Côte d’Ivoire: les langues se délient dans le procès de l’assassinat du général Guéï

Robert Guéï. 

Robert Guéï.  . DR

Les langues commencent-elles à se délier à la faveur du procès de l’assassinat du général Guéï ? Alors qu’il apparaissait jusque-là comme un parfait inconnu dans cette affaire, l’adjudant Kouadio Kouadio alias «Gino», dirigeant l’équipe qui a arrêté Robert Guéï, indexe le commandant "Séka-Séka".

Le 26/01/2016 à 17h48

Informé de la présence de l’ex chef d’Etat-major de l’armée ivoirienne dans les locaux de la cathédrale Saint Paul d’Abidjan, au «sous-sol», «Gino» et ses hommes vont le dénicher et le remettre au général (alors lieutenant-colonel) Dogbo Blé, à l'époque commandant de la garde présidentielle, et au capitaine Anselme Séka, alias «Seka Seka», aide-de-camp de Simone Gbagbo.

Embarqué par ces derniers dans un véhicule de la gendarmerie «vers 13 heures», le général Guéï sera retrouvé assassiné, ainsi que son aide de camp Fabien Coulibaly, aux abords de «La Corniche», une voie menant au quartier résidentiel de Cocody.

Revenant sur l’assassinat de l’épouse de Robert Guéï et de plusieurs employés de maison, «Gino» reconnaît également avoir mis la main sur Rose Doudou Guéï au domicile du couple, non loin de la cathédrale. «J’ai pris la femme du général Guéï pour l’amener à Dogbo Blé et Séka Séka», a-t-il soutenu. «La femme du général Guéï se plaignait d’une douleur au pied. Le temps que je retourne à la résidence chercher une chaise pour elle, j’ai entendu deux coups de feu (…). J’ai crié 'qui a fait ça ?' Dogbo Blé m’a répondu: c’est le fou de Séka Séka», rapporte le quotidien Fraternité Matin.

Plusieurs fois cité dans des affaires sombres, notamment d’avoir dirigé les «Escadrons de la mort», une «nébuleuse» accusée d’avoir mené des assassinats ciblés de personnes soupçonnées être proches de la rebellion armée - qui a pris forme après l’échec du coup d’Etat de septembre 2002 -, «Séka Séka» jouit d’une réputation sulfureuse. Il était considéré comme un des hommes clés du système sécuritaire du régime de l’ex-chef d’Etat Laurent Gbagbo.

Ce sont au total dix-neuf personnes qui sont dans le box des accusés, poursuivis pour assassinat et complicité d’assassinat. Le procès entre ainsi dans une phase décisive.

Accusé de tentative de coup d’Etat en 1995 avant d’être déchu de titre de chef d’Etat-major de l’armée ivoirienne puis mis à la retraite, le général Guéï avait pris le pouvoir à la faveur du premier putsch qu’allait connaître la Côte d’Ivoire le 24 décembre 1999.

Chassé du pouvoir par une insurrection populaire en octobre 2000, après une élection à laquelle il s’était présenté, le général avait rejoint les rangs de l’opposition depuis lors. Le parti qu’il a créé, l’UDPCI (Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire), fait actuellement partie de la coalition au pouvoir.

Par Georges Moihet
Le 26/01/2016 à 17h48