Côte d’Ivoire: les priorités du président Alassane Ouattara en 2016

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Le président ivoirien Alassane Ouattara a évoqué au cours du traditionnel discours du Nouvel An les principaux chantiers qui seront engagés en 2016.

Le 04/01/2016 à 18h56

«L’année 2016 se présente sous les meilleures auspices» a lancé Alassane Ouattara à la tête d’un pays qui vient de traverser, il est vrai, une année plutôt faste.

Victorieuse de la Coupe d’Afrique des nations de football, le pays a consolidé sa position de principal producteur mondial de cacao avec 45% de l’offre mondiale (en plus des cours toujours en hausse), et a relevé le défi d’une élection présidentielle sans violence qui gage d’un contexte politique désormais apaisé. Le tout dans un environnement économique en forte croissance.

Aussi, le président a-t-il précisé ses priorités qui donnent le ton de son second et ultime quinquennat à la tête de la Côte d’Ivoire.

Panser les plaies des crises politiques

Le pays entend définitivement solder les différentes crises socio-politiques qui ont émaillé son histoire ces vingt dernières années. L’indemnisation des victimes entamée cette année avec 10 milliards de francs CFA inscrits au budget 2015 va se poursuivre. «J’ai donné des instructions afin que la liste consolidée des victimes des crises survenues en Côte d’Ivoire soit finalisée pour la fin du premier trimestre 2016 (…). Les paiements pour les réparations, qui ont déjà commencé (…) devront dès lors s’intensifier avec les montants additionnels prévus au budget 2016».

L’annonce vient contribuer à la décrispation politique avec la relance, en décembre dernier, du processus de rapatriement volontaire des réfugiés, estimés à un peu plus de 30 mille essentiellement présents au Libéria et au Ghana voisins, et la mise en liberté provisoire de personnalités politiques accusées de diverses infractions.

Finaliser la restructuration de l’armée

La restructuration de l’armée entamée aux lendemains de la crise post-électorale de 2010 va s’achever au cours de l’année avec le renforcement des équipements des forces de défense et de sécurité. Lesquelles sont parvenues à rétablir la sécurité intérieure, mais sont par moments harcelés par des bandes armées le long des frontières ghanéenne et Libérienne.

«Nous allons finaliser la restructuration de notre armée et renforcer les moyens de la gendarmerie et de la police. (…) Dans ce contexte, le gouvernement vient d’adopter un projet de loi de programmation militaire et un projet de loi portant programmation des forces de sécurité intérieure». Une approche dont l’objectif est d’«assurer la défense de la nation et de mieux répondre aux besoins de sécurité (…), en rationalisant l’ensemble des ressources affectées à la sécurité nationale».

Modifier la constitution

Le président Alassane Ouattara est revenu une fois de plus sur son projet de modifier la constitution ivoirienne en vue d’y extraire «les articles conflit gènes». «Notre pays doit se doter d’une nouvelle constitution qui tire les leçons de notre histoire» a-t-il signifié.

Est particulièrement visé l’article 35 qui stipule que tout candidat à l’élection présidentielle doit être de père « et » de mère ivoiriens de naissance. Une disposition qui avait servi de prétexte aux autorités d’alors pour rejeter sa candidature à différentes élections présidentielles (1995 et 2000) et qui est considérée comme l’un des principaux ferments des différentes crises politiques qu’a traversées le pays entre 1994 et 2010.

«L’avis du peuple sera donc sollicité, à travers un référendum, (…). Cette réforme visera également à adapter notre constitution à l’évolution de notre société et à assurer une plus grande cohérence au niveau des Institutions », a-t-il soutenu.

Créer plus de richesses

«Grâce à la diversification de notre économie, nous sommes aujourd’hui l’un des pays qui enregistre la plus forte croissance économique en Afrique et dans le monde, avec un taux de croissance d’environ 9 % par an au cours de ces quatre dernières années» a indiqué le président de la République.

Une économie qui profite s’un secteur agricole d’exportation dynamique – avec la bonne tenue des cours mondiaux du cacao et de l’anacarde pour lesquels le pays est le premier producteur mondial – et qui va enregistrer de nouvelles réformes au profit d’autres filières. «(…) nous entreprendrons au cours de cette année 2016, des réformes dans le secteur de l’hévéa et du palmier à huile, en vue de garantir de meilleurs revenus aux producteurs».

Cependant, le pays entend «passer à une autre étape pour créer plus de richesses, générer plus d’opportunités et encore plus d’emplois». «Nous devons encourager, a poursuivi le président Alassane Ouattara, la transformation de nos produits agricoles et stimuler la production industrielle, pour mieux intégrer notre jeunesse au monde de l’emploi».

Ce qui passera entre autres par un soutien accru d’une part de nouveaux secteurs « porteurs de croissance tels que les énergies renouvelables, les technologies de l’Information et de la communication», et d’autre part aux « entrepreneurs nationaux, inventeurs et créateurs nationaux (…) afin de générer plus de croissance mais également de réduire le chômage des jeunes», a-t-il promis.

Autre point évoqué, une «meilleure redistribution des fruits de la croissance » sur les quatre prochaines années par l’accroissement des dépenses pro-pauvres. «A cet égard, nous allons, dès cette année 2016, lancer un programme de soutien aux personnes les plus défavorisées, pour leur permettre d’avoir accès aux services sociaux de base pendant qu’elles sont à la recherche d’une activité rémunératrice».

«L’année 2016 et les prochaines années seront celles de l’émergence de notre pays. (…). Elles seront sans nul doute, des années de paix, de travail et de bonheur » a conclu, plus qu’optimiste, Alassane Ouattara.

Par Georges Moihet
Le 04/01/2016 à 18h56