Massacre à l'ambulance piégée à Kaboul: plus de 60 morts et 150 blessés

Des volontaires afghans viennent en aide aux victimes de l'explosion d'une ambulance piégée à Kaboul, le 27 janvier 2018.

Des volontaires afghans viennent en aide aux victimes de l'explosion d'une ambulance piégée à Kaboul, le 27 janvier 2018. . DR

L'explosion d'une ambulance piégée samedi dans le centre de Kaboul, revendiquée par les talibans, a fait au moins 63 morts et 151 blessés, semant terreur et désolation dans l'un des quartiers les plus animés de la capitale afghane.

Le 27/01/2018 à 13h49

"Le dernier bilan en notre possession est de 63 morts et 151 blessés", a annoncé Baryalai Hilali, le directeur de la communication du gouvernement afghan, prévenant que "ce bilan pourrait encore" s'alourdir "car certains blessés ont été hospitalisés dans un état critique".

"Le kamikaze a utilisé une ambulance pour passer les barrages. Il a déclaré au premier contrôle qu'il acheminait un patient vers l'hôpital Jamuriate" voisin, a expliqué à l'AFP Nasrat Rahimi, le porte-parole adjoint du ministère de l'Intérieur. "Au second barrage, il a été identifié et a fait exploser sa charge", a-t-il ajouté.

Débordés, les hôpitaux renvoient les patients d'un établissement à l'autre. Celui de l'ONG italienne Emergency est contraint de les installer sur des matelas à même les pelouses.

L'attentat a été revendiqué par le porte-parole des talibans Zabihullah Mujahid sur WhatsApp: "un martyr a fait sauter sa voiture piégée près du ministère de l'Intérieur où se trouvaient d'importantes forces de police", a-t-il dit.

L'explosion, de très forte intensité, a littéralement secoué la capitale. Les fenêtres du bureau de l'AFP, situé à près de 2 km, ont tremblé. "Chicken Street", la rue des antiquaires proche, a vu ses vitres voler en éclats comme tous les quartiers à plusieurs centaines de mètres à la ronde.

Un photographe de l'AFP qui s'est immédiatement rendu sur place a pu voir de très nombreux corps de victimes ensanglantés, "morts et blessés" sur les trottoirs, que les riverains aidaient à évacuer.

De très nombreuses victimes, hommes, femmes, enfants, acheminées dans l'hôpital Jamuriate, étaient traitées dans les couloirs submergés, a-t-il observé.

"J'ai vu des mares de sang", a confirmé un témoin qui s'était évanoui sous la puissance du souffle, au milieu des débris jonchant la chaussée.

"C'est un massacre", a réagi sur Twitter Dejan Panic, le coordinateur d'Emergency, accompagnant son message de photos sur lesquelles on peut voir les très nombreuses victimes allongées dans les couloirs, sous les préaux et, en plein soleil d'hiver, sur les pelouses de l'établissement. Emergency, spécialisée en chirurgie de guerre, fait savoir qu'elle ne peut accueillir davantage de patients.

"A l'hôpital Jamuriate, on nous a dit qu'ils y avait plein de morts et de blessés, ils nous ont renvoyés sur Emergency. Mais ici aussi ils sont débordés, ils n'ont plus de place. Ils demandent aux gens qui ne sont pas en danger de mort de trouver un autre hôpital" a raconté à la télévision Ariana News un homme qui amenait son frère blessé et a perdu son ami, boulanger.

La panique était totale. Un immeuble voisin de l'hôpital Jamuriate, haut de quelques étages et profondément lézardé, menaçait de s'effondrer, selon le photographe, et les médecins ont demandé aux civils d'aider à évacuer les blessés qui risqueraient d'être ensevelis.

L'attentat a eu lieu devant l'un des barrages protégeant l'accès à une avenue qui conduit à plusieurs institutions: des bureaux du ministère de l'Intérieur, le siège de la police, la délégation de l'Union européenne et le lycée pour filles Malalai.

Le Haut Conseil de la Paix, chargé des négociations - bloquées - avec les talibans, estimait avoir été la cible privilégiée. "Ils ont visé notre barrage. C'était énorme, toutes nos vitres sont soufflées", a indiqué à l'AFP un de ses membres, Hassina Safi. Les membres de la délégation européenne ont été rapidement mis en sécurité dans leur pièce sécurisée, a déclaré l'un d'eux à l'AFP.

Le scénario de l'ambulance est l'un des plus redoutés. Cependant un journaliste de l'AFP passé par cette rue une heure auparavant avait constaté que les ambulances qui se dirigeaient vers l'hôpital Jamuriate étaient systématiquement arrêtées aux barrages et contrôlées une par une, "le chauffeur attendant à côté" a-t-il précisé.

Le niveau d'alerte est extrême en ce moment à Kaboul, particulièrement dans le centre et le quartier diplomatique dont la plupart des ambassades et institutions étrangères ont été placées en "lock down" (sorties interdites).

Cet attentat est le troisième à frapper l'Afghanistan en une semaine après l'attaque le samedi 20 janvier de l'hôtel Intercontinental de Kaboul, revendiquée par les talibans, et celle mercredi des locaux de Save the Children à Jalalabad (est), revendiquée par Daech.

Le 27/01/2018 à 13h49