"Je ne ressens aucune fierté à l'idée que nous ayons dû bannir @realDonaldTrump", a-t-il tweeté mercredi, dans une série de messages où il revient sur la décision du réseau social de bannir indéfiniment le président sortant des Etats-Unis pour avoir encouragé les violences du Capitole.
C'est un "échec de notre part à promouvoir une conversation saine" et ce genre de mesures "nous divise. Elles limitent les possibilités d'expliquer, de se racheter, d'apprendre", a-t-il continué.
I do not celebrate or feel pride in our having to ban @realDonaldTrump from Twitter, or how we got here. After a clear warning we’d take this action, we made a decision with the best information we had based on threats to physical safety both on and off Twitter. Was this correct?
— jack (@jack) January 14, 2021
Twitter était le principal outil de communication du milliardaire républicain, qui s'en servait au quotidien pour s'adresser directement à ses 88 millions d'abonnés. Il a aussi été suspendu de Facebook, Snapchat, Twitch, et, depuis mardi, de YouTube pour une semaine. La plateforme de vidéos de Google faisait face à une pression croissante d'ONG et de personnalités.
Mais la décision du réseau des gazouillis est de loin la plus emblématique. L'ostracisation du chef d'Etat a été saluée par de nombreux élus, mais elle a aussi suscité des critiques d'associations et de dirigeants, comme la chancelière Angela Merkel, inquiets du pouvoir des entreprises technologiques.
"I regret very much that President Trump since November has not conceded his defeat, and not yesterday either."
— DW News (@dwnews) January 7, 2021
German Chancellor Angela Merkel says outgoing US President Donald Trump created an atmosphere that made the attack on the US Capitol possible. pic.twitter.com/W40noCCyK9
"Cela établit un précédent qui me semble dangereux: le pouvoir qu'un individu ou une entreprise a sur une partie de la conversation publique mondiale", admet Jack Dorsey dans ce monologue introspectif.
PurgeIl souligne que l'équilibre du pouvoir était respecté tant que "les gens pouvaient simplement aller sur un autre service, si nos règles et notre application des règles ne leur convenaient pas".
Mais "ce concept a été remis en cause la semaine dernière quand un certain nombre de fournisseurs essentiels d'outils sur internet ont aussi décidé de ne pas héberger ce qu'ils trouvaient dangereux", reconnaît-il.
"Je ne crois pas que c'était coordonné. Plus probablement: les sociétés sont arrivées à leurs propres conclusions ou ont été encouragées par les actions des autres".
En plus de sa mesure phare, Twitter a supprimé ce week-end 70.000 comptes affiliés à QAnon, une mouvance complotiste pro-Trump, impliquée dans l'invasion du Capitole qui a perturbé la cérémonie de certification de la victoire de Joe Biden mercredi dernier.
Quand Donald Trump a tenté vendredi de répliquer à la suspension de son compte personnel via le compte officiel POTUS (Président des Etats-Unis), à l'attention des "75 millions de patriotes" qui ont voté pour lui, ses messages ont immédiatement été retirés par le réseau social.
Lire aussi : États-Unis. Twitter suspend de "façon permanente" le compte de Donald Trump
"Utiliser un autre compte pour éviter la suspension est contre nos règles", avait alors expliqué un porte-parole de la société.
Facebook a de son côté entrepris de retirer tous les messages liés au slogan "Stop the steal" (Stop au trucage des élections), répandu par le président et ses fans depuis des mois.
PouvoirGoogle et Apple ont exclu le réseau social Parler de leurs plateformes de téléchargement d'applications. Amazon a enfoncé le clou en évinçant de ses serveurs le réseau conservateur, prisé des soutiens de Donald Trump, ce qui revient à le chasser d'internet.
Tous ces géants des technologies ont invoqué les risques de nouvelles violences pendant la semaine de l'inauguration. Les autorités américaines craignent en effet des débordements, au point que la plateforme de réservation de logements Airbnb a annulé mercredi toutes les réservations prévues à Washington la semaine prochaine.
Lire aussi : Vidéo. États-Unis: mis hors ligne par Amazon, le réseau social conservateur Parler porte plainte
Les propos de Jack Dorsey interviennent dans un contexte d'agacement, voire de colère, de la part des élus américains des deux bords. Ils reprochent à Twitter et à ses voisins de la Silicon Valley leur toute-puissance, aussi bien en termes de compétition économique que sur les données et le débat public.
Le procureur général du Texas Ken Paxton a ordonné mercredi aux grandes plateformes de s'expliquer sur leurs décisions "terrifiantes pour la liberté d'expression".
BREAKING: Today I launched an investigation into @Google @Facebook @Twitter @amazon & @Apple investigating their policies & practices regarding content moderation and for information related to Parler, a social media app terminated or blocked. https://t.co/yKjetiMGSX
— Attorney General Ken Paxton (@KenPaxtonTX) January 14, 2021
"Elles réduisent au silence tous ceux dont les vues et croyances politiques ne sont pas alignées avec les patrons des 'Big Tech'", a déclaré, dans un communiqué, ce fervent partisan de Donald Trump.
"Oui, nous devons examiner avec un oeil critique les incohérences de notre règlement. Oui, nous devons regarder comment notre service peut favoriser la distraction et faire du tort. Oui, nous avons besoin de plus de transparence dans notre modération des contenus", a néanmoins affirmé Jack Dorsey, dans l'intérêt d'un "internet libre, ouvert et mondial".
Yes, we all need to look critically at inconsistencies of our policy and enforcement. Yes, we need to look at how our service might incentivize distraction and harm. Yes, we need more transparency in our moderation operations. All this can’t erode a free and open global internet.
— jack (@jack) January 14, 2021