Géopolitique. Ryad et Abou Dhabi prennent langue avec leurs pires ennemis

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Les hommes forts d'Arabie saoudite et des Emirats arabes unis, piliers de la coalition anti-rebelles Houthis au Yémen, ont reçu les dirigeants du parti Al-Islah, malgré l'hostilité de Ryad et d'Abou Dhabi à cette formation...liée aux Frères musulmans.

Le 14/12/2017 à 09h00

Cette rencontre inédite a eu lieu dans la nuit de mercredi à jeudi et a permis, selon l'agence officielle saoudienne SPA, aux trois parties de "passer en revue la situation au Yémen et les efforts destinés à rétablir la sécurité et la stabilité pour le peuple yéménite".

Elle a mis en présence le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, celui d'Abou Dhabi, Mohammed ben Zayed, et les deux plus hauts dirigeants d'Al-Islah, son président, le colonel Mohammed Abdallah al-Yadoumi, et son secrétaire général, Abdel Wahab Ahmad al-Anasi, selon SPA.

Al-Islah, parti islamiste sunnite, était puissant avant la conquête en 2014 de la capitale yéménite Sanaa par les Houthis, soutenus par l'Iran et alliés aux forces de l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Plutôt que de combattre, les militants d'Al-Islah ont opté pour la clandestinité.

La rencontre de Ryad est intervenue dix jours après la mort d'Ali Abdallah Saleh, tué par ses anciens alliés, les rebelles chiites Houthis, après une ouverture de sa part en direction de l'Arabie saoudite.

Le mouvement Al-Islah est lié à la confrérie des Frères musulmans. Il fait partie théoriquement de la coalition anti-rebelles, mais a été très peu impliqué dans les combats qui opposent les partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par Ryad et Abou Dhabi, aux rebelles Houthis.

Si l'Arabie saoudite n'a pas coupé tout contact avec les partis liés aux Frères musulmans, les Emirats arabes unis mènent une politique de "tolérance zéro" vis-à-vis de ce courant jugé proche du Qatar. Une grave crise oppose depuis six mois l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte d'un côté et le Qatar de l'autre, motivée essentiellement par l'accusation contre Doha d'être proche des Frères musulmans. L'Arabie saoudite et les Emirats ont classé les Frères musulmans comme une "organisation terroriste".

Des forces d'Al-Islah sont présentes notamment dans la province de Marib, à l'est de Sanaa, selon des sources militaires. Dans la crise du Golfe, de nombreux militants d'Al-Islah ont pris position en faveur du Qatar.

Le 14/12/2017 à 09h00