Polémique: une université parisienne diffuse à ses salariés une fiche pour détecter la radicalisation des élèves

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L’Université de Cergy-Pontoise à Paris est au cœur d’un scandale depuis que ses professeurs ont reçu par email une fiche à compléter afin de mentionner «les signaux faibles de radicalisation» repérés chez des élèves. Le tollé est retentissant.

Le 15/10/2019 à 13h27

Réponse au discours d’Emmanuel Macron qui dénonçait l’hydre islamiste dans un discours au lendemain de l’attentant de la préfecture de police à Paris et appelait les Français à faire bloc?

Simple initiative personnelle d’un employé un peu trop zélé? Le président de l’université Cergy-Pontoise, François Germinet, reconnaît de son côté un message "extrêmement maladroit" que l’on doit à un fonctionnaire chargé de la sécurité et de la défense.

"Je ne l'accable pas. Il a cru bien faire car beaucoup de personnels viennent le voir pour lui demander quoi faire s'ils sont témoins de tels comportements, confie" François Germinet au Parisien. "Je m'excuse publiquement auprès des personnes qui ont été blessées."Celui-ci a en effet jugé bon, d’envoyer un formulaire sur "les signaux faibles de radicalisation", par email, aux 1800 salariés de l’université.

Sous forme de tableau excel, le document compile une liste de cas de figures auxquels les destinataires doivent répondre par "oui" ou "non".

Ainsi, parmi la soixantaine de signaux de radicalisation énumérés, "Absentéisme récurrent: aux heures de prière/le vendredi", "port d’une djellaba/port de pantalon dont les jambes s’arrêtent à mi-mollets", "port de la barbe sans moustache", "apparition du port du voile", "arrêt de la consommation d’alcool", "refus de l’autorité des femmes", "ne répond plus à ses emails/SMS", "arrêt de consommations de nourritures à base de porc", "consommation récente de produits hallals"…

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"Selon ce document, un acte terroriste ne peut être que le fait de musulmans! Ce genre de tableau ne peut que faire plaisir aux racistes et renforcer le racisme anti-musulman. Ça crée une ambiance de délation au travail", commente une professeure jointe par StreetPress.

Clément Carbonnier, professeur à l'université de Cergy, a quant à lui relayé "le message sur Twitter, provoquant immédiatement une vague d'indignation: "Mon premier réflexe a été d'écrire un tweet pour expurger ma colère, dans l'espoir de faire réagir les collègues, a-t-il expliqué à l'AFP. C'est totalement aberrant, j'ai honte."

Renaud Epstein, maître de conférences à Sciences Po Saint-Germain déclare quant à lui sur twitter: "la liste des "signaux faibles" qui y figure est sidérante. Si je devais l’utiliser pour une auto-analyse, j’aurais de bonnes chances de gagner un voyage gratuit à Guantanamo."

Par Leïla Driss
Le 15/10/2019 à 13h27