La Mauritanie prépare d’importantes manœuvres militaires au nord pour contrer l’aventurisme du Polisario

Des soldats de l'armée mauritanienne.

Des soldats de l'armée mauritanienne. . DR

La Mauritanie se prépare à lancer, dès la fin de cette semaine, d’importantes manœuvres militaires au niveau de sa frontière nord-ouest, limitrophe du Sahara marocain et de l’Algérie. A n’en point douter, c’est le défi sécuritaire posé par un Polisario aux abois qui serait derrière ces manœuvres.

Le 09/03/2021 à 18h27

D’importantes unités de l’armée mauritanienne sont déployées depuis lundi 8 mars 2021 dans le nord-ouest du pays, en prévision d’importantes manœuvres militaires qui auront lieu entre la fin de cette semaine et le début de la suivante.

Le choix de la zone où se dérouleront ces manœuvres n’est pas fortuit, puisqu’il s’agit de la frontière avec l’Algérie et avec la zone tampon du Sahara marocain, dans la région nord-ouest du Tiris Zemmour, où Nouakchott exploite d’importants gisements de minerais de fer. 

A part ce côté économique stratégique, le contexte dans lequel interviennent ces manœuvres est bien évidemment lié au tournant décisif qu’a pris le dossier du Sahara depuis l’automne 2020, avec l’intervention militaire des Forces armées royales à El Guerguerate, puis la reconnaissance de la marocanité du Sahara par les Etats-Unis. Une situation qui a rendu le Polisario plus que jamais menaçant pour les intérêts de la Mauritanie.

En effet, le rétablissement définitif de l’ordre sur le tronçon routier Maroc-Afrique, le 13 novembre dernier, arrange grandement la Mauritanie. Le Polisario a tenté de l’étouffer économiquement par son blocage du passage d’El Guerguerate pendant trois semaines et a de ce fait, créé des défis sécuritaires à la Mauritanie, matérialisés par les menaces du Polisario de l’impliquer militairement dans toute éventuelle escalade au Sahara.

En pleine crise du blocage du passage d’El Guerguerate, le chef du Polisario, Brahim Ghali, s’était d'ailleurs fendu d’une déclaration belliqueuse à l’égard de la Mauritanie. Il avait alors affirmé qu’en cas de nouvelle guerre au Sahara, "la Mauritanie ne sera pas épargnée, mais subira de plein fouet les contrecoups de la reprise des hostilités". 

Sachant que derrière le Polisario, il y a l’Algérie, ces menaces ont été prises très au sérieux par les autorités mauritaniennes, comme le prouvent d’ailleurs plusieurs de leurs actions et décisions durant ces trois derniers mois.

Ainsi, les autorités mauritaniennes ont procédé, le 6 janvier dernier, à la création d’une "zone de défense sensible", pour répondre à l’annonce par le Polisario de son retrait des accords de cessez-le-feu de 1991 avec l’ONU. Cette zone de défense sensible, décrétée par le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani lui-même, vise à empêcher toute infiltration des éléments armés du Polisario sur le territoire mauritanien.

Pour assurer le respect de cette zone d’exclusion militaire, le chef d’état-major général des armées mauritaniennes, le général de division Mohamed ould Meguett, se trouvait au même moment à Alger pour exiger de son homologue algérien, Said Chengriha, d’empêcher ses protégés du Polisario de violer ladite zone, instaurée par la Mauritanie.

D’ailleurs ce n’est pas la première fois que la Mauritanie réagit de la sorte contre le Polisario, puisqu’en juillet 2017, elle avait décidé de fermer toutes ses frontières avec l’Algérie, en décrétant tout le nord et le nord-est du pays "zone militaire", et ce, après avoir soupçonné des éléments armés du Polisario d’implication dans un trafic de drogue entre les camps de Tindouf et le Mali qui transitait par le nord de la Mauritanie.

Les manœuvres que prépare l’armée mauritanienne pour cette mi-mars, dans cette zone sensible du nord-ouest du pays sont considérées comme les plus importantes jamais exécutées, en solo, par l’armée mauritanienne. Trois régions militaires (Dakhlet Nouadhibou, Adrar, Tiris Zemmour, soit toute la moitié nord du pays) y participeront, en plus des unités d’élite: forces spéciales antiterroristes, commandos parachutistes (Essai’qa) et patrouilles aériennes. 

Pour rappel, la Mauritanie a accueilli sur son sol, en février 2020, le plus grand exercice militaire en Afrique (Flintlock 2020) tant par le nombre de soldats engagés que par celui du nombre de pays participants : Etats-Unis, France, Maroc, Nigéria, Allemagne, Niger, Espagne, Japon, Cameroun, Cap vert, Tchad, Italie, Canada, Brésil, Côte d’Ivoire, Norvège, Sénégal, Pays-Bas, Belgique, Autriche, Ghana, Pologne, Royaume-Uni, Portugal, Togo, Guinée, Mauritanie, Mali, Tchéquie, Burkina Faso Benin.

De telles manœuvres, en plus de la lutte effective contre les groupes terroristes au Sahel, ont permis à l’armée mauritanienne d’affûter sa combativité, de s’adapter au terrain et d’acquérir une expérience qui lui permettent d’anticiper les dangers venus de ses frontières nord.

Par Mohammed Ould Boah
Le 09/03/2021 à 18h27