La Lune redevient une destination prisée sous la présidence Trump

Dr

Boudée par l'ancienne administration Obama, la Lune semble redevenir avec la présidence Trump une destination prisée pour les futures missions d'exploration spatiale au-delà de l'orbite terrestre, encourageant des initiatives du secteur privé qui y voit un potentiel commercial prometteur.

Le 11/03/2017 à 10h47

Si M. Trump s'est peu exprimé sur le sujet, son entourage et d'anciens de la Nasa qui le conseillent ont fait savoir leur intérêt d'un retour sur la Lune dans le cadre de partenariats avec le secteur privé.

Le milliardaire Elon Musk, patron de SpaceX, et Jeff Bezos, riche propriétaire d'Amazon, qui a créé la société spatiale Blue Origin, ont rencontré plusieurs fois les conseillers de M. Trump après son élection.

"Il y a certainement un nouvel intérêt pour la Lune dans l'administration Trump", note John Logsdon, ancien directeur du Space Policy Institute à Washington.

Retour sur la LuneCertains des conseillers du nouveau président ont travaillé dans le programme Constellation de l'ancien président George W. Bush, qui prévoyait un retour sur la Lune comme une première étape avant une mission vers Mars.

Mais Barack Obama, jugeant Constellation trop coûteux, l'avait annulé, expliquant que les Etats-Unis étaient déjà allés sur la Lune et devaient se concentrer sur Mars.

"Ces personnes sont dans un sens encore en colère, estimant que cette décision a été une erreur", explique-t-il à l'AFP.

Selon John Logsdon, si "l'administration Trump parvient à sortir du chaos actuel et alloue un budget suffisant, nous verrons émerger un projet spatial ambitieux sur la Lune avec des partenariats entre secteurs publics et privés".

Eric Stallmer, président de la "Commercial Spaceflight Federation", qui représente le secteur du vol spatial privé, abonde dans ce sens.

"L'administration Trump veut faire quelque chose de spectaculaire et d'audacieux et la Lune est certainement l'idée", assure-t-il à l'AFP.

Des astronautes sur Mars à l'horizon des années 2030Il explique que le programme actuel de la Nasa encore en développement, le lanceur lourd "Space Launch System" et la capsule Orion pour acheminer des astronautes sur Mars à l'horizon des années 2030, "est très cher" et "ne peut se poursuivre sans des partenariats avec le privé" ainsi qu'avec un retour préalable sur la Lune.

La Nasa utilise déjà ce type de contrats avec, entre autres, SpaceX pour ravitailler la Station Spatiale Internationale (ISS) et à partir de 2018, y transporter des astronautes.

"Je sais que le secteur commercial est déterminé dans sa volonté et sa vision d'aller sur la Lune et au-delà", poursuit l'expert.

SpaceX a annoncé fin février avoir conclu un premier contrat pour envoyer deux touristes autour de la Lune fin 2018, sans préciser le tarif.

Auparavant la firme avait dit prévoir un vol non-habité vers Mars, la même année, en prélude à des missions habitées.

Construire un vaisseau et un atterrisseur lunaireJeff Bezos avait fait part en janvier, dans un document soumis à la Nasa et à l'équipe Trump, de l'intérêt de Blue Origin pour construire un vaisseau et un atterrisseur lunaire capables d'assurer un service de livraison de fret, et des modules d'habitat sur la Lune. Le tout en coopération avec la Nasa.

Dans ce projet, révélé début mars par le Washington Post, dont M. Bezos est propriétaire, ce dernier explique que cela devrait contribuer "à établir des colonies lunaires", estimant "que le temps est venu pour un retour de l'Amérique sur la Lune et cette fois pour y rester".

Le parlementaire républicain d'Oklahoma, Jim Bridenstine, pressenti pour diriger la Nasa, a récemment salué une coopération entre l'agence et le privé pour retourner sur la Lune, expliquant que "le grand intérêt d'un tel retour est l'eau".

Des milliards de tonnes de glaceLes pôles lunaires contiennent des milliards de tonnes de glace dans des cratères.

Avec cette eau, de l'oxygène et de l'hydrogène liquide pourront être produits pour fabriquer le carburant des fusées utilisées à l'avenir pour aller sur Mars, a-t-il expliqué, voyant la Lune qui est privée d'atmosphère, comme une base industrielle avancée pour explorer le système solaire.

Le sol lunaire est aussi riche en hélium 3, rare sur Terre, qui pourrait être à l'avenir le carburant des centrales nucléaires à fusion contrôlée. Les terres rares, qui sont dix-sept éléments chimiques utilisés dans les appareils électroniques, y seraient également abondantes.

Le succès du concours de la Google Lunar XPrize Foundation, qui vient d'annoncer les cinq finalistes, dont la société américaine Moon Express, témoigne aussi de l'engouement lunaire.

Un prix de vingt millions de dollars est offert à qui parviendra le premier à poser un robot sur la Lune.

Le 11/03/2017 à 10h47