Egypte: nouvelle peine de prison à vie pour l'ex-président Morsi

L'ex-président Mohamed Morsi dans le box des accusés au tribunal du Caire, le 18 juin 2016.

L'ex-président Mohamed Morsi dans le box des accusés au tribunal du Caire, le 18 juin 2016. . AFP MOHAMED EL-SHAHED

L'ex-président égyptien islamiste Mohamed Morsi, destitué par l'armée en 2013, a été condamné ce samedi à une nouvelle peine de prison à vie alors que son mouvement est la cible d'une répression sanglante orchestrée par le régime du président Abdel Fatah al-Sissi.

Le 18/06/2016 à 17h46

Il s'agit de la quatrième condamnation contre Morsi, premier président démocratiquement élu d'Egypte, au moment où al-Sissi, l'ex-chef de l'armée qui l'a destitué, est accusé d'avoir instauré un régime ultra-autoritaire.

Mohamed Morsi, dirigeant influent de la confrérie des Frères musulmans, avait déjà été condamné à mort, à la prison à vie, et à vingt années d'incarcération dans trois affaires distinctes depuis son éviction en juillet 2013.

Dans l'affaire tranchée samedi, il comparaissait avec dix co-accusés pour le vol de "documents relevant de la sécurité nationale" et leur livraison au Qatar, selon l'acte d'accusation.

Il a été acquitté de l'accusation de livraison de ces documents par un tribunal du Caire, mais six de ses co-accusés ont été condamnés à la peine de mort, a constaté un journaliste de l'AFP présent au jugement.

"Les accusés ont mis en grand danger la patrie. Ils ne méritent pas moins que la peine de mort", a commenté le juge Mohamed Cherine Fahmy avant son verdict.

“Vol de documents secrets”L'ex-président, lui, a été reconnu coupable d'avoir "subtilisé des documents secrets concernant la sécurité de l'Etat", durant sa courte mandature d'un an, entre 2012 et 2013, a précisé son avocat Abdel Moneim Abdel Maqsoud à l'AFP.

Ces documents comprenaient, notamment, "des rapports extrêmement sensibles concernant l'armée, le déploiement de ses troupes et son armement", selon le parquet.Morsi et son directeur de cabinet, Ahmed Abdel Atti, étaient accusés d'avoir transmis ces documents au secrétaire personnel de l'ex-président, Amine El-Serafi.

Ce dernier les aurait fait parvenir à un responsable de la chaîne d'information qatarie Al-Jazeera et à un officier des renseignements qatari, via des intermédiaires, alors que le riche émirat gazier du Golfe était l'un des principaux soutiens de Morsi.

 Par la suite, le Qatar a condamné à plusieurs reprises la répression lancée par le régime de al- Sissi contre les pro-Morsi, notamment par le biais d'Al-Jazeera. Abdel Atti et Serafi ont tous deux écopé de la prison à vie. "Il n'y a aucune preuve contre les accusés", s'est insurgé Me Abdel Maqsoud, précisant qu'il allait faire appel du verdict.

Si Morsi a été condamné samedi à la prison à vie, qui équivaut à vingt-cinq années de détention en Egypte, c'est pour avoir dirigé une "organisation illégale", les autorités égyptiennes ayant classé "groupe terroriste" sa confrérie des Frères musulmans, a assuré l'avocat.

Journalistes condamnés à mortDans les semaines qui avaient suivi la destitution de Morsi, plus de 1.400 manifestants islamistes ont été tués. Des dizaines de milliers de personnes ont été emprisonnées et des centaines condamnées à mort dans des procès expéditifs dénoncés par l'ONU comme "sans précédent dans l'Histoire récente" du monde.

Parmi les six condamnés à mort de samedi, figurent trois journalistes jugés par contumace et accusés d'avoir servi d'intermédiaires, dont Ibrahim Mohamed Hilal, présenté par le parquet comme un rédacteur en chef de la chaîne d'information qatarie Al-Jazeera, ainsi que Alaa Omar Mohamed Sablan, présenté comme un journaliste de nationalité jordanienne de la chaîne.

Le 18/06/2016 à 17h46