, deux d'entre eux auraient été victimes d'abus sexuels, sans préciser l'auteur présumé de ces abus.

Ce test, notamment utilisé pour établir l'existence de relations homosexuelles, est très critiqué parmi les médecins et condamné par le comité de l'ONU contre la torture.

Amnesty International a souligné que l'utilisation de ces tests constituait "une violation flagrante" des conventions sur les droits de l'enfant après que certains enfants ont indiqué à leurs parents en avoir subi un.

Dans un communiqué publié dimanche sur sa page Facebook, l'organisation a appelé à respecter les droits des enfants concernés, déplorant également qu'ils aient été placés dans un centre d'accueil sans passer devant un juge aux affaires familiales.

Retirés de l'établissement où ils vivaient dans l'insalubrité en compagnie d'autres élèves majeurs, les mineurs ont été placés dans un centre d'accueil à Tunis, à 250 km de Regueb, en attendant que la justice se prononce, a ajouté le ministère.

Les enfants, dont certains souffrent de la gale, étaient tous déscolarisés et se sont vus inculquer des idées extrémistes, d'après le ministère de l'Intérieur.

La déscolarisation des jeunes a atteint des taux inquiétants en Tunisie, notamment dans le centre marginalisé du pays. L'éducation publique, longtemps source de fierté et d'ascension sociale, a notamment pâti ces dernières années de problèmes de gestion et de formation du personnel.

Le 05/02/2019 à 12h00