Mauritanie: l’«amendement constitutionnel» supposé plombe le dialogue

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Revue de presseLe dialogue tant attendu entre la majorité présidentielle et l’opposition mauritanienne n’a pas eu lieu. L’opposition radicale a préféré le boycott. La question de l’amendement éventuelle de la Constitution constitue une pierre d’achoppement entre les deux parties.

Le 18/09/2015 à 14h43

En Mauritanie, pouvoir et opposition, ont du mal à accorder leurs violons pour un dialogue politique sincère à même d’aider le pays à sortir de ses sempiternels problèmes politico-socio-économiques. Dernière tentative en date, l’appel au dialogue du pouvoir a été boycotté par l’opposition qui n’avaient pas obtenu les garanties nécessaires pour la réussite de cette concertation.

Du coup, ainsi que l’écrit le journal mauritanien «Le Calame»:"«Comme celles de 2005/2006 et de 2011, les journées de concertations, prélude à un dialogue politique national inclusif, ont vécu. Mais contrairement aux précédentes, celles de 2015 n’auront quasiment rassemblé qu’un seul bord politique». Il faut souligner que l’opposition radicale au pouvoir en place, faute d’avoir obtenu des garanties sur certains sujets, a préféré le boycott pur et simple. Du coup, le dialogue n’a réuni que la majorité présidentielle et des partenaires proches.

En huit jours, les interlocuteurs ont tenté de dresser les contours d’un agenda du futur dialogue prévu durant le mois d’octobre prochain. Et ce ne sont pas les thèmes de discussions qui manquent : démocratie, Etat de droit, unité nationale, langues nationales, inégalités sociales, foncier agricole, passif humanitaire, esclavage, etc. Et selon Le Calame: «Même si les participants ont eu le courage de mettre à nu les problèmes actuels que connaît le pays, on se croirait, à l’arrivée, toujours en 2011. Les recommandations des Assises de 2015 ressemblent, en effet, à s’y méprendre à celles de 2011 qui avaient réuni, autour d’une même table, le gouvernement, les partis de la majorité, ceux de la CAP… tandis que la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD) la boudait déjà».

A noter que les amendements constitutionnels n’ont pas réellement été abordés. En effet, l’opposition mauritanienne suspecte la majorité présidentielle de préparer un amendement de la Constitution en vigueur «afin de faire sauter la limitation du nombre de mandats (actuellement deux) du président de la République à deux (art 26) ou de modifier la nature même du régime, présumant , dernière hypothèse, un plan à la Poutine d’Ould Abdel Aziz», fait remarquer le journal. Malgré tout, l’opposition mauritanienne préfère rester prudente.

Concernant le parti au pouvoir, cette rencontre a été un peu un échec, selon Le Calame pour lequel «ces journées de concertations laissent comme un goût d’inachevé». L’opposition radicale quant à elle, a réussi son boycott et a même pu entraîner une partie de l’opposition dite modérée.

Reste à savoir si la majorité présidentielle saura sauver le dialogue, d'ici quelques jours, en apportant à l’opposition mauritanienne les garanties que celle-ci sollicite, notamment en ce qui concerne le non amendement de la Constitution.

Par Moussa Diop
Le 18/09/2015 à 14h43