Les GI’s américains de nouveau dans les lieux saints de l'islam: un nouveau conflit?

GI's dans l'Est de l'Arabie saoudite, lors d'un exercice d'entraînement, en avril 2014. 

GI's dans l'Est de l'Arabie saoudite, lors d'un exercice d'entraînement, en avril 2014.  . AP

Il s'agira du premier déploiement des troupes américaines depuis leur retrait en 2003, après 12 ans de présence sur le territoire saoudien, durant deux guerres contre l'Irak. Le retour des GI’s, dans un contexte de fortes tensions avec l'Iran, annonce-t-il un nouveau conflit dans le Golfe?

Le 22/07/2019 à 07h48

C'est une première depuis qu'elles ont quitté l'Arabie saoudite en 2003: les troupes américaines vont faire leur retour dans ce royaume pétrolier du Golfe. 

"Le roi Salmane (...) a donné son accord pour accueillir des forces américaines afin d'accroître le niveau mutuel de coopération pour défendre la sécurité de la région et sa stabilité, et garantir la paix", a indiqué vendredi dernier le ministère de la Défense saoudien.

Cela "aura un effet dissuasif supplémentaire et renforcera notre capacité à défendre nos troupes et intérêts dans la région face à des menaces émergentes et crédibles", a indiqué le Centcom, l'état-major interarmées responsable des opérations militaires américaines dans le Golfe.

Mais pour Andreas Krieg, professeur au King's College à Londres, ce déploiement fait partie des "démonstrations de force et des efforts des Etats-Unis pour augmenter leurs options militaires en cas de frappe contre l'Iran".

Washington a accusé l'Iran d'une série d'actes de sabotage ou d'attaques ayant visé depuis mai six navires dans la région stratégique du Golfe, ce que Téhéran nie.

Vendredi, la tension est encore montée d'un cran, l'Iran disant avoir "confisqué" un pétrolier battant pavillon britannique dans le détroit d'Ormuz, après 24H de polémique avec Washington concernant un drone "iranien" que les Américains disent avoir détruit.

Les tensions entre Téhéran et Washington se sont envenimées depuis le retrait unilatéral américain de l'accord nucléaire de 2015 et le rétablissement des sanctions économiques américaines qui nuisent fortement à l'Iran.

Le nombre de troupes américaines qui seront déployées en Arabie saoudite n'a pas été dévoilé mais il s'agirait selon des médias américains de 500 soldats qui seraient stationnés sur la base aérienne Prince Sultan.

"500 soldats américains en Arabie saoudite, cela peut difficilement être considéré comme un renforcement (de troupes), en particulier quand on pense à une guerre avec l'Iran", juge Andreas Krieg.

"Ces soldats sont là pour préparer la base aérienne Prince Sultan pour un déploiement potentiel d'un escadron aérien", estime-t-il.

Jusqu'à 200 appareils américains étaient stationnés sur la base Prince Sultan, à environ 80 km au sud de Ryad, au pic des opérations entre 1991 et 2003.

Selon des experts, le déploiement annoncé est destiné à renforcer les liens -particulièrement en matière de défense- entre Washington et Ryad, qui ont connu des tensions cette année.

"Les Saoudiens (...) sont en train de dire: si vous restez avec nous, nous restons à vos côtés", explique James Dorsey, chercheur au S. Rajaratnam School of International Studies de Singapour.

"Les Américains essaient de dire: vous pouvez compter sur nous", poursuit-il.

L'administration du président américain Donald Trump est sous pression au Congrès pour avoir répondu de façon trop conciliante, selon plusieurs de ses membres, à l'assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat saoudien à Istanbul en octobre dernier.

En visite jeudi sur la base aérienne de Prince Sultan, le chef du Centcom, le général Kenneth McKenzie, s'est engagé à "travailler énergiquement" pour assurer la sécurité du transport maritime dans le Golfe.

Sa visite est survenue au lendemain du blocage par la Chambre des représentants des États-Unis d'une vente d'armes de 8,1 milliards de dollars au royaume saoudien et à d'autres alliés, une décision à laquelle le président Trump devrait probablement opposer son veto.

Le Congrès américain avait déjà approuvé début avril une résolution exhortant Donald Trump à cesser toute assistance à la coalition menée par l'armée saoudienne, qui intervient depuis 2015 dans la guerre au Yémen contre des rebelles proches de l'Iran.

Depuis l'intervention de la coalition, le conflit a fait près de 10.000 morts et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", avec des millions de personnes au bord de la famine, selon l'ONU.

En dépit des critiques, Donald Trump loue ses excellentes relations avec le prince héritier Mohammed Ben Salmane (surnommé MBS), homme fort du royaume saoudien qui est également ministre de la Défense.

Pour MBS, le déploiement de troupes américaines "sert à montrer que les Etats-Unis restent un important garant de la sécurité et engagés envers la sécurité de l'Arabie saoudite", souligne Andreas Krieg.

Selon lui, "il est important pour MBS (...) de montrer qu'il est un partenaire pertinent en matière de sécurité pour Washington", alors que quelque 35.000 soldats américains sont présents dans d'autres pays du Golfe, essentiellement au Qatar (10.000) ainsi qu'au Koweït et Bahreïn, siège de la Ve flotte américaine.

Le 22/07/2019 à 07h48