Tunisie: le gouvernement Chahed obtient la confiance du Parlement

Le Premier ministre désigné Youssef Chahed (premier rang à droite) et plusieurs ministres du gouvernement au Parlement à Tunis, le 26 août 2016.

Le Premier ministre désigné Youssef Chahed (premier rang à droite) et plusieurs ministres du gouvernement au Parlement à Tunis, le 26 août 2016. . AFP STRINGER

Le nouveau gouvernement tunisien a obtenu, vendredi soir, une large majorité à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP, Parlement), au terme d'une marathonienne séance de vote de confiance ouverte dans la matinée.

Le 27/08/2016 à 08h01

Le gouvernement d'union nationale, conduit par le jeune politicien Youssef Chahed, a recueilli 167 voix sur les 217 possibles, le plus grand score d'un gouvernement en Tunisie depuis la révolution de 2011.

Vingt-deux députés ont voté contre et cinq autres se sont abstenus à la fin de débats parfois musclés sur les choix des ministres et le manque d’homogénéité entre les composantes de l'équipe gouvernementale.En juin dernier, le président Béji Caid Essebsi avait lancé l'initiative de la mise en place d'un gouvernement d'union jouissant de la cohésion la plus large pour faire face à l'actuelle crise multidimensionnelle en Tunisie. Ceci, en menant les réformes nécessaires à la relance de l'économie et à l'incitation de l'investissement, en plus de la stabilisation du front social.

Pour sa première déclaration sous l'hémicycle, en ouverture de cette longue journée, Youssef Chahed , chiffres à l'appui, a tenu un discours de vérité sur la situation économique et financière du pays, marquée par un net ralentissement de la croissance qui ne doit pas dépasser 1,5 % à fin 2016 contre des prévisions de 2,5 %, ainsi que la hausse vertigineuse de l'endettement extérieur,qui va s'élever à 62 % du PIB contre 21 % en 2010.

Le jeune politicien a cité aussi l'aggravation sans précédent du déficit budgétaire, qui doit s'établir à plus de 3,9 % à cause d'un trou de 2.900 millions de dinars imprévus, au moment où la monnaie locale poursuit sa dégringolade, au grand dam des exportateurs, doublée de la chute drastique des recettes du tourisme et du phosphate.

L'année 2017 "sera encore plus difficile" que l'actuel exercice pour la Tunisie, "si on ne fait rien" d'ici là en matière de réformes, a prévenu le tout nouveau Chef de gouvernement.

"Nous serons,alors amenés à suivre une politique d'austérité. C'est-à-dire que l'Etat se trouvera dans l'obligation de compresser les dépenses de santé et de sécurité sociale, de licencier des milliers de fonctionnaires, d'augmenter les impôts pour les citoyens et les sociétés et de suspendre les investissements de développement et d'infrastructures", a mis en garde Chahed.

Face à cette situation "exceptionnelle", le Chef de gouvernement a promis "des mesures exceptionnelles", à leur tête "la réhabilitation de la valeur du travail", "la hausse de la production et de la productivité" et "l'incitation de l'investissement national et étranger".

"Nous allons faire preuve de grande fermeté contre tous les sit-in illégaux et les rassemblements anarchiques", a-t-il averti en allusion aux grèves sauvages et aux protestations sociales ayant longtemps bloqué la production du phosphate et causé le départ de sociétés étrangères.

"Nous n'allons plus tolérer qu'un groupe prenne en otage une usine ou une unité de production", a-t-il ajouté, brandissant la menace de sanction contre les fonctionnaires "négligents".

A bientôt 41 ans, Yousef Chahed, un technocrate reconverti dans la politique au sein du parti de Nidaa Tounès (Appel de la Tunisie), a fait sa première entrée au gouvernement en tant que secrétaire d'Etat à la pêche, en février 2015, avant de devenir ministre des Affaires locales suite au remaniement de janvier 2016, sous la houlette du Premier ministre sortant Habib Essid.

Le 27/08/2016 à 08h01