Gambie: Cafouillage autour de dix gardes du corps qu'aurait affectés Macky Sall à Adama Barrow

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Au domicile d'Adama Barrow, une dizaine de gardes du corps sénégalais seraient visibles. Bien qu'en tenue civile, il s'agirait de gendarmes selon un hebdomadaire basé à Paris, ce que dément catégoriquement la gendarmerie. Le gouvernement y montrerait-il sa détermination à protéger ses intérêts?

Le 15/12/2016 à 09h55

Kiosque le360afrique. Dès le revirement de Yahya Jammeh, Mankeur Ndiaye, le ministre des affaires étrangères l'a dit sur un ton très solennel: "Nous demandons au président gambien sortant de faire tout ce qui est nécessaire pour protéger le président élu".

Se doutant que tout pouvait arriver avec l'imprévisible Yahya Jammeh, le gouvernement sénégalais aurait pris les devants dès l'annonce des résultats le 2 décembre. C'est semble-t-il trois jours plus tard qu'il a dépêché auprès d'Adama Barrow, le futur président gambien, une dizaine de gardes du corps habituellement affectés à la protection rapprochée des hautes personnalités sénégalaises et étrangères en visite au Sénégal.

Selon Jeune Afrique, ce dispositif de sécurité, "service que rend Macky Sall à Adama Barrow, a dû être évoqué lors du coup de fil" entre les deux hommes juste après l'annonce des résultats. Les hommes que l'hebdomadaire affirme appartenir au corps d'élite de la gendarmerie sénégalaise seraient habillés en tenue civile et visibles au domicile d'Adama Barrow depuis le 5 décembre courant. 

Jeune Afrique va même plus loin en affirmant qu'un membre de la présidence sénégalaise lui aurait confirmé l'information que semble accrédité la thèse selon laquelle les plus hautes autorités de l'unique voisin terrestre de la Gambie assument l'information. "Nous avons un devoir d’appui et d’assistance pour assurer une transition pacifique et garantir la sécurité des nouveaux dirigeants gambiens, en particulier celle du président élu", aurait toujours affirmé la même source que cite Jeune Afrique. 

Mais ce matin la Gendarmerie nationale sénégalaise a diffusé une information démentant catégoriquement la présence des hommes du GIGN sur le sol gambien. "Aucun élément du Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN), en activité de service, n’est actuellement présent sur le territoire de la République Islamique de Gambie", affirme le Haut commandant de la Gendarmerie sénégalaise dans un communiqué dont le360 Afrique a obtenu copie. Selon lui, il s'agit "d'informations savamment fallacieuses et insidieusement distillées dans l’opinion". Il précise également que: "Aucun militaire retraité du GIGN n’opère actuellement sur le territoire gambien pour une quelconque mission de protection rapprochée au profit d’une autorité politique". 

Ce démenti pose alors deux questions. Y-t-il un cafouillage dans la communication présidentielle ou est-ce que l'hebdomadaire basé à Paris a-t-il voulu diffuser précipitamment une information? Difficile de répondre, cela n'aurait surpris personne que "ce service soit rendu", comme le prétend Jeune Afrique. 

Il faut, néanmoins savoir que sous le régime de Yahya Jammeh, les relations entre le Sénégal et la Gambie n'ont jamais été bonnes. La frontière a été fermée plusieurs fois. Le Sénégal soupçonne également Jammeh d'apporter régulièrement son soutien aux rebelles de la Casamance. De plus, la traversée de la Gambie qui est le chemin le plus court pour se rendre en Casamance à partir du nord du Sénégal n'a jamais été aussi difficile que sous l'air de Yahya Jammeh. Le Sénégal a cherché depuis plusieurs années à construire un pont sur le fleuve Gambie, entièrement financé par ses propres ressources, mais son voisin s'y a été toujours opposé, même si récemment les travaux ont enfin débutés. Lire l'article sur le360afrique.com

Par Mar Bassine Ndiaye
Le 15/12/2016 à 09h55