Diapo. Coronavirus: l’Europe et les États-Unis dans la tourmente de la pandémie

DiaporamaL'Europe et les Etats-Unis se retrouvaient samedi en état de siège face au nouveau coronavirus qui a fait près de 28.000 morts dans le monde, au moment même où en Chine, Wuhan, point de départ de l'épidémie, commençait à sortir du confinement total.

Le 28/03/2020 à 15h31

Des membres de l'unité d'urgence militaire se préparent à désinfecter une résidence pour personnes âgées, le 28 mars 2020 à Madrid. . AFP

Faute de vaccin ou de traitement éprouvé contre la maladie de Covid-19, plus de trois milliards de personnes sont confinées de gré ou de force sur la planète.

En Italie, près d'un millier de personnes ont succombé en 24 heures, un bilan quotidien inédit pour un seul pays depuis le début de la crise. Après l'Italie (9.134 morts), c'est l'Espagne qui compte le plus de décès (plus de 5.690, dont 832 lors des dernières 24 heures). La propagation continue toutefois de ralentir dans la péninsule, suscitant l'espoir que les mesures drastiques de confinement prises il y a deux semaines donnent enfin des résultats, même si le pic n'est pas encore atteint.

Wuhan s'entrouve 

En Chine, la ville de Wuhan, où l'épidémie s'est déclarée en décembre, se rouvrait progressivement samedi après plus de deux mois d'isolement quasi total, avec l'arrivée du premier train de voyageurs autorisé depuis le confinement. "Elle s'est précipitée vers son père, je n'ai pas pu m'empêcher de pleurer", a raconté à l'AFP une passagère de 36 ans, une habitante de Wuhan, qui avec sa fille a retrouvé son mari, dont elles étaient séparées depuis dix semaines. Sur d'autres continents en revanche, le pire reste à venir.

Après avoir dépassé l'Italie et la Chine pour devenir le pays comptant le plus grand nombre de cas recensés, les Etats-Unis ont franchi la barre des 100.000 personnes contaminées, sur plus de 605.000 dans le monde. Le nouveau coronavirus y a fait à ce jour quelque 1.600 morts.

"Chemin de croix" 

Cette détérioration alarmante a conduit le président américain Donald Trump, après avoir promulgué un gigantesque plan de relance économique de plus de 2.000 milliards de dollars, à contraindre par décret le constructeur automobile General Motors à produire des respirateurs artificiels. Cette décision, prise en vertu d'une loi datant de la guerre de Corée (1950-1953), vise à répondre au manque d'équipement face à l'afflux croissant de patients dans les hôpitaux.

"Ils rationnent les équipements", a témoigné Diana Torres, 33 ans, infirmière en rééducation intensive dans un des hôpitaux du groupe Mount Sinai à New York, principal foyer de l'épidémie aux Etats-Unis. "Alors vous mettez un sac plastique sur votre combinaison pour la faire durer plus longtemps".

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"Il y a une pénurie de tout. Demander des choses basiques comme des gants, des thermomètres, du paracétamol ou du gel hydroalcoolique, ça devient un chemin de croix", a également déploré le footballeur espagnol Toni Dovale, qui a troqué ses crampons contre une blouse blanche dans une pharmacie de Galice (nord-ouest de l'Espagne).

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a prévenu que "la pénurie chronique mondiale d'équipements de protection individuels" pour les personnels soignants représentait une "menace imminente" dans la lutte contre la pandémie.

En France, cinquième pays le plus touché en nombre de morts (près de 2.000), le gouvernement a prolongé de deux semaines le confinement, soit jusqu'au 15 avril. "Il va falloir tenir", a prévenu le Premier ministre Edouard Philippe, mettant en garde contre "la vague extrêmement élevée" de la maladie qui "déferle sur la France". L'armée française a évacué samedi par hélicoptère de premiers patients de Metz (est) vers l'Allemagne.

La Grande-Bretagne, où le Premier ministre Boris Johnson a annoncé vendredi être contaminé, mais seulement avec de légers symptômes, se prépare également à une vague de patients dans les hôpitaux.

La Russie, dernier grand pays à n'avoir encore pris aucune mesure de confinement généralisé, a fermé à partir de samedi ses restaurants et la plupart de ses commerces avant une semaine chômée. L'Irlande, en revanche, est entrée samedi et jusqu'au 12 avril en confinement total.

"Survivre" 

Mais dans les pays les plus pauvres, notamment en Afrique subsaharienne, où les restrictions de déplacement compromettent les moyens de subsistance de populations qui vivent souvent au jour le jour, le confinement ne va pas de soi.

Ainsi à Lagos, capitale économique du Nigeria, et ville la plus peuplée du continent, où les autorités se contentent pour le moment de fermer écoles, lieux publics, bars et marchés non alimentaires, et de dispenser des conseils de rester chez soi, les règles élémentaires de "distanciation sociale" s'avèrent problématiques.

"D'ici lundi, mardi, dans quelques jours, tout le monde va ressortir de chez lui et faire ce qu'il à faire pour survivre", prédit Rotimi Oyedepo, vendeur de produits chimiques qui a dû fermer son échoppe sur ordre de la police.

Et dans un quartier déshérité de Johannesburg, la police sud-africaine a tiré samedi des balles caoutchoutées pour disperser plusieurs centaines de personnes qui se pressaient devant un commerce en violation du confinement. La ferveur religieuse complique également l'application de strictes mesures sanitaires.

Au Brésil, la justice a annulé vendredi un décret du président Jair Bolsonaro qui exemptait les églises, les temples religieux et bureaux de loterie des mesures de quarantaine imposées dans certains États, considérant ces services comme essentiels, au même titre que ceux des pharmacies ou des supermarchés. "L'accès aux églises, aux temples religieux et aux loteries encourage les attroupements et la circulation des personnes", a fait valoir le juge.

Dans le monde musulman également, ces mesures sont inégalement respectées. Si l'Iran, officiellement quatrième pays le plus touché en nombre de morts (plus de 2.500), a fermé ses principaux lieux de pèlerinage et suspendu les prières publiques, les mosquées ont connu l'affluence vendredi au Pakistan voisin, ainsi qu'en Indonésie.

Cauchemars 

Le confinement a aussi un impact psychologique en augmentant les niveaux de dépression, d'anxiété et d'autres problèmes de santé mentale, selon la Croix-Rouge. "La nuit, les cauchemars arrivaient, la mort rôdait", a témoigné Fabio Biferali, un cardiologue de 65 ans qui a passé huit jours "isolé du monde" dans l'unité de réanimation d'un hôpital de Rome.

Face à l'autre catastrophe, économique, qui se profile, la communauté internationale tente de mobiliser des sommes astronomiques. Outre les 2.000 milliards annoncés par les Etats-Unis, les pays du G20 ont promis cette semaine d'injecter 5.000 milliards de dollars pour soutenir l'économie mondiale.

L'Union européenne (UE) a elle renvoyé à dans deux semaines des "mesures fortes" contre le coronavirus, s'attirant la colère de l'Italie et de l'Espagne.

"Nous ne surmonterons pas cette crise sans une solidarité européenne forte, au niveau sanitaire et budgétaire", a dit samedi le président français Emmanuel Macron à trois journaux italiens, appelant à lancer des emprunts communs à toute l'UE, ce à quoi l'Allemagne s'oppose totalement.

Le tourisme est particulièrement touché, avec des dizaines de milliers de voyageurs bloqués par les perturbations des liaisons aériennes. Sur l'île indonésienne de Bali, des centaines d'entre eux, notamment français, ont commencé à être rapatriés.

Le 28/03/2020 à 15h31