«Lettre d’un muslim libre à des muslims qui ne le seront plus»: Yassine Belattar réagit à la situation en Afghanistan

Yassine Belattar, humoriste et polémiste franco-marocain.

Yassine Belattar, humoriste et polémiste franco-marocain. . DR

Dans une lettre publiée sur les réseaux sociaux, l’humoriste et polémiste franco-marocain Yassine Belattar, bien connu également pour son engagement politique, a pris la plume pour réagir à la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan.

Le 17/08/2021 à 09h45

«Lettre d’un muslim libre à des muslims qui ne le seront plus...», c’est le titre d’une émouvante lettre postée sur Facebook dans laquelle Yassine Belattar, qui se présente comme un franco-marocain de 39 ans, vivant en France et ayant «la chance de voyager à travers le monde depuis (son) plus jeune âge», souhaite exposer son point de vue d’homme musulman sur la situation chaotique qui règne en Afghanistan.

L’humoriste engagé, prompt à dénoncer les amalgames qui nuisent à l'image des musulmans de France, prend cette fois-ci la plume après avoir découvert «avec tristesse les images de l’Afghanistan», et s’être senti «impuissant face à ces gens qui veulent fuir à tout prix ce pays».

«L’Etat de ce pays, à qui nous avions promis une démocratie et des libertés, est désormais proche du black out total», poursuit Belattar en accusant l’Occident de détériorer l’Orient. Et de rappeler qu’«imposer une démocratie reste techniquement une dictature».

Lettre d’un muslim libre à des muslims qui ne le seront plus... Je m’appelle Yassine Belattar, J’ai 39 ans et je suis...

Posted by Yassine Belattar on Monday, August 16, 2021

Toutefois, poursuit-il avec véhémence, «en tant que musulman», dans cette tribune qui vise, en fait, à ne pas faire d’amalgames entre talibans et musulmans, «j’invite tout ceux qui le sont à ne pas accepter que l’action politique et militaire qui a lieu actuellement se fasse au nom d’un Islam». Car « l’Islam ce n’est pas ça et ça ne le sera plus. L’Islam c’est une chose, agir à dessein en son nom ce n’est plus possible», martèle-t-il en décrétant que «laisser faire sans rien dire est une faute grave pour chaque musulman qui a le moyen de parler».

Condamnant fermement les talibans qui «aimeraient croire (que) nous avons des choses en commun», Yassine Belattar évoque par ailleurs le risque que ce pays devienne «un centre de formation à ciel ouvert (qui) accueillera toutes celles et tous ceux qui voudront s’entraîner à de funestes projets à l’encontre de pays qui les ont ostracisés durant de longues années par un traitement médiatique et politique qui perdure».

«C’est un boomerang de nos fractures de ces dernières années qui se prépare. Je sais d’où je parle et où nous en sommes ici. Etre musulman dans ce pays (la France) est très compliqué mais je pense à ces musulmans en Afghanistan pour qui ça sera même impossible», avertit-il en évoquant la difficulté de vivre la foi musulmane en France à l’heure où le débat sur la loi contre les séparatismes divise.

Et de conclure, «Marx disait que "les religions sont l’opium du peuple"... Les talibans financeront leurs visions de ma religion avec l’argent qui provient de la production d’opium... Ça c’est de l’ironie et une tragédie».

Enfin, le comédien invite «les musulmans à s’approprier ce combat qui doit être le nôtre, celui de ne pas laisser un peuple entier sombrer dans l’indifférence totale», car poursuit-il, «se taire c’est se renier».

Par Zineb Ibnouzahir
Le 17/08/2021 à 09h45