Terrorisme: les États-Unis envisagent de renforcer leur présence militaire en Afrique

Forces spéciales américaines. 

Forces spéciales américaines.  . AFP

Les États-Unis envisagent de renforcer leur présence militaire en Afrique pour traquer les jihadistes de Daech qui cherchent à se repositionner après la chute de leur "califat" aux confins de la Syrie et l'Irak, selon plusieurs responsables américains.

Le 24/10/2017 à 08h23

Après la chute de Raqqa et de Mossoul, "l'Afrique est l'un des endroits où nous savons que l'ISIS espère renforcer sa présence", a indiqué lundi 23 octobre le chef d'état-major américain, le général Joe Dunford, utilisant une autre dénomination pour Daech ou l'État islamique (EI).

"Nous savons à quel point la Libye et le Sinaï sont importants pour l'EI. Nous savons à quel point ils ont essayé de s'établir en Afrique de l'Est et bien sûr, nous parlons maintenant de l'Afrique de l'Ouest", a-t-il ajouté au cours d'un point de presse consacré à l'enquête en cours sur l'embuscade ayant coûté la vie à quatre militaires américains le 4 octobre au Niger.

"Nous allons faire des recommandations au ministre" de la Défense Jim Mattis et au président Donald Trump "sur la répartition des unités nécessaires pour répondre au niveau de menace que nous évaluons", a poursuivi le chef d'état-major qui doit présider mardi à Washington une réunion avec les représentants militaires de 75 pays pour "discuter de la prochaine phase de la campagne militaire" contre l'EI.

Vendredi, le sénateur républicain Lindsey Graham avait été encore plus clair: "La guerre est en train de se déplacer. Nous allons assister à davantage d'actions en Afrique", avait-il déclaré à la presse à la sortie d'un entretien avec M. Mattis.

L'Afrique est déjà la deuxième zone d'intervention dans le monde des Forces spéciales américaines, après le Proche-Orient. Ces unités d'élite y sont chargées de former les militaires locaux à la lutte antiterroriste. Ils ne sont pas censés partir en mission avec les militaires locaux quand il y a un risque de combat, a souligné le général Dunford.

Mais ces règles d'engagement "vont changer dans le cas des opérations antiterroristes", a prévenu Lindsay Graham, laissant entendre que les soldats américains sur le terrain seraient autorisés à tirer les premiers sur des "cibles terroristes", ce qui n'est pas le cas actuellement.

La guerre "est en train de se déplacer", a confirmé le général Dunford lundi. "Je ne suis pas sûr qu'on puisse dire qu'elle se déplace vers l'Afrique seulement. Nous sommes confrontés à un défi qui s'étend de l'Afrique de l'Ouest à l'Asie du Sud-Est".

"Je pense que l'ISIS va tenter d'établir une présence physique ailleurs qu'en Irak ou en Syrie, maintenant qu'ils ont perdu leur califat de Raqqa et Mossoul", a-t-il expliqué. "C'est bien pourquoi nous conduisons les sortes d'opérations que nous avons au Niger, pour nous assurer que les forces locales ont la capacité de l'empêcher."

Les États-Unis soutiennent l'opération militaire française Barkhane dans cinq pays du Sahel (Mauritanie, Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso), laissant à la France la tâche de mener le combat contre les groupes islamistes radicaux dans cette région avec les alliés africains.

Les États-Unis apportent notamment du ravitaillement aérien pour les avions français et échangent du renseignement avec les Français.

Même si la présence de soldats américains en Afrique est peu connue de l'opinion publique américaine, les États-Unis ont 6.000 hommes déployés dans 53 pays du continent, notamment au Tchad, en République démocratique du Congo, en Éthiopie, en Somalie, en Ouganda, au Rwanda et au Kenya.

Les effectifs des forces spéciales américaines varient fréquemment car leurs missions sont courtes, mais au moment des faits, 800 d'entre eux étaient déployés au Niger, ce qui en fait la force américaine la plus importante en Afrique. Malgré l'embuscade de début octobre, "notre intention est de continuer les opérations là-bas", a assuré le général Dunford.

Le 24/10/2017 à 08h23