Incendies en Grèce: le bilan s'alourdit

Des habitants tentent d'éteindre une maison en flammes à Mati.

Des habitants tentent d'éteindre une maison en flammes à Mati. . DR

Les pompiers grecs ont poursuivi mercredi les recherches sur la côte orientale d'Athènes, frappée par des incendies qui ont fait au moins 81 morts, dont au moins quatre touristes étrangers, alors que montaient les critiques sur la gestion de cette catastrophe.

Le 26/07/2018 à 07h56

Les pompiers grecs ont poursuivi mercredi les recherches sur la côte orientale d'Athènes, frappée par des incendies qui ont fait au moins 81 morts, dont au moins quatre touristes étrangers, alors que montaient les critiques sur la gestion de cette catastrophe.

Le bilan humain de ces feux, les plus meurtriers du siècle après ceux d'Australie en 2009, s'est alourdi à 81 morts, a annoncé dans la soirée la porte-parole des pompiers, Stavroula Maliri. Parmi eux figure un jeune marié irlandais, a indiqué l'ambassade d'Irlande en Grèce. Selon la presse britannique, le couple, marié jeudi dernier, était en voyage de noces quand leur voiture a été prise dans les flammes. L'épouse, Zoe, a pu gagner la plage, mais elle souffre de brûlures à la tête et aux mains.

Jusque là, trois autres touristes ont été recensés parmi les victimes: deux Polonais, une mère et son fils, et un Belge, dont la fille adolescente a été sauvée. Onze blessés restaient par ailleurs dans un état critique. Les pompiers continuent de ratisser le secteur, à la recherche d'éventuelles nouvelles victimes. Vu l'état des corps, il est possible que "des disparus figurent parmi les victimes découvertes", a souligné Mme Maliri.

L'identification des défunts devrait désormais s'accélérer: Mme Maliri a appelé dans la soirée les proches des disparus à se rendre au service de médecine légiste, pour "information sur la procédure". Autorités et volontaires s'organisaient par ailleurs pour venir en aide aux sinistrés, qu'ils aient perdu proches, maisons ou emplois, parfois tout. Un premier inventaire a déjà recensé plus de 300 maisons et magasins détruits ou sérieusement endommagés.

A entendre leurs témoignages, le sort des habitants s'est souvent joué à pile ou face, sur une décision de fuir ou de rester calfeutrés, de partir vers la mer ou en sens inverse, de choisir, ou non, la bonne route conduisant à la plage et non au bord de la falaise à-pic. "Beaucoup de rescapés souffrent de stress post-traumatique", a souligné un responsable du ministère de la Santé, Theophilos Rozenberg. Le ministère a déployé des cellules psychologiques mais aussi des équipes sanitaires, alors que l'alimentation en eau et électricité reste perturbée. Au gymnase de Rafina, transformé en centre de secours, l'élan de solidarité enclenché dès mardi faisait affluer nourriture, médicaments et vêtements.

Passé le premier choc, une polémique s'est engagée sur la gestion de cette catastrophe. Le gouvernement, qui a déclaré un deuil de trois jours, a annoncé mercredi soir un catalogue de mesures: indemnisations, -- par exemple 10.000 euros pour la perte d'un proche parent, 5.000 euros pour une maison détruite -- prise en charge des orphelins, exemptions fiscales... jusqu'au rattrapage de points au concours universitaire pour les victimes.

Le porte-parole, Dimitris Tzanakopoulos, a annoncé aussi la création d'un compte spécial ouvert aux dons, notamment étrangers, et abondé dans un premier temps à hauteur de 40 millions d'euros par l'Etat grec pour le réaménagement de la zone et autres actions de soutien. Le Premier ministre Alexis Tsipras a très vite souligné à quel point le phénomène avait été "extrême", et M. Tzanakopoulos a mis l'accent sur la simultanéité lundi de "15 départs de feu sur trois fronts différents" en Attique. Le grand quotidien d'opposition Ta Nea n'en critique pas moins "l'incapacité (...) et l'échec du gouvernement à protéger ses citoyens à quelques km d'Athènes" et appelé à désigner les fautifs.

Les experts mettent en cause le manque de prévention et de sensibilisation des populations au risque, une des plaies chroniques du pays. "J'ai vu les flammes sur la colline de Penteli en face. Mais le personnel ne semblait pas s'inquiéter. Ils nous ont dit que c'est comme cela chaque année mais que le feu ne descend jamais jusqu'à la mer", a ainsi raconté Debbie Vinzani, une touriste américaine en vacances à Mati. "On n'a pas eu le temps" de mettre en marche le plan d'évacuation, à cause de la vitesse du vent, a plaidé un haut responsable de la Protection civile auprès du quotidien Kathimerini. "Nous savons très bien que le changement climatique crée de plus en plus des conditions météo extrêmes", raison de plus se préparer, jugeait Kostis Kalambokidis, expert en catastrophes naturelles.

Le commissaire européen Chrístos Stylianídes, responsable de l'aide humanitaire, accouru mardi soir, a aussi mis en garde contre les retombées en Europe du changement climatique, relevant que la vague de feux sur le continent touche jusqu'à la Suède. Mercredi, l'Attique connaissait une accalmie des feux, avec comme seul front encore actif depuis lundi un incendie au-dessus de Kineta, à 50 km dans l'ouest d'Athènes.

Le 26/07/2018 à 07h56